mercredi 26 mars 2014

Hymen national, malaise dans l’Islam

Ou quand les hommes placent leur honneur dans ... une membrane vaginale !

Vu hier au cinoche " La Clef " dans le cadre du " Maghreb des films ", un documentaire sur un problème sociétal : la virginité des filles.
Après la projection, il y a eu un débat animé par Jamel Mokni, le réalisateur du film et par Wassyla Tamzali. 

Jamel Mokni dit avoir eu l'idée du film le jour où un ami lui avait demandé un service comptant sur sa discrétion totale : aider une jeune tunisienne à reconstituer sa " virginité ".
Il découvre à cette occasion à la fois une pratique archaïque en Tunisie mais surtout le tabou qui l'entoure !
Il travaillera sur cette question plus de trois ans, le temps pour lui de trouver les personnes qui voudraient bien apporter leur témoignage. 

Quand au titre de son documentaire, il le changera le jour où il a lu dans un opuscule du ministère de la femme et de l'enfant en Tunisie : hymen national au lieu d'hymne national !
Fatale erreur qui va donner plus de poids à son sujet dans lequel il voulait dénoncer l'hypocrisie générale autour de la virginité des filles; puisque " hymen " correspond phonétiquement au mot arabe " ايمان ", qui veut dire " foi " !

L'hymen étant devenu le symbole de l'honneur d'une famille voir de tout un village, il va être sacralisé par les hommes au point qu'ils se laisseront duper par l'hyménoplastie qui redonne une seconde virginité aux filles de plus en plus nombreuses à y recourir.

Si Jamel Mokni refuse de voir dans ce problème une cause pour féministe, persuadé qu'il s'agit d'un problème propre aux hommes qui traduit leur peur des femmes, leur doute sur leur propre sexualité; Wassyla Tamzali y voit plutôt un problème politique maintenu en l'état par un pouvoir qui veut opprimer les hommes car que mieux pour lui que de contrôler leur sexualité pour mieux les tenir !
Ce que je disais du wahabisme, qui fonde tous les islamismes actifs de nos jours et qui instrumentalise aussi la sexualité !

Autrement qu'est-ce qui empêche les gouvernants d'éduquer les peuples et d'instaurer l'éducation sexuelle aux enfants pour rompre avec des croyances qui frisent l'hystérie collective ! Ils rompraient ainsi avec des pratiques archaïques et barbares, sources de tant de souffrance et d'humiliation pour les femmes mais aussi pour les hommes.

Le pire, c'est que les femmes intériorisent ces pratiques et les transmettent à leur tour à leurs enfants, bien qu'elles ont du en souffrir; puisqu'elles finissent par admettre que leur corps appartient à l'homme et que leur virginité appartient à tout le groupe social voir à tout le village quand les parents de la mariée exhibent tel un étendard de leur honneur " sauf ", le drap nuptial maculé du sang de leur fille dans une sordide farandole. Sang provenant de la déchirure de l'hymen lors du viol durant sa nuit de noce (" dakhla " / pénétration du mari dans la chambre nuptiale doublée de sa pénétration sexuelle pour déflorer la virginité de la mariée) ! 
Et gare à celles dont le sang n'aura pas coulé, car sur le champ elles seront répudiées et la honte rejaillira sur sa famille et sur son clan ... se terminant des fois par une guerre que ne manquera pas de déclencher le clan du mari bafoué !! 

Et bien que les femmes gardent un souvenir traumatisant de leur nuit de noce, lors de laquelle le couple est mis à rudes épreuves; lui, devant prouver sa virilité et elle sa virginité, sous contrôle de tout le clan voir de tout le village; et malgré cela, elles perpétuent cette tradition en donnant tous les droits à leur fils, qui se doit de prouver sa virilité en multipliant les conquêtes féminines, mais interdisant tout à leur fille qui doit veiller à rester vierge car l'honneur de sa famille est dans son hymen; puisqu'elles lui inculquent que son devoir et unique plaisir est de donner du plaisir à son mari et que son bonheur est dans la maternité, excluant toute sexualité propre à la gamine ! 

Sexualité que certains voudraient empêcher par des pratiques barbares, comme l'excision ou l'infibulation pour s'assurer la maîtrise du ventre des femmes ! Ce que proposait le sinstre Waghdi Ghanim en demandant à Abdel Fattah Mourou la "circoncision" des fillettes tunisiennes !

Pourtant, quand les hommes politiques veulent, ils peuvent ! 

Faut-il rappeler que Bourguiba avait mis fin à la polygamie, à la répudiation, au mariage coutumier (" Orfi "), et à tant d'autres pratiques archaïques que des oulémas ont accumulées en 14 siècles, exprimant souvent leurs fantasmes les plus fous, pour mieux dominer la femme ... et que des salafistes obscurantistes ont sacralisées sous prétexte qu'elles sont le prolongement de la parole divine; puisqu'elles sont l' " interprétation " humaine de la volonté d'Allah ! 

