vendredi 30 novembre 2012

L'ALLOCUTION DE TARTOUR

Article paru dans : Kapitalis

L'ALLOUCATION DE TARTOUR A LA TV (sur NESSMA) :
suite aux évènements de Siliana.

Celui-ci ne sort de sa tanière, pardon du palais de Carthage, que lorsque le pays est à feu et à sang !
Et pour dire quoi ? Des banalités dans une phraséologie impeccable qu'il maîtrise bien, mais pour dire des banalités pour  faire sa pub pour les élections à venir ! 

Qu'a dit cette fois-ci Tartour ? :
- Il reconnait que le gouvernement a failli sur toute la ligne .... mais il reste toujours solidaire avec Jebali et son équipe !
- Il reconnaît que les promesses d'Ennahdha étaient excessives et ont suscité trop d'espoir !
- Mais, dit-il, il n'y a pas de baguette magique : il faut attendre ... Mais promettre ce que l’on sait ne pouvoir tenir c’est tout simplement de la démagogie et du populisme et il y a sciemment participé.
- Il réitère les demandes de l’opposition et de l’UGTT de formation d'un gouvernement restreint, voir de technocrates !
- Il recommande que les nominations ne se fassent plus entre copains mais selon un critère de compétence !
- Les évènements de Siliana aussi déplorables qu'ils soient ne doivent pas dégénérer, sinon c'est le chaos pour tous, mettant en garde ainsi les contre révolutionnaires qui voudraient les exploiter  !
- Car si le gouvernement sombre, c'est tout le pays qui sombrera avec lui !
- Il exhorte le gouvernement de se "reprendre" et de changer de politique ! 
Rien que çà !!!
- puis un petit rappel pour faire diversion, à propos des anciens du RCD et de leur impunité pour laquelle le gouvernement n'a toujours rien fait ... 
- Et bla-bla-bla ... et bla-bla-bla .....

Et que propose-t-il ? : 
La constitution d'une commission d'enquête, technique bien rodée pour enterrer les problèmes et les dossiers avec …. et gagner du temps !

Et l'on remarquera qu'il ne condamne pas, mais alors pas un mot,
 le tir à la chevrotine à plomb sur la population, arme interdite selon les conventions internationales mais cadeau de son ami l'émir du Qatar ! 
Alors que  des condamnations unanimes s'élèvent dans le monde :
Le ministère des affaires étrangères français par la voix de Laurent Fabius, le parti socialiste français ; le Maire de Paris, Bertrand  Delanoé, ami de la Tunisie et l'ONU … ont tous condamné la sauvagerie du gouvernement Ghannouchi sur des manifestants pacifiques ! 

Il fallait, cela aurait été un minimum, que Moncef Marzouki, ce prétendu défenseur des droits de l'homme, condamne fermement et exige la démission du ministre de l'Intérieur sinon celle du chef du gouvernement lui même, responsables tous deux de cette répression comme ils ont été déjà responsables d'autres dérives. Au lieu de cela : pas un mot ! Mais toujours solidaire de ce gouvernement,  bien qu'il ait déjà, dans un passé récent, comparé les méthodes d’Ennahdha à celle du RCD !!

- En gros Tartour sort une nouvelle fois son carton .... jaune pour le gouvernement ! 
Lui qui assurait ses électeurs qu'il sera le gardien des "valeurs" et qu'il empêcherait son grand frère Ghannouchi de franchir la ligne jaune ! Pourtant toutes les lignes jaunes ont été franchies et les rouges aussi ...sans qu'il n'ait levé le petit doigt ou timidement; pour sortir de sa torpeur aujourd'hui avec un discours qui rappelle celui de ZABA en fin de parcours la veille de son "dégagement" et pour brandir en tremblotant un simple carton jaune !!

Moncef Marzouki croit habile de se démarquer du gouvernement en reconnaissant les fautes commises par ce dernier et en demandant la nomination de ministre plus compétents. Mais c'est une simple posture à laquelle personne ne peut croire. 
Moncef Marzouki a déjà  dans le passé condamné les agissements du pouvoir et d'Ennhadha qui le domine (on se souvient de sa lettre au Congrès du CPR) mais il laisse son parti apporter son appui à l'existence même de la troïka, pour voter et défendre les résolutions qu’impose Ennahdha !
S’il était sincère et efficace, il demanderait au CPR de ne pus soutenir ce pouvoir.
Autrement dit, il parle mais ne tire jamais les conclusions politiques de ses critiques. 
Cela s'appelle de la duplicité !
Cela s'appelle se moquer des Tunisiens et, soyons en sûrs, ils s'en souviendront.

Décidément, lui et sa bande de troïka se croient indispensables pour la Tunisie, bien qu'il admette qu'ils n'ont rien fait pour répondre aux objectifs de la révolution ! Non seulement ils sont inefficaces sur le plan économique et social malgré leurs promesses mais ils veulent, en plus, transformer le mode de vie des tunisiens en faisant devenir le pays une colonie du Qatar

La réalité est qu'il est plus que temps que les tunisiens dégagent cette troïka de malheur et le Tartour avec, puisqu'il est toujours solidaire de Ghannouchi !

Ils ont failli !
En 14 mois ils ont montré leurs "compétences" ...
La Tunisie peut se passer d'eux, et doit se passer d'eux pour ne pas sombrer totalement !

D'autant qu'ils ont perdu leur légitimité pour avoir donné l'ordre de tirer sur le peuple.
Légitimité, faut-il le rappeler, qui leur a été accordée par l'UGTT et l’Opposition sous « conditions » ... qu'ils n'ont jamais respectées; et ce contre la volonté des tunisiens qui s'apprêtaient à les dégager le 24 octobre dans le cas où ils voudraient jouer les prolongations au delà du mandat de UN AN convenu !

Stop au mépris de Hammadi Jebali qui refuse de prendre ses responsabilités vis à vis de ses collègues de l'ANC, pour leur rendre compte de son action et de celle de ses ministres dont celle d’Ali Larayedh qui aurait du maintes fois être démis de ses fonctions pour mauvaise gestion de son ministère ! 
Car Hammadi Jebali les critique mais leur préfère la presse à laquelle il remet des communiqués laconiques où la langue de bois le dispute au mensonge !

