lundi 28 janvier 2013

La pire des trahisons en démocratie n'est autre que celle des clercs !

Ras le bol des ceux qui persistent à défendre l'indéfendable émir du Qatar, Ibn Saoud et l'islamisme "modéré" que propageraient ces pétro monarques .... que des "experts" douteux voudraient "vendre" aux occidentaux : tels que Pascal Boniface ou Mathieu Guider alias Moez Guider le tunisien !

Mohamed Sifaoui

Mohamed Sifaoui

Journaliste, écrivain et réalisateur

Pascal Boniface : faut-il refuser d'aller sur un plateau de télévision quand il est invité ?


De prime abord, je commencerai par apporter une réponse à la question posée en titre. Sans ambages: oui ! Ma conception du débat ne m'amène pas à échanger uniquement avec des personnes intelligentes -les calomniateurs ont, eux aussi, toute leur place en démocratie- elle ne vise pas non plus à accepter, comme interlocuteur, exclusivement ceux qui partagent mon point de vue et mon analyse ni ceux qui distillent des idées proches des miennes. Non ! Le débat, l'échange et la discussion doivent réunir aussi bien des personnes dont les idées convergent, mais c'est plus amusant, du moins lorsque l'on est démocrate, d'être confronté à la différence.
Je crois, par ailleurs, qu'il n'est guère nécessaire de présenter le célébrissime Pascal Boniface. Le bonhomme est connu. Un blog et un livre numérique très bien documentés lui sont consacrés. Preuves à l'appui, ses nombreuses casseroles y sont méthodiquement rangées. Célèbre aussi bien pour ses approximations que pour ses "convictions" qui, souvent, plaisent davantage à des courants plus que douteux ou à des États peu fréquentables qu'au commun du républicain démocrate, il a pris l'habitude de fustiger, y compris en s'armant de mensonges, ceux qui ne pensent pas comme lui.
Evincé du Parti Socialiste au début des années 2000, pour une note aux sous-entendus plus que discutables, Boniface ne cesse pourtant de se présenter comme "expert" et "spécialiste" en beaucoup de choses. Une sorte d'autorité morale dont la neutralité reste à prouver. Il n'a, en effet, ni la distance ni la froideur exigées de tout universitaire qui se respecte. Tel un commissaire politique, gardien de la "bonne pensée", il vous interdirait, par exemple, la critique du Qatar et prohiberait la dénonciation de l'idéologie islamiste pour ne donner crédit qu'à sa propre "vérité".
Comme tout commissaire politique, il est néanmoins loin d'être un gardien des élégances et du classicisme. On ne saurait même pas le comparer à un Louis-François Raban pillant le Marquis de Sade, puisqu'en homme moderne, notre Comte de Barins qui aurait pu être une sorte de Rouletabille, s'il avait été moins grincheux, s'évertue, le plus souvent, à braconner sur la Toile en quête "d'arguments" qui visent la disqualification de ses contradicteurs. Il pourrait par exemple vous pointer du doigt parce que vous auriez débattu dans un cénacle du Crif (je ne sais pas si ce qui le gêne, dans ce cas précis, si c'est le débat ou si c'est le "juif") et il pourrait transformer vos propos et faire de vous un élément des forces spéciales quand vous avez le malheur de dire, sur un plateau de télévision, que vous avez couvert en tant que journaliste une prise d'otage ou alors quand vous dites que le Qatar finance l'idéologie salafiste, notre bonimenteur prétendra que vous auriez affirmé que le même Etat finance les groupes terroristes. Des approximations, un peu de mauvaise foi, le tout bien mixé avec une espèce de sauce putride, qui puise ses ingrédients dans un "antisionisme" plus que douteux, vous donne Pascal Boniface.
Son terrain de chasse, là où il est aussi heureux qu'un enfant dans un bac à sable, c'est cette bénédiction technologique (heureusement qu'elle existe) qui alimente beaucoup d'esprits mal inspirés. C'est probablement une pioche trop rapide qui lui a dicté que Lévinas était "physicien", peut-être que le philosophe accumulait, lui aussi, les "expertises" et c'est certainement une connaissance trop pointue de la thématique islamiste qui lui a permis d'écrire, dans l'un de ses derniers livres, que le Hezbollah, était une organisation... "athée". De plus, le "spécialiste" est aussi bon en prévisions et en prospective qu'Elisabeth Teissier. Mais avec moins de réussite que Paul le poulpe. Quelques mois avant le 11 Septembre 2001, il professait: "Je ne pense donc pas, contrairement à certains, que nous verrons des actes terroristes entraînant des milliers de victimes". Le "certains" devait probablement viser quelques-uns de ceux qui restent, aux yeux de "l'expert", que de vulgaires "faussaires". Mais déjà cette volonté de vouloir minimiser le danger du terrorisme islamiste avec cette assurance qui lui permet de faire croire qu'il serait vraiment un fin limier de la géopolitique.
En réalité, ce que les lecteurs savent moins, c'est que notre Comte de Barins n'est en réalité qu'un petit, tout petit polémiste. Je dis "petit", parce qu'un vrai polémiste, celui qui assume la dispute intellectuelle, doit remplir certaines conditions: posséder, à tout le moins une plume agréable, ne pas avoir besoin de "petites mains" pour rédiger ses ouvrages, disposer d'une réflexion claire, défendre une pensée cohérente et avoir du respect pour les autres et notamment pour l'adversaire. Je dis bien l'adversaire, celui qui pense différemment, qui soutient d'autres idées, qui défend d'autres convictions. Notre sujet est malheureusement étranger à ces qualités. De plus, il est bien éloigné de cette réalité résumée par Paul Gauguin: "La vérité ne se dégage pas de la polémique, mais des œuvres qu'on a faites."
Piètre polémiste, confondant, très souvent, la diffamation, le mépris, l'injure et la dispute intellectuelle, notre spécialiste, auquel on épargnera le surnom donné à Adolphe Thiers, n'a pondu, pour l'instant, aucune œuvre qui pourrait enrichir le débat et nourrir intellectuellement, hormis ceux qui auraient Facebook pour les nuls comme livre de chevet.
