jeudi 15 août 2013

TARTOUR AU SECOURS DES FRÈRES MUSULMANS !

Article paru dans : Kapitalis

Une fois de plus le Tartour national est sorti de son silence pour causer à "son peuple", lui le premier président dans l'histoire de la Tunisie à être élu démocratiquement, comme il aime à rappeler !  Oubliant qu'il ne doit son poste de président provisoire qu'à son "frère" Ghannouchi, tous deux faisant partie de la mouvance des "Frères musulmans", puisque lui-même n'était élu qu'en tant que constituant ... avec 7000 voix !

Qu'a-t-il dit au juste  ?

Dans une langue de bois qu'il maîtrise à merveille il déclare aux Tunisiens :
Qu'il est plus que jamais temps qu'ils rompent avec la violence,
Qu'il est plus que jamais temps qu'ils cessent les discours de haine,
Qu'il est plus que jamais temps que les mosquées cessent d'être instrumentalisées pour diffuser  haine et violence,
Qu'il est plus que jamais temps qu'ils s'unissent,
Qu'il est plus que jamais temps qu'ils cessent d'utiliser la démocratie à la carte pour n'en prendre que ce qu'ils veulent !

Faut-il rappeler à Tartour qu'il a reçu officiellement au palais de Carthage les membres des LPR (ligue de protection de la révolution) dont les Tunisiens subissent violences et exactions au quotidien, et dont ils demandent qu'elles soient dissoutes ... en vain ! Demande réitérée à maintes reprises par l'opposition et par toutes les associations civiles avec à leur tête l'UGTT ... toujours en vain ?
N'est-ce par lui et son "frère" Ghannouchi qui maintiennent les LPR pour protéger leur partis respectifs, et ce contre la volonté des Tunisiens ?

Faut-il rappeler à Tartour qu'il a reçu aussi au palais de Carthage les prédicateurs obscurantistes que lui envoyaient ses amis pétro monarques pour diffuser le wahhabisme et la violence qui le fonde ?
Faut-il lui rappeler qu'il a même permis la tenue de conférence dans cet auguste palais animée par le plus virulent des salafistes tunisiens, Béchir Ben Hassen ?

Quant à l'unité des Tunisiens, faut-il lui rappeler son discours inaugural en tant que président provisoire où il stigmatisait "harayer tounes", les femmes libres de la Tunisie ... en les appelant les  "safirats", les désignant ainsi à la vindicte des islamistes, introduisant déjà le germe de la "fitna" (sédition) parmi les tunisiens ?

Et les règles démocratiques à la carte, parlons-en : n'est-ce pas lui et son "frère" Ghannouchi qui en usent et abusent ?
Les deux soutiennent Mohamed Morsi en insistant sur la légalité et la légitimité que lui confèrent les urnes et demandent aux égyptiens de respecter les règles démocratiques en le réinstallant au pouvoir !
Oubliant que la légitimité ne se cantonne pas qu'aux urnes et que Morsi a perdu la légitimité morale pour s'être écarté des objectifs de la révolution des égyptiens et cherche à leur imposer le model sociétal des "frères musulmans" !
Curieux que le légaliste et légitimiste Tartour ne se rende pas compte qu'il piétine la démocratie et la volonté du peuple Tunisien en se cramponnant à une légitimité qui n'existe plus depuis le 23 octobre 2012, en voulant maintenir l'ANC dont il est issu !

Si Morsi a perdu sa légitimité morale, que dire de Tartour et de Ghannouchi qui ont perdu toutes les légitimités :
- La légitimité légale depuis le 23 octobre 2012,
- La légitimité morale pour n'avoir pas respecté ce pourquoi l'ANC était constituée : rédaction d'une constitution dans un délai de un an !
- La légitimité politique pour tous les échecs à tous les niveaux des deux gouvernements Ghannouchi, aggravés par les assassinats politiques et les morts de soldats et de policiers par le fait des "enfants" de Ghannouchi.
- Même la légitimité "consensuelle" qu'avaient accordée l'opposition et l'UGTT contre la volonté des Tunisiens, à la troïka au pouvoir; ils l'ont perdue pour n'avoir pas respecté les conditions qui l'accompagnent !

Tartour le démocrate, a poussé l'outrecuidance à menacer d'un procès toute personne qui lui contesterait sa légitimité !

Pour finir, il fait un parallèle entre les graves incidents en Egypte et leur possible répercussion en Tunisie; lui qui lors du "tamarroud" (rébellion) par lequel Mohamed Morsi a été démis de ses fonctions, assurait que ce qui se passe en Egypte n'a aucune incidence en Tunisie : "eux c'est eux, nous c'est nous", semblait dire alors Tartour !
Et voilà qu'en contradiction totale avec ce qu'il disait alors, qu'il menace les tunisiens d'un bain de sang s'ils persistaient à demander son départ "rahil", celui des constituant et du gouvernement ... puisqu'il les assure que ce qui s'est produit en Egypte peut se produire aussi en Tunisie !

Si Marzouki avait l'étoffe d'un homme politique responsable, il tirerait les conséquences des échecs de la troïka au pouvoir devenus secrets de Polichinelle, et s'il était démocrate qu'il respecte la volonté des tunisiens qui manifestent par dizaine de milliers tous les jours depuis plus de deux semaines ...

Voilà ce qu'il devrait faire :
- demander la dissolution du gouvernement,
- désigner un nouveau chef de gouvernement, qui se charge de former un gouvernement restreint de technocrates,
- dissoudre l'ANC,
- désigner un collège d'experts pour finir la constitution et remédier aux contradictions "volontaires" qui ne sont que des pièges dans une constitution faite sur mesure pour un parti, celui d'Ennahdha.

Mais un tartour restera toujours un tartour. Il n'a aucun pouvoir puisqu'il est la marionnette des "frères" et de Ghannouchi à qui il doit son poste.
Il ne représente plus rien politiquement, il n'a plus aucune crédibilité auprès des tunisiens de tous bords. Il est seulement l'homme des discours, n'hésitant devant aucune contradiction, pratiquant la méthode Coué et finalement n'apportant strictement rien de positif à son pays !

Rachid Barnat

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