Stop au sarcasme de Samir Dilou quand il nie l'évidence, ou cynique, nous précise que ceux qui sont atteints de plombs de chevrotines ne seront pas aveugles mais uniquement borgnes ... comme l’assassinat politique  de Tataouine où la mort de Lotfi Naguedh, représentant de Nida Tounes, a été transmué en crise cardiaque par Samir Dilou et ses amis 

Ce gouvernement n'est ni indispensable ni irremplaçable !! Il est dommageable pour le pays.

Il faut que ce gouvernement DÉGAGE !

Rachid Barnat


jeudi 29 novembre 2012

LE DRAME DE SILIANA

Article publié dans : 

SILIANA ET SON DRAME, EN CHIFFRE :

- Un millier de manifestants pour la plupart des chômeurs dont beaucoup de diplômés, manifestaient pacifiquement pour que le gouverneur réponde à leur inquiétude...
- ils l'accusent d'abus de pouvoir, de "clientélisme",
- ils demandent où sont passés les 70 % du budget alloué à Siliana, déjà "dépensé" alors que
- les habitants de Siliana ne voient aucune trace des supposées dépenses dans Siliana !
- ils contestent le chiffre annoncé par le ministre du travail : 15 % de chômeurs uniquement ! 
Statistiques évidemment fausses puisque faite par l'Etat pour l'Etat !
- ils demandent que le gouverneur juge ou relâche les détenus provisoires .... depuis avril 2012 !
- les manifestants demandent que le gouverneur parachuté par Ennahdha, soit démis de ses fonctions,
- le gouverneur, neveu du premier ministre Hammadi Jbali, refuse de les recevoir et donne l'ordre, avec l'accord du ministre de l'intérieur et de son oncle Jbali, de tirer sur la foule ,
- à balles réelles,
- à balles de chevrotine, comme s'ils tiraient sur des bêtes, alors que ce type d'arme est interdit par les organisations internationales, et qui fut utilisée au Bahreïn pour disperser les manifestant. Ce qui en fait une technique d'importation des pays du Golfe, cadeau du Qatar !
- à balles en caoutchouc,
- avec des bombes lacrymogène,
- certains des manifestants sont poursuis jusqu'à chez eux, et même
- à l'intérieur de leurs maisons, la police a continué à tirer avec les fusils ....
200 blessés, dont
- 14 atteints aux yeux par les chevrotines, avec risque de cécité pour certains.
- toutes ces exactions ont été commises par les hommes d'un contingent venu de l'extérieur en renfort pour  la police et la gendarmerie de Siliana, dont les hommes n'ont pas participé au bain de sang, affirment-ils dans un communiqué.

En somme, Ghannouchi fait un test grandeur nature à l'échelle de cette bourgade, pour savoir jusqu'où il pourra aller pour mater les tunisiens, dans une nouvelle épreuve de FORCE pour conserver le pouvoir !

Le neveu de Jebali, gouverneur de Siliana, refuse de se démettre,
Et son oncle Jebali, annonce que s'en est fini du slogan "DÉGAGE", terme symbole du 14 janvier, devenu symbole des révolutions du printemps arabe et bien au-delà ! 
Il ne veut plus l'entendre !
Il n'admet plus que les tunisiens demandent aux indésirables de "dégager" ! Oubliant qu'il doit son poste à ce fameux slogan par lequel les tunisiens ont dégagé son prédécesseur !
Il assure que pour démettre son neveu, il faut qu'il soit démis en premier !!

Voilà la réalité des islamistes au pouvoir !
Le cauchemar ZABA que les tunisiens ont cru derrière eux depuis le 14 janvier 2011, revient, réactualisé par Ghannouchi et ses hommes ! 
En pire, puisque ce que ZABA a mis des années à installer dans l'esprit des tunisiens, Ghannouchi et ses hommes, pris par le temps, le font en accéléré : " INSTALLER UN CLIMAT DE TERREUR " !!! 
En perspective des élections à venir, pour s'assurer de conserver le POUVOIR !!!!
Népotisme et despotisme, les deux mamelle des dictateurs ! Autrement selon quel critère les gouverneurs nahdhaouis sont-ils choisis ? A l'évidence c'est le gouvernement des copains et des coquins, la compétence en moins !

Décidément, les marchands du temples sont prêts à TOUT !
Pourtant, Ghannouchi et ses hommes ne cessent de narguer les tunisiens en se gargarisant de vocables :
- démocratie,
- liberté,
- dignité,
- légitimité,
- moralité,
- honnêteté ....
Toujours de belles paroles, croyant pouvoir continuer à berner les tunisiens !
Dans un pays démocratique, ce gouverneur aurait sauté sans délai et son responsable hiérarchique aussi en l’occurrence Ali Larayedh ministre de l'intérieur ! Est-ce ainsi que les "démocrates" islamistes, respectent les règles démocratiques ? 

Siliana leur a montré qu'ils se trompent et que les tunisiens résisteront et au besoin les dégageront !
Bravo aux enfants de Séliana ! 

Et dire qu'en ce moment Marzouki et Ghannouchi sont entrain d'être honorés par la grande institution anglaise : Chatham House !
Grotesque !

Encore une institution célèbre qui doit être corrompue par le Qatar et ses pétro dollars, puisque la cheikha Mouza, femme de l'émir a été distinguée en 2007 par cette auguste institution, qui se déshonore en accordant un tel honneur à deux individus qui font tout pour empêcher les tunisiens d'accéder à la DÉMOCRATIE et dont le pouvoir tire sur son peuple !
Lamentable !

L'opposition se contente de manifester devant le ministère de l'intérieur pour exiger la démission sans délai du gouverneur de Siliana; alors que le gouvernement a perdu toute sa légitimité d'avoir autorisé de tirer à balle réelles sur le peuple !
C'est la démission du ministre de l'intérieur que l'opposition doit exiger voir même du premier ministre !
C'est ainsi que les choses se passent dans les pays démocratiques ! 