Pratiques qui ont maintenu les peuples dits "arabo-musulmans" dans un retard civilisationnel, les rendant colonisables comme disait Bourguiba !

A propos de la nuit de noce telle que pratiquée dans les couches populaires, Bourguiba en dénonçait la violence dans un de ses discours " pédagogiques " (" tawjihat errais " / les directives du président) en comparant le marié à un taureau qui saute avec violence sa femelle ... insistant bien par cette image, sur le manque de délicatesse du marié pour ne pas dire sa bestialité et son manque de respect pour la mariée !

Comme quoi, il reste d'autres révolutions à faire ... pour changer les mentalités des tunisiens !

Rachid Barnat
   

Jamel Mokni et Wassyla Tamzali

Réalisateur(s) : Jamel Mokni 
Pays de production : Tunisie
Scénario : Jamel Mokni, 
Né en 1964, nord de la Tunisie. Il intègre la faculté de sciences de Tunis, où il crée un cinéclub. 
En 1990 il part étudier le cinéma en Belgique. Il réalise des publicités, des magazines, des clips et plusieurs courts métrages.
En 1999 il crée sa société de production À Bout de Souffle Production
Synopsis : C’est un réquisitoire impitoyable contre le mythe de la virginité dans la société tunisienne et, plus généralement, dans l’Islam.
L’auteur a été incarcéré deux fois pendant le tournage. Les sbires de Ben Ali n’en voulaient pas.
Le film a été censuré par le pouvoir tunisien. C’était une autre époque.
Le film deviendra-t-il un emblème de la nouvelle Tunisie ? Et d’ailleurs où va la Tunisie ? Et s’il y avait danger pour la laïcité ?

Interview du réalisateur par Jeune Afrique
Jeuneafrique.com : Quel est le message de votre film ?
Jamel Mokni  : Qu’une fille qui a perdu sa virginité ne doit pas avoir honte parce que c’est un acte normal, ordinaire. Pourtant, quand une fille a perdu sa virginité, elle a tout perdu : on la traite de pute, et tout le monde veut coucher avec elle ! J’ai fait le film pour dénoncer l’omerta, le black-out, le silence. Pour changer la mentalité, le regard des gens. D’autant qu’en Tunisie la moyenne d’âge du mariage des filles est d’environ 28 ans. Alors, de leur puberté vers 14 ans, à 28 ans, qu’est-ce qu’elles vont faire ? Le problème se pose réellement car une fille en bonne santé va avoir des envies et donc des relations sexuelles.

Vous donnez la parole aux partisans et aux opposants de la virginité mais vous avez clairement un parti pris…
Jamel Mokni  : Pour moi, un documentaire doit avoir un point de vue documenté. Je connais très bien le sujet, j’ai rencontré pratiquement tout le monde mais, oui, j’ai mon point de vue, clair et net. On voit la souffrance de ces filles… Ce film est un film de droits de l’homme. Je défends les droits de la femme à avoir une relation sexuelle avant le mariage.

Il y a une hypocrisie sociale sur la virginité…
Jamel Mokni  : Les hommes veulent avoir des relations avec les filles qui ont perdu leur virginité, mais après ils veulent se marier avec des filles vierges ! Mais si le vrai problème est dans la tête des hommes, il l’est aussi dans la tête des femmes : elles ont intériorisé qu’une fille doit être vierge le jour du mariage. Du coup, elles essaient de transmettre cette idée à leurs filles et à leurs garçons.

Votre film a été bien reçu lors de la projection-débat, mais vous avez des détracteurs. 
Que vous reprochent-ils ?
Jamel Mokni  : Comme la production a été financée par la Belgique, quelques conservateurs pensent que le film est une tentative des pays occidentaux de nuire à la réputation de la Tunisie ou de régler leurs comptes avec le pays à travers ses ressortissants. Mais ce n’est pas vrai !

Votre film est dédié à Tahar Haddad. Qui est-il ?
Jamel Mokni  : En 1930, ce syndicaliste tunisien très actif a écrit le livre Notre femme dans la charia et la société. Il explique d’une façon très scientifique qu’il est contre la polygamie, la répudiation… et tout ce que Bourguiba [l’ancien président tunisien Habib] a dénoncé par la suite. Tahar Haddad a été empêché de terminer ses études de droit, il a dû s’exiler. Et il est mort à 36 ans d’une crise cardiaque, suite à une tuberculose. À son enterrement, il n’y avait que cinq personnes parce qu’il représentait la honte : “Il a défendu la femme ? Comment ça se faisait qu’il la défende ?” À l’époque, c’était inadmissible.