Mais comment peut-on enrichir le débat lorsque l'on a déjà été condamné et/ou dénoncé pour contrefaçon et lorsque l'on s'est rendu responsable de plagiat ou d'autoplagiat pour multiplier les publications? Mais pour Boniface, "copier n'est pas plagier".
Et le personnage semble être un multirécidiviste. Multirécidiviste en provocation et en diabolisation des contradicteurs. Un procès nous avait d'ailleurs opposé. Et pour cause: invité, en 2008, au salon du livre d'Alger, organisé par le sympathique pouvoir algérien pour aller parler de son livre Peut-on critiquer Israël?, Pascal Boniface avait pris part à une conférence. Alors qu'aucune polémique ne nous opposait, il avait jeté mon nom en pâture, dans mon pays d'origine, là où vit une partie de ma famille, là où des islamistes souhaiteraient voir ma tête séparée de mon corps, devant mes confrères algériens, pour affirmer, toute honte bue, que les médias français, contrôlés par un obscur lobby sioniste ou juif et/ou islamophobe, m'avait ouvert ses portes parce que je serais un musulman qui s'était trahi. Chacun appréciera une telle sortie qui n'avait pas manqué de choquer le tribunal.
À entendre Boniface, lorsque les chaînes M6 ou France 2 diffusent mes documentaires ou reportages, quand BFM-TV ou l'émission C dans l'air m'invitent pour faire partager mon expérience sur le phénomène islamiste, quand MarianneLe HuffPost ou Paris Match m'ouvrent leurs colonnes et quand les éditions Grasset, Calmann-Lévy ou Armand Colin publient mes livres, ce serait, donc, à en croire notre petit commissaire politique, en raison de ma trahison supposée à l'islam. Allez savoir ce qu'est un musulman qui s'est trahi? Si le concept est douteux pour un démocrate, les tueurs islamistes comprennent, quant à eux, le sens d'un tel jugement. Et les vrais spécialistes du salafisme et du djihadisme savent ce que peut valoir une telle excommunication.
Et même lorsque j'enquête sur une cellule terroriste dont les membres sont déjà condamnés pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et quand à la suite d'une telle enquête je suis obligé de vivre durant cinq années sous protection policière permanente, ça devient une supercherie dans la bouche de notre "spécialiste". Ce qui n'émane pas de son savoir absolu, ce qui ne sort pas de son esprit supérieur devient l'œuvre d'un "faussaire". La modestie et l'humilité, faut-il le constater, ne sont pas les qualités de notre drôle d'oiseau qui multiplie les ramages à l'emporte-pièce comme pour mieux dissimuler son propre plumage.
Aussi, quand les mêmes chaînes de télévision, parfois les mêmes journaux ou les mêmes éditeurs lui offrent la même tribune, c'est évidemment parce qu'il serait "expert" ou "spécialiste" de quelque chose. Qui aurait la folie de dire que Boniface, le bien-nommé, serait publié ou médiatisé parce qu'il ferait partie des catholiques qui se seraient trahis? Le penser, ce serait de la pure folie. En réalité, pour notre bonhomme, je devrais être réduit à un statut de "musulman" qui, de surcroît, se trahit alors que lui, il ne serait rien d'autre qu'un "expert". Une telle approche pourrait rappeler le regard que portait l'ancien colonisateur arrogant en direction de l'Indigène, celui que l'on appelait, à l'époque, le "musulman d'Algérie". Bref.
Après sa sortie algéroise de 2008, pour le moins inopportune, j'avais réagi, à travers un billet sur mon blog. J'ai voulu rappeler à notre "expert" quelques vérités. Naturellement, et c'est là que le personnage fait tomber le masque et montre qu'il est expert en mauvaise foi et spécialiste en hypocrisie, il décide de me poursuivre en diffamation. Manque de pot, Pascal Boniface est débouté lamentablement par des magistrats d'une 17e chambre, loin d'être dupes, car spécialisés de ce genre de petits phénomènes qui claironnent leur attachement à la liberté d'expression, mais qui oublient de préciser qu'ils parlent principalement de la leur. Pour Boniface, la logique est simple: Il déclenche une polémique, raconte sur vous des saloperies, tente de vous diaboliser et si vous avez le malheur de répondre, il se pose en victime, pourrait crier au complot, appelle ses amis, les vôtres, prend à témoin les internautes, les facebookeurs, les twittos, sa gardienne d'immeuble, son chien, etc. Et, de plus, il vous poursuit en justice.
Aussi, probablement aigri par une décision de justice défavorable, Pascal Boniface a décidé d'écrire un livre, plutôt de rédiger un règlement de compte, refusé par une quinzaine d'éditeurs sérieux. 
Notre drôle d'oiseau a voulu fustiger des "faussaires", dont moi-même, (Alexandre Adler, Frédéric Encel, Caroline Fourest, BHL, etc.) Mais question: notre "expert" a-t-il fait un travail académique? Une recherche sérieuse? Une enquête approfondie? Que nenni! Il a fait ce que font les éboueurs du Net. Il a compilé, le plus souvent, des articles mensongers, approximatifs, incomplets, tendancieux, orientés, disponibles sur le Net pour préfabriquer sa "démonstration" à charge. Ce livre eut un succès relatif. Quand on sait que même les poupées gonflables se vendent toujours aussi bien et aident certains frustrés, on comprend que le livre de Boniface ait pu venir en aide à tous ceux qui avaient besoin d'une petite masturbation intellectuelle. Il est évident que le courageux Boniface est plus prompt à descendre le "sioniste" Encel que l'antisémitionniste Dieudonné ("l'antisémisionniste" sert ici à qualifier cette nouvelle doctrine antisémite qui se drape derrière le concept douteux d'antisionisme). Plus aisé, pour lui, de diaboliser Sifaoui pour mieux se faire respecter par les frères Ramadan, plus rentable enfin de fustiger les chemises de BHL et d'admirer avec bienveillance les chèques distribués par l'émir du Qatar.