Rachid Barnat

PS : Hammadi Jbali nie tout lien de parenté avec le gouverneur de Siliana. Il prétend découvrir son nom seulement à l'occasion des évènements dramatiques qui ont touché cette ville.
Qu'un premier ministre ignore le nom d'un gouverneur qu'il est sensé avoir nommé puisque parachuté depuis peu par son parti, trahit son amateurisme ou son mensonge !
Or les dénis se sont multipliés quant à la parenté de Khedher avec Ghannouchi ... jusqu'à ce que cela se confirme auprès des tunisiens qu'il s'agit bien du neveu de Ghannouchi, préposé à imposer les décisions de son oncle à l'intérieur de l'ANC !
Un parti qui pratique le mensonge, la langue de bois et le double langage : peut-il être encore crédible ? 

mercredi 28 novembre 2012

Qui a peur de Béji Caid Essebsi ?


Par Faïza Ellouze 

Rached Ghannouchi, a compris que le profil rassembleur du nouveau parti qu’est " Nidâ Tounes ", en plus du charisme de son leader, Béji Caïd Essebsi, constituent un réel danger pour Ennahdha et pour la troïka. 

C'est pourquoi Rached Ghannouchi s’est juré d’écarter de la course Béji Caïed Essebsi. 
Pour cela il invoque l'argument bateau « protection de la révolution » pour faire pass
er ses projets. Et quoi de mieux que de mettre à contribution l'ANC pour lui concocter une loi qui écarterait BCE ?!

Or les 86 ans de Béji Caïd Essebsi ne l’ont pas empêché d’être un ennemi redoutable des islamistes d’Ennahda, l’unique à pouvoir leur damer le pion selon les observateurs. 
L’ex-Premier ministre de la transition est parvenu en quelques mois à réunir autour de lui un bon nombre de politiciens de qualité ayant roulé leurs bosses dans la société civile ou dans les sphères flirtant avec l’ex-RCD au pouvoir sans lui appartenir vraiment. 

Ainsi gravitent autour de BCE des éminences grises diplômées des grandes universités de Tunisie et d'ailleurs, des personnalités de la société civile ayant participé à la lutte contre Ben Ali, en plus de toutes les sphères des milieux d’affaires, notamment les éclairés parmi eux. 

Ce savant mélange a réussi à drainer de larges segments de la population dans toutes les régions de la Tunisie. Il suffit de jeter un oeuil sur les locaux de "Nidâ Tounes" et sur la logistique de l'organisation de ses meetings, pour comprendre la popularité du mouvement et la puissance d’argent qu’il y a derrière.

1°/ Essebsi fait peur aux islamistes !

En plus « Bajbouj », comme aiment à l’appeler le commun des Tunisiens, a mené à bon port la première phase de la transition démocratique en Tunisie, ce qui a renforcé son capital sympathie auprès de la population. 
Laquelle sympathie a été acquise durant un parcours de militant dans l’école du leader historique Habib Bourguiba que Béji Caïd Essebsi, tout en le vénérant, n’a pas manqué de critiquer sur la question de la démocratie politique. 
Cette lutte pour la démocratie était à l'origine de la fâcherie de BCE avec Bourguiba; et plus tard, avec Zine El Abidine Ben Ali, qu'il a quitté depuis 1991.

Si BCE a joué franc jeu avec les islamistes à qui il avait remis le pouvoir du 23 octobre; cela ne l'a pas empêché dés le 26 janvier 2012, de rappeler à l'ordre la troïka gouvernante en lui rappelant, dans une lettre ouverte, qu’une feuille de route est nécessaire pour la réalisation des objectifs pour lesquels la Constituante a été élue, notamment la rédaction de la Constitution et la préparation des conditions nécessaires pour les prochaines échéances électorales, et clore ainsi la deuxième phase du processus électoral. 

Ensuite, BCE a commencé à réunir autour de lui les franges politiques et syndicales modérées et éclairées, qui demandent un agenda et des dates précises pour la clôture de cette deuxième phase de la transition.

Finalement, BCE a annoncé le 16 juin 2012 la création de son parti, "Nidâ Tounes", qui a obtenu son visa le 6 juillet 2012. 

En quelques mois, ce parti est déjà crédité d’un taux d’intention de vote proche de celui des islamistes d’Ennahdha. 
Il y a de quoi perturber la sérénité de Rached Ghannouchi, qui machiavélique, va recourir à la loi, stratégie légale mais qui ne dupe personne !! 

Ce projet de loi prévoit d’écarter pendant 10 ans toute personne ayant travaillé avec Ben Ali entre le 2 avril 1989 et le 14 janvier 2011 dans la haute sphère du pouvoir politique; et ce à partir de la promulgation de la loi. 
On peut se demander : Pourquoi maintenant ?

2°/ Hors d’état de nuire…

Selon le politologue Néji Jalloul : 
« Il s’agit d’une manœuvre de rétorsion d’Ennahdha contre Nidâ Tounes, notamment contre son leader Béji Caïd Essebsi, qui ne cesse de monter dans les sondage ». 
« Ennahdha est consciente que Nidâ Tounes tire sa force du charisme de son président fondateur. Les islamistes essaient donc de lui faire barrage par tous les moins possibles », a poursuivi le politologue.

Il y a lieu de noter que la quasi-majorité des citoyens garde une sympathie évidente pour BCE et ne garde que de bons souvenirs de son passage au premier ministère. 
N’est-il pas l’un des principaux artisans de la réussite des élections du 23 octobre 2011 ?

Mais ce projet, malgré une majorité certaine à la Constituante, risque de rencontrer des réactions violentes dans les sphères politiques. 
L’élue du bloc démocratique, Nadia Chaâbane, s’est indignée contre le principe même de cette loi qu’elle juge antidémocratique :
« Cela fait un an qu’ils sont au pouvoir et il n’y a toujours rien concernant la Justice transitionnelle. 
Pourtant toutes les problématiques soulevées par ce projet relèvent de la justice transitionnelle. 
Mais il semble qu’il y ait une volonté d’installer plutôt une justice transactionnelle », a-t-elle déclaré.
Et la députée d’ajouter que seuls : « les sionistes et les nazis ont eu recours aux sanctions collectives ».

Comme si les contretemps pour la rédaction de la Constitution et l'organisation de la transition ne suffisent pas pour occuper la scène politique, Ennahdha en rajoute une louche avec ce projet inique de loi d’exclusion. 
Histoire d’occuper sûrement ses adversaires pendant quelques mois !
Tactique déjà usitée par ce parti !!

mardi 27 novembre 2012

Et maintenant, qu’allons-nous faire ?



Avocat à la Cour de Paris.

La responsabilité de H.ABBASSI de l’UGTT et de BCE de NIDA TOUNES est totale depuis l’occasion ratée du 23 octobre 2012, où l’opposition et l’UGTT ont prorogé le mandat des constituants parvenu à son terme, sous « conditions » ; dont la dissolution des comités de protection de la révolution et la désignation à la tête des ministères régaliens (Intérieur, Justice, Affaires étrangères) d’hommes « neutres » ou mieux des technocrates !
Assumeront-ils leur responsabilité pour exiger le respect de leurs conditions auprès des constituants et plus particulièrement ceux de la troïka qui forment l’actuel gouvernement ? Ne pas le faire c’est se dé-crédibiliser auprès des tunisiens et ce serait dramatique.

Car une fois de plus ENNAHDHA sort victorieuse du bras de fer d’avec une majorité de tunisiens, d’associations civiles et de partis de l’opposition, par défaut !
A cause des forces de l'opposition démocratiques et modernistes qui, occupées par leurs petits calculs politiques de boutiquiers, ont laissé passer cette occasion de rappel à l’ordre d’un gouvernement à la dérives et d’une constituante qui n’a pas rempli son contrat ; entamant encore plus le moral des tunisiens qui n’était déjà pas brillant !

La tragédie électorale du 23 octobre 2011, avec la dispersion mortelle des partis progressistes, qui
avait meurtri les cœurs et les esprits, ne semble pas avoir provoqué l’électrochoc attendu !
La Tunisie est dans l’impasse !

L’espoir né du 1er mai 2012 par l’UGTT, s’est évanoui le 23 octobre 2012, pour laisser place aux barbelés, en ce jour d’anniversaire, dans le silence des rues assiégées par les forces de l’ordre, au relent de gaz lacrymogène pour disperser la dizaine de militants du front populaire désespérés, regroupés sur la place Mhemmed Ali, en quête d’inspiration et d’énergie pour rallumer une révolution asphyxiée, par la faute de chefs qui ne pense qu’à leur ego !

Et pourtant, le rapport de force réel est du côté des modernistes, tout au moins équivalent à celui de la troïka, selon certains sondages, mais aussi selon les déclarations des Nahdhaouis eux-mêmes.
La troïka et  leur tête Ennahdha, ont tout fait pour perdurer leur victoire aux élections du 23 octobre 2011. Tous les hommes et toutes les femmes de la troïka n’ont cessé de ruser et de trouver les « astuces » pour jouer les prolongations et repousser leur légitimité au delà d’un an comme convenu et paraphée par 11 partis le 15 septembre 2011, dont Ennahdha. Pour cela ils essaieront d’étouffer les voix des opposants, chercheront à débaucher quelques membres des partis de l’opposition, ne se gêneront pas pour s’allier les services des anciens du RCD dans un racolage sans scrupules, ni moralité de la part d’un parti qui se veut le chantre de la moralité !

Depuis les évènements du 9 avril 2012, les partis démocrates et les organisations de la société civile ont réalisé qu’ils devaient faire face, désormais, à une nébuleuse islamiste, dont le visage politique est la NAHDHA, avec des ramifications internes et des tentacules étrangères.
Un carrefour de méprises, où serpentent les politiciens des forces démocratiques jusqu’à se mordre la queue pour certains d’entre eux, « tentés » par Ennahdha, jusqu’à la déconfiture dans la ruée désordonnée vers la constituante pour se retrouver minoritaires, sous la coupole du Bardo.

L’espoir est revenu, mais de courte durée, depuis que BCE a tourné le dos à l’Appel du 20 avril 2012 ! L’enthousiasme de l’Appel de la Patrie de la première heure s’est évaporé dans des choix partisans.
Le fort de la résistance patriotique s’est transformé, sous les coups des islamistes, en une grotte de couleuvres et de malfaiteurs.
BCE, d’un sauveur salvateur, se retrouve victime, allant jusqu’à plaider sa cause auprès des ambassadeurs en Tunisie. 
L’illustre Bourguiba, lui, savait que le leadership sur le front intérieur détermine les paramètres des alliances et celui du soutien extérieur. Un moment, BCE avait le pays en main ! Un instant magique de l’histoire, qu’il n’a pas su saisir ! Il faudra ramer pour retrouver une porte de sortie.

Avec l’UGTT, l’espoir fut fugace ! Un premier mai 2012, un authentique « printemps tunisien » aurait pu avoir lieu, mais ce n’était pas inscrit dans une volonté pour redresser le processus de la révolution !
La Centrale Syndicale abandonne le pays aux fourberies des partis politiques, sous prétexte d’ « incapacité des partis politiques de s’entendre entre eux ». Un abandon de la révolution, un déni patriotique de la part de l’UGTT incompréhensibles de la part d’une telle organisation au passé glorieux.

L’actuelle direction de l’UGTT, se remue, enfin !
La veille de l’anniversaire du 23 octobre, sous l’appel insistant de ceux qui croient encore qu’elle est la seule force nationale capable de redresser le cours des choses, elle relance l’initiative du consensus national autour des objectifs de la révolution, mais, une fois de plus, sans autorité ni conviction pour assumer ses responsabilités historiques, alors que l’avenir de la nation est en danger.

Résultat, l’UGTT a offert par sa passivité une porte de sortie inespérée au gouvernement, et sans contrepartie, discréditant du coup le prestige et l’autorité de l’organisation, pour se résigner à des revendications peu populaires quand le peuple a en premier le souci de sauver la nation.
La direction actuelle est mutilée par une mentalité d’opposition de gauche sociale, de quémandeurs et non de conquérants, réduite à son rôle politique historique, incapable d’assumer les revendications salvatrices pour le pays, alors qu’elle était la matrice de la révolution et comme telle ses revendications sont légitimes ; pour abandonner son rôle aux apprentis sorciers et à l’amateurisme des politiciens !
Elle est incapable d’intérioriser qu’elle est encore la seule force légitime capable de sauver le pays.

Décidemment, BCE n’est pas Habib Bourguiba, et Hassine Abbassi n’est pas Farhat Hached ni Habib Achour du 26 janvier 1978, qui, avec l’esprit de combativité de F.Hached et la fibre Bourguibiste, aurait pris le contrôle de la nouvelle Tunisie après le 14 janvier 2011, et tout au moins imposer le sceau de son visa sur toutes les grandes décisions concernant l’avenir du pays.