Boniface vient de récidiver lors de deux plateaux télévisés que je viens de faire en sa présence. En raison de désaccords exprimés lors de deux émissions, il s'est empressé de commettre un article sur le Net pour répandre, comme à l'accoutumée, son fiel et ses mensonges. 
"Je suis donc contraint de le laisser [Sifaoui] entamer ses longs discours de mise en accusation des différents pays arabes, ses différentes théories du complot", écrit-il dépité. Évidemment, dire que l'Algérie est dirigée par une caste de corrompus incompétents ayant fait de l'islamisme un allié stratégique ou affirmer que le Qatar, tout comme l'Arabie Saoudite, continue d'exporter le salafisme tout en abritant des idéologues djihadistes, c'est propager des "théories du complot". Le soldat Boniface au secours des dictateurs arabes et des courants islamistes. Du déjà vu, cela dit.
Quand je critique la monarchie rétrograde du Qatar, lorsque je critique les islamistes d'Ennahda en Tunisie, Bouteflika et son régime en Algérie, Boniface a mal. Son être souffre. Parce qu'évidemment, le Qatar ou l'Algérie, sont dirigés par de grands hommes d'États. L'un achète les âmes et les consciences -en plus du PSG- et l'autre représente un système mafieux qui, souvent, plaît, en France, aussi bien à des hommes de gauche qu'à des représentants de la droite.

Bien évidemment que je continuerai à participer à des émissions même s'il est présent. Et je n'irai pas polémiquer avec Boniface et lui rappeler qu'au moment où il continue de défendre la monarchie du Qatar (allez savoir pourquoi !) le très bien informé Canard Enchaîné avait évoqué une note de la DGSE qui explique que ces sympathiques qataris, tout en étant de plus en plus présents en France, financeraient également des terroristes dans le nord Mali.
Je n'irai pas sur des plateaux de télévision pour lui rappeler, outre ses mensonges répétés, que je suis assez stupéfait de voir notre grand maître participer au salon du livre d'Alger, organisé par le régime et ses services secrets, alors que la plupart des démocrates algériens ne sont pas autorisés à y exposer leurs documents ou leurs essais.
Pour avoir longtemps vécu sous le joug d'un parti unique, d'une pensée unique et d'une chaîne de télé unique, je suis ravi de voir que la démocratie permet une visibilité médiatique aux différentes expressions. Oui ! Je serais heureux de vivre y compris dans une démocratie dans laquelle il n'y aurait que des "spécialistes" comme Boniface. Lui qui prétend bien connaître les régimes qataris ou algériens n'ignore pas, je l'espère, que les portes de Doha et ceux du salon du livre d'Alger lui sont ouvertes tant qu'il continuera de caresser ces régimes dans le sens de la barbe ou de la moustache. Le jour où il reviendra à la raison, il s'apercevra de lui-même que la pire des trahisons en démocratie n'est autre que celle des clercs !

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