L’actuel secrétaire général de l’UGTT se comporte comme un observateur de la chose politique nationale, on dirait un surveillant général et non pas un leader d’une aussi prestigieuse organisation. Dans un moment historique aussi déterminant pour l’avenir de la Tunisie, il ne prend pas ses responsabilités selon la tradition des chefs charismatiques de l’organisation. Il rejette la responsabilité sur la mésentente des partis politiques, alors que justement, le rôle de l’UGTT, c’est de transcender la logique partisane pour prendre de la hauteur dans l’intérêt suprême de la nation.

Il n’est pas trop tard, tant qu’il y aura de la bonne volonté. L’UGTT à le devoir historique de mobiliser ses forces et ses alliances pour relancer son initiative, sauver son honneur et son autorité.
La trêve dont a bénéficié la Troïka n’a pas abouti. Aucune feuille de route crédible n’a été fixée.
Si elle ne le fait pas, l’initiative de l’UGTT n’aurait servi que la contre révolution.
Or dés le 24 octobre, la troïka victorieuse grâce à son coup de bluff, est redevenue arrogante jusqu’à refuser de respecter les conditions qui lui ont permis de bénéficier d’une prolongation de sa légitimité au de-là de la fin de sa légitimité ; puisque Ghannouchi lui-même refusera la dissolution des comités pour la protection de la révolution, arguant qu’ils tirent leur légitimité du peuple !
Et ses soldats tour à tour refuseront que les ministres régaliens soient changés !
En somme un camouflet pour l’UGTT ! Et un statu quo pour la troïka avec une illégitimité « légitimée » par l’UGTT sans aucune contre partie, ni aucune garantie !!

Il est temps que l’UGTT se positionne et prenne de la hauteur avec une posture nationale pour donner des messages clairs sur sa position et ses priorités, de se réaffirmer face à une troïka devenue plus arrogante que jamais et dont la faillite n’est plus un secret pour personne !
Qu’elle prenne des mesures sociales telle que suspendre totalement ou partiellement les revendications sociales pour ceux qui ont un emploi stable et se concentrer sur le développement des régions les plus démunies en donnant la priorité aux demandeurs d’emploi, voir organiser la solidarité de ceux qui ont un minimum avec ceux qui n’ont rien, soutenir l’organisation patronale contre le gouvernement pour clarifier la situation des investisseurs nationaux et les libérer du chantage odieux exercé sur eux par les islamistes au pouvoir.

Sans l’organisation d’une justice transitoire avant les prochaines élections pour trancher définitivement la question relative aux anciens du RCD, BCE et ses partisans resteront à la merci des islamistes qui ne cachent plus leur jeu avec le projet de loi « fait sur mesure » pour écarter BCE de la course aux élections prochaines. Stratagème du stratège Ghannouchi qui veut éliminer ainsi un concurrent sérieux !
Cette loi, est un scandale démocratique et la société civile doit se battre contre une telle dérive et en appeler s'il le faut à l'opinion internationale. En tant que juriste je dis que seule la justice peut écarter des personnes de la vie citoyenne et pas une majorité partiale.

La France aussi a été confrontée après la libération à un problème similaire. Pour le résoudre, elle a crée un délit dit "d'indignité nationale", laissant au tribunaux la charge de l'appliquer. Encore faut-il que la justice tunisienne soit indépendante ! 

Les islamistes sont capables de tout pour se maintenir au pouvoir, ils ne respectent pas la parole donnée aux mécréants, comme les colons ne respectaient pas la parole donnée aux indigènes.
La solution pour BCE serait de renforcer l’initiative de la Centrale Syndicale avec le soutien des forces du centre et de gauche, pour inscrire la question de la justice transitoire dans la priorité de l’initiative et demander l’arbitrage de l’UGTT et toutes les autres organisations de la société civile, notamment l’ordre des avocats, LTDH, l’UTICA.

La solution pour la Tunisie, ne pourra être trouvée, principalement, que dans un cadre Tuniso- tunisien ! Bourguiba a fait de l’alliance avec l’UGTT une stratégie, dans les moments les plus difficiles de son combat avant et après l’indépendance, il avait le réflexe de « la place Mhemmed Ali » (siège de l’UGTT).
Enfin, la Tunisie ne représente pas un enjeu économique et financier important pour mobiliser une puissance étrangère au point de prendre le risque de se mouiller pour NIDA TOUNES.


lundi 26 novembre 2012

EXCLUSION .... EXCLUSION ....

Bok Bok est toujours aussi malin : 
le 29/11/1926 c'est la date anniversaire de BCS !


Ghannouchi n'a rien trouvé de mieux pour faire barrage à BCS qui est bien placé pour lui faire de l'ombre, que de mettre l'ANC à son service pour "pondre" une loi sur mesure éliminant de toute responsabilité politique toute personne ayant collaboré de près ou de loin depuis 1989 avec ZABA ! Rien que çà !!

Remettant ainsi la punition collective au centre du débat; alors que nombreux sont ceux qui rejettent cette justice expéditive indigne d'une démocratie en devenir, lui préférant la punition individuelle après jugement par une justice indépendante ! 

Le prétexte de Ghannouchi étant d'écarter ceux qui ont fait du tort et du mal aux tunisiens, il devrait intégrer dans le lot des proscrits, ceux qui ont :
- terrorisé les tunisiens, 
- ceux qui ont assassiné des innocents et 
- ceux qui ont vitriolé les femmes dans les années 80 !

Autrement dit qu'il dégage lui-même de la course électorale, puisqu'il s'est rendu coupable de tous ces faits qu'il reconnait ... et persiste à ne pas s'en excuser auprès des tunisiens !!

Cette mascarade, vise ni plus ni moins à éliminer BCS de la course ! C'est une trouvaille du stratège Ghannouchi pour éliminer un sérieux concurrent !
Grotesque !!

J’espère que les tunisiens vont se "bouger" à nouveau pour mettre un terme à ces méthodes qu'ils ont cru révolues depuis qu'ils ont dégagé ZABA !

Rachid Barnat

Pour un réseau des séculiers musulmans


Abdelwahab Meddeb

A Dakha, capitale du Bangladesh, comme à Chittagong, deuxième ville du pays, je découvre, suite à ma rencontre avec des écrivains, poètes, universitaires qu’il y a nécessité de mettre en place un  réseau des intellectuels et des artistes musulmans séculiers pour défendre nos pays contre la déferlante wahhabite salafiste. Celle-ci est en train de transformer l’islam et d’en conduire ses peuples vers le pire, vers la régression, l’obscurantisme, la fermeture, le fanatisme.

Il est étonnant de découvrir combien les problèmes sont les mêmes du Maroc à ces contrées de l’Asie du sud. Toute l’horizontale qui oblique vers les Tropiques à laquelle nous appartenons est contaminée, elle chancelle vers une uniformisation dévastatrice.
    
Et cette situation n’est pas le fruit du hasard, elle est le résultat d’une politique raisonnée, qui a montré sa cohérence, sa rigueur, son souffle. Elle produit des effets qui transforment le réel, après une action inscrite dans la durée entamée suite au premier choc pétrolier de 1974. Choc qui déversa sur l’Arabie la manne pétrolière dont une partie a été méthodiquement utilisée en faveur de la propagation de la foi wahhabite de par le monde.
   
A partir de ce moment, l’islam s’est mis à changer de l’Indonésie à l’Occident maghrébin. Il est en train de subir une uniformisation et une universalisation du culte à la manière wahhabite simplificatrice, excluant la complexité théologique pour favoriser la constance de la pratique, sous l’égide du Dieu Un transformé en être exclusif, dépouillé de toute médiation, au point qu’on aboutit à l’adoration d’une idole menaçante, tyrranique, d’autant plus redoutable qu’elle demeure absente, inaccessible, irreprésentable en son immanence même. Telle conception réduit le Dieu à une sentinelle tatillonne, vous surveillant en chacun de vos gestes pour savoir s’ils sont conformes à la norme ou s’ils y contreviennent.
Et cet islam wahhabite a pour ennemi quatre choses.
    
1. D’abord l’islam vernaculaire, celui qui tourne autour du culte des saints, celui qui récupère le fonds dionysiaque et tragique, c’est-à-dire qui fait cas de la scène qui active la catharsis, la purge par laquelle est évacué l’excédent dont la charge pèse sur les âmes des individus et de la communauté qu’ils constituent. Or cette scène vernaculaire récupère des matériaux qui proviennent des antériorité  qui ont précédé l’islam. L’origine de cette matière remonte loin dans le temps ; elle actualise sans cesse l’ancien, l’antique, qui, ici, au Bangladesh d’où j’écris, est indien ; elle se connecte avec des vestiges hindouistes, bouddhiques, qui donnent une forme de solidarité entre le ‘âlim et le pandit, entre le soufi et yogi. Comme il en est en Tunisie du fonds appartenant à la Méditerranée, à la berbérité, à la judéité, à l’Afrique subsaharienne, tant d’éléments ancestraux qui interfèrent, s’entrecroisent, se tissent pour être encadrés par la croyance islamique.
    
2. Ensuite, le deuxième point concerne l’approche doctrinale et la procédure juridique dispensatrice de norme telle qu’elle a à être adaptée et articulée à l’horizon du droit positif, de la Common Law. C’est pour étouffer ces particularismes que la vague wahhabite voudrait submerger la mémoire shafi’ite au Bangladesh et la mémoire malékite au Maghreb. Or ces mémoires, nonobstant leur carence opérationnelle, portent en elles une complexité et une propension au débat que ne supporte pas la simplification wahhabite qui concentre toute son énergie sur l’orthopraxie au détriment de tout autre questionnement.
    
3. Puis j’en viens au troisième point, celui qui concerne le retour au fonds théologique et soufi impliquant la spéculation et l’interrogation. Pour l’approcher, il faut au préalable dépasser aussi bien l’adhésion à l’un des quatre rites sunnites que le clivage sunnites/shi’ites. Il convient aussi de s’affranchir de la contrainte de l’ijmâ’, du consensus qui a figé l’édifice constitué et renouer avec l’ikhtilâf, le désaccord entre oulémas. Celui-ci crée la polyphonie, ouvre grandes les portes de l’ijtihâd, cet effort d’interprétation qui suscite la controverse et maintient vive la diversité des points de vue, ce qui relativise l’accès à la vérité. C’est ce mot clé, l’ikhtilâf qui rayonne, par exemple, dans le livre juridique du cadi philosophe Ibn Roshd (Averroès) dont le titre seul annonce la méthode et le programme : Bidâyat al-Mujtahid wa nihâyat al-Muqtaçid qui peut être traduit ainsi : « Ici commence celui qui fait effort d’interprétation, là finit celui qui en fait l’économie ».
    
A ce stade, il est aussi impératif d’élargir le domaine de nos références en puisant dans les corpus philosophique et poétique qui ont été consignées pendant des siècles par le truchement des grandes langues d’islam, surtout l’arabe et le persan. Car nous trouvons à travers les saillies de ces textes les prémices, les annonces, les signes avant-coureurs des leçons des Lumières qui répondent d’une manière efficiente aux problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui. L’on peut, par exemple, y trouver réparation à notre déficience à penser la question de l’altérité, à considérer les relations de soi avec l’autre. 
   
Ici, au Bangladesh, il existe un problème dans le rapport du musulman avec l’autre bouddhiste. Les actualités ne cessent de nous rapporter l’investissement de sites bouddhistes par des bandes salafistes qui brûlent les temples et détruisent les statues de Bouddha. Comme c’était le cas le 29 septembre dernier dans la ville de Ramu et les villages alentour, près de Cox Bazaar, sur le golfe du Bengale. Onze temples en bois ont été réduits en cendres, dont deux vieux de trois siècles. Et ces violences se sont propagées à Patrya, plus près de Chittagong, où la présence bouddhiste est plus dense. Puis est venu le tour d’Ukhia, de Teknaf, toujours dans le sud-est du pays, pas loin des frontières avec la Birmanie.
    
C’est cette harmonie perdue qui a blessé ici le milieu des musulmans séculiers. Cette atteinte à l’altérité bouddhiste a suscité un poème de protestation qui redonne gloire au Bouddha écrit par Kaiser Haq, un des poètes éminents que j’ai rencontré à Dakha. Lors d’une séance de lecture publique, j’ai rappelé nombre d’évocations bouddhistes dans la tradition islamique, comme chez Birouni, Ibn Hazm, Shahrastani, Ibn Nadim, Massoudi ; tous ces auteurs du Xe et du XIe siècle se révèlent autrement plus ouverts à l’altérité, plus curieux de l’autre, plus aptes à entendre la différence, plus pertinents à saisir le fonctionnement de la croyance étrangère, en la singularité de ses rites et de ses représentations que nos contemporains salafistes wahhabites qui veulent nous imposer leur vision fanatique et exclusive. Après un tel rappel, la lecture du poème de kaiser Haq a acquis une extraordinaire évidence qui a renforcé la conviction de la foule des auditeurs représentant une variété d’opinions.
    
4. Enfin j’en viens au dernier point, c’est celui qui nécessite l’articulation de notre discours à la pensée moderne et postmoderne telle qu’elle s’est exprimée depuis le XVIIIe siècle, depuis Rousseau et Kant jusqu’à Karl Popper et Jacques Derrida en passant par Stuart Mill et tant d’autres, celle qui prône l’ouverture et la liberté, celle qui use de l’arme de la critique et de la déconstruction de l’héritage qui ne vaut que lorsqu’il continue d’être porté comme trace. C’est l’assimilation d’une telle pensée qui nous restitue aussi à la complexité et nous réoriente plus vers l’interrogation que vers les réponses toutes faites. Telles sont les conditions  qui nous conduisent sur la voie de la quête en son infini. 
    
En honorant ces quatres points, nous serons en mesure de construire un discours alternatif destiné à contrer le propos wahhabite, à le réfuter et à en refuser le projet. Il s’agit d’un « contre-discours » selon le mot utilisé par un pertinent penseur bangladashi, le collègue professeur Imtiyaz Ahmed, avec qui j’ai eu une conversation publique au Senate Hall de l’université de Dakha devant un vaste amphithéâtre aux rangées peuplées d’un public varié et attentif composé aussi bien de séculiers que d’islamistes bon teint comme d’autres d’apparence salafiste. Et la discussion qui a suivi nos interventions et notre échange a été constructive, cordiale. 
    
Avec cette séance, des jalons ont été posés pour avancer vers le tracé de cette voie alternative sur laquelle devrait cheminer le produit de nos échanges qui pourraient être facilités par la constitution d’un réseau qui tisserait la toile des séculiers musulmans d’Indonésie au Maghreb. 

jeudi 22 novembre 2012

UNE ANNEE DE LA TROÏKA


OU LA MAUVAISE FOI DES JOURNALISTES PRO NAHDHA !

Dans « Studio Essiyessa » débat animé par Elyes Gharbi, sur Nessma TV, sur le thème « une année de la Troïka », avec présent sur le plateau :
- Hamadi Redissi, juriste et écrivain, professeur de sciences politiques à Tunis ;
- Zied Krichene, rédacteur en chef du journal « Le Maghreb » ;
- Mohamed El Fourati, rédacteur en chef du journal « Al Fajr », journal d’Ennahdha;
- Mohamed El Hamrouni, rédacteur en chef du journal « Al Dhamir » ; proche d’Ennahdha ;
- Sofiene Ben Hamida, journaliste et analyste politique, de la chaîne Nessma.
1°/ Mohamed Fourati affirme avec un culot monstre qu’Enahdha est un parti CIVIL et qu'il n'a jamais prétendu être un parti religieux ayant pour programme la religion ! Elyes Gharbi a beau lui rappelé les débats qui ont agité la société tunisienne à propos de la chariâa et autres questions ayant trait à la religion ... il continue à affirmer qu'Ennahdha est un parti civil comme les autres.
Elyes Gharbi lui fait remarquer que la troïka a accordé le visa à "Hezb Tahrir", un parti ouvertement religieux .... Mohamed Fourati ne relève pas.

Dommage qu'Elyes Gharbi n'ait pas poursuivi sur ce thème pour débusquer une fois pour toute un parti qui pratique le double langage même à propos de son "identité", et continue à jouer un double jeu : 
- pour mettre en avant son idéologie religieuse,  
- tout en prétendant à un statut civil comme le veut la loi ! 
C'est selon le public ou les interlocuteurs auquel il s’adresse ! 

2°/ Selon Mohamed El Hamrouni les difficultés pour la troïka sont dues au fait que l’opposition n’a jamais accepté sa défaite électorale, et de ce fait n’a cessé de mettre les bâtons dans les roues au gouvernement.  
Il impute le retard dans la rédaction de la constitution à l’absentéisme (33%) répété des constituants !
Rappelant que les plus disciplinés et plus présents que leurs collègues, sont les élus nahdhaouis !
S’il reconnaît l’échec de l’ANC comme celle du gouvernement, il estime que l’existence même de ces deux entités est en soi une réussite puisque légitimes pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie.

3°/ Ziad Krichen a mis le doigt sur les erreurs qui qualifie de péchés originels qui ont conduit à la crise générale, dont la crise de confiance des tunisiens dans la troïka.
Il rappelle ce pourquoi les élections du 23 octobre ont eu lieu : rédaction d’une nouvelle constitution dans un délai de un an.
Or la Troïka et à sa tête Ennahdha, se sont attribués d’autres rôles hors mandat, de pouvoir législateur, de pouvoir exécutif et du mandat de constitutionnaliste.
Avec la ferme intention d’appliquer son programme en 360 points pour lequel il a été élu.
Pour cela Ennahdha a décidé de partir de la "feuille blanche" pour :
- la rédaction de la constitution, et
- la gestion des affaires du pays !
Alors qu'il lui aurait suffi de poursuivre la gestion des dossiers les plus urgents en cours, compte tenu que la troïka est provisoire, le temps de terminer la seconde phase de la transition démocratique ! 
Dossiers préparés mis en route par des technocrates lors de la première phase pour la transition démocratique, sous la conduite de BCS.
Au lieu de quoi, avec arrogance et bien qu'incompétents et surtout n'ayant pas mandat pour cela, la troïka se prévalant de sa "légitimité", s'est crue autorisée à passer outre son mandat pour tout chambouler....croyant que la gestion d'un pays se suffit de trouver l'argent pour le gérer comme on gère une épicerie !
Ignorant tout de ce qu'est la gestion d'un pays, ils se sont permis de vendre à tout va le patrimoine tunisien pour ne pas dire à le brader à leurs amis du Khalije (pays du Golfe) !

Le gouvernement quoique pléthorique (plus d’une centaines) en ministres, de secrétaires d’état et de conseillers de rang de ministre pour certains, a installé des gens qui n'ont aucune expérience, ne serait-ce qu'administrative, à des postes clefs dont ils ignorent l'alpha et l’oméga ! Leur nomination à ces postes n’étant qu’une compensation pour militantisme ou pour service rendu au parti.
En somme la Tunisie est devenue pour eux vaste laboratoire expérimental et d’apprentissage !
Comme dit Ziad Krichen reprenant l’adage tunisien : « ils apprennent la coiffure sur des orphelins » !

Si le pays a continué à fonctionner c'est grâce à des institutions solides contrairement à ce qu'affirment Fourati et Hamrouni : il n'est pas vrai que toutes nos administrations sont corrompues, leur rappelle Ziad Krichen ! 

Ziad Krichen s'étonne que plus d'un an après son élection, l'ANC ne se soit pas imposée un agenda clair pour les tunisiens pour les échéances pour lesquelles ils l'ont mandatée :
- date de remise de la copie finale de la constitution,
- date des élections.
Or l'ISIE, ou ce qui la remplacera, n'est toujours pas à l'ordre du jour de la constituante ...
Ce qui fait douter les tunisiens sur les intentions de la troïka et les rend plus méfiants des chefs des partis qui la composent !

Ziad Krichen est scandalisé que la troïka ait proposé plusieurs dates différentes et toutes "officielles" pour les prochaines élections qui doivent clore la fin de la deuxième phase de transition vers la démocratie. Il estime que toutes ces personnes se sont moquées des tunisiens !
Et le pire c'est Moustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, qui solennellement a promis dans un discours à la TV, la remise de la copie finale de la constitution pour le 23 octobre 2012 ! 
Mais n'a pas tenue parole, lui non plus !! Ce qui a beaucoup choqué les tunisiens et les a rendus encore plus méfiants des constitutionnalistes comme de ceux qui sont sortis de leur rang pour former le gouvernement !

Ziad Krichen insiste sur la nécessité de la sécurité pour que le débats et les réunions politiques de l'opposition puissent se faire dans un climat normal. Il rappelle que l’insécurité a atteint le stade de l’assassinat politique ! Ce qui est inadmissible ! Il rappelle au ministre de l'intérieur son rôle pour cela.

Par ailleurs Ziad Krichen est scandalisé que les constituants continuent à narguer les tunisiens en affirmant qu’ils sont seuls maîtres de la durée de la constituante ! Oubliant qu’Ennahdha entre autre a pris un engagement pour une durée de UN AN … et qu’il est inadmissible de se croire élus pour une durée indéterminée avec un chèque en blanc !

Il dénonce la multiplication des amendements à propos de chacun des articles de la constitution.
Au rythmes où en sont les constituants, il est probable qu’il faille des années de plus pour finir sa rédaction ! Est-ce une tactique de la part de la troïka, à leur tête Ennahdha, pour jouer les prolongations … en repoussant toujours au calanque grec la remise de leur copie définitive ? !
3°/ Le Pr Hamadi Rdissi, rappelle l’arrogance des hommes d’Ennahdha après la proclamation des résultats du 23 octobre 2011, qui claironnaient une victoire absolue alors qu’elle était relative !
Il reproche à la troïka de s’être comportée comme si elle était dans une démocratie installée alors que la démocratie est en cours de construction !
Le péché originel selon lui, est qu’Ennahdha a suspendu tous les dossiers en cours pour appliquer son programme … programme en 360 points … dont aucun n’a été réalisé !
Bien que pour cela ils se sont accordés 3 mois pour s’installer dans leurs nouvelles fonctions !
Il rejette l'idée défendue par Fourati et Hamrouni, qu'il faille beaucoup de temps pour qu'une révolution aboutisse ... quand ils citent l’exemple de la révolution française.

Le problème d'Ennahdha selon Rdissi est de n'avoir jamais admis le jeu démocratique ni la pluralité des partis. Elle s'ingénie à casser tout parti qui risque de lui faire de l'ombre ! C'est le cas pour "Nida Tounes". 

4°/ Pour faire le bilan d’une année de troïka, Sofiene Ben Hamida :
- ne peut la juger sur un programme : car il y avait trois programmes, chaque parti ayant le sien.
- ne peut juger le gouvernement sur un programme, puisqu’il n’en avait pas !
Il ne peut la juger que sur les objectifs de la révolution dont aucun n’a été réalisé !
Par contre le seul exploit de la troïka, selon Sofiene, est de s’être maintenue au pouvoir malgré l’échec du gouvernement !

Il n'admet pas que le gouvernement se contente de plates excuses pour s'être trompé, encore faut-il qu'il en assume la responsabilité ! Par la démission de ceux qui ont failli comme cela se pratique dans les régimes démocratiques ! 

Puisque l'argument du complot ne convainc personne pour expliquer la faillite du gouvernement, celui-ci fini par reconnaître certains de ses échecs imputables selon lui au manque d'expérience .... ce que Fourati et Hamrouni lui pardonnent en affirmant que l'expérience aidant...les ministres feront mieux !

Or le péché originel selon Sofiene, est dans le mariage contre nature de trois partis à l’idéologie diamétralement opposée, et à l’absence d’un programme minimum commun !

Sofiene Ben Hamida se félicite qu'un vrai débat ait pu avoir lieu lors de l’émission et espère que cela augure d'un changement de comportement et de cap de la part de la troïka et surtout d'Ennahdha vis à vis de l'opposition qu'elles appelaient avec mépris les "zéro virgules..." lui rappelant son score aux élections du 23 octobre 2011 !

                                                              ************

J'ai des doutes ! Je pense que ce n'est qu'une tactique dilatoire pour gagner du temps !
L'opposition tombera-t-elle une fois de plus dans le piège de Ghannouchi ? Car depuis son retour de son exil londonien il nous a habitué à louvoyer .... ce petit stratège !
On verra.

Rachid Barnat