****
Le Figaro.fr/madame : Quel est le regard porté par les femmes sur la notion de virginité aujourd’hui ?
Yvonne Knibiehler : Autrefois, l’un des arguments qui donnait le plus de valeur à la virginité était celui de la
grossesse. Lorsque l’acte sexuel était principalement associé à un acte de procréation, se préserver pour le mariage permettait de maîtriser sa descendance, sa lignée. Cette justification a été écartée par la démocratisation des moyens de contraception, et son caractère symbolique avec. Mais la virginité revêt une importance encore très forte pour les hommes. Déflorer une fille, c’est en faire une femme, c’est une façon de déployer sa force masculine, d’exercer une forme de domination. La gent féminine s’empare aujourd’hui de cette virginité fantasmée par les hommes pour servir sa propre cause. Alors que la peur et l’inquiétude physique de la première fois ne sont souvent plus primordiales, les femmes ont bien compris qu’elles pouvaient encore s’en servir pour manipuler « le sexe fort ». Derrière ces ventes aux enchères, se cachent la désacralisation de la virginité, la prise de conscience du pouvoir sexuel de la femme mais également une question de moralité, propre à chacune. C’est aussi une manière, qui peut être maladroite, de dire « Je fais ce que je veux de mon corps ». 
****

Pierrot Lefou


Vierges ? La nouvelle sexualité des Tunisiennes - De Nedra Ben Smaïl - Publié en 2012.

Nedra Ben Smaïl précise que cet ouvrage tourne autour de l’opération qui permet la reconstitution de l’hymen, plus que de la virginité en elle-même. 
Sa thèse est que l’hyménoplastie avait une portée ambivalente, dans la mesure où elle conciliait deux choses qui paraissent incompatibles de prime abord : l’archaïsme de la diabolisation du sexe avant le mariage entretenue par l’ordre patriarcal et la liberté sexuelle.
En effet, la psychanalyste a expliqué que l’hyménoplastie était très répandue à cause de l’archaïsme de l’injonction sociale qui consistait à imposer aux femmes la virginité jusqu’au mariage et, en même temps, cette opération chirurgicale permettait à de nombreuses femmes d’avoir une vie sexuelle et amoureuse avant le mariage.
Ainsi, les jeunes femmes, grâce à la sécurité qui leur était offerte par la médecine, sachant qu’elles pouvaient « recouvrer leur virginité » quelques jours avant le mariage, s’autorisaient des relations sexuelles en dehors du cadre légal du mariage ; d’où la « liberté » dont parle Nedra Ben Smaïl.
Je trouve que le mot « liberté » n’est guère approprié dans le cas d'espèce. Ce n’est pas parce que ces filles ont des rapports sexuels avant le mariage que l’on peut parler de « liberté sexuelle » ; l’hyménoplastie est juste un tour d’escamotage qui évite quelques problèmes à la fille et à sa famille. Même si certaines filles franchissent le pas en se disant que, plus tard, quelques points de suture leur éviteront le scandale, il ne s’agit nullement et en aucun cas de liberté. Ce n’est pas le terme idoine.
Les allégations que Nedra Ben Smaïl a formulées dans la foulée des explications ci-haut décrites me semblent encore plus erronées. Elle estime que les choses ont vraiment évolué depuis les années 2000. Elle pense que la révolution a libéré la parole des Tunisiens, changé leur rapport au corps et à la sexualité et qu’elle a produit en eux une solide conviction des libertés individuelles.
Elle estime aussi que toute une génération, soit les jeunes qui ont aujourd’hui 18/20 ans, a été élevée dans la liberté et que son rapport au corps et à la sexualité est moins régi par les tabous et les interdits. Elle est allée jusqu’à prétendre que la question de la virginité des filles est « tombée en désuétude ». C'est peut-être vrai dans certains milieux, et encore. Une chose est sûre, dès que l'on s'éloigne de la capitale et des grands villes côtières, on est en butte aux mentalités sclérosées.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Nedra Ben Smaïl, et pour cause :
Ses allégations concernant la jeune génération me semblent dénuées de fondement. J’estime que l’émancipation sexuelle passe par un travail intellectuel intrinsèquement révolutionnaire. Le passage à la liberté sexuelle est sous-tendu par une philosophie qui rompt avec le passé, notamment avec certains « principes éternels » et une « loi divine intangible et indiscutable ».
Or nos jeunes ne sont pas assez outillés intellectuellement pour provoquer une rupture épistémologique et se départir de traditions séculaires chargées d'un lourd héritage culturel. Ils pourront se montrer un tantinet plus émancipés que leurs aînés, mais je pense que, comme toutes les générations qui les ont précédés, ils passeront une partie de leur vie à composer avec les tabous et les interdits, à faire une chose tout en prônant son contraire, et ce, sans procéder à une destruction symbolique des carcans culturels et intellectuels pour que s’épanouissent librement leurs sains désirs. Pour que cette destruction puisse avoir lieu, une transmutation intellectuelle et culturelle s’impose.
Autrement, ce serait de la consommation du sexe, et non une liberté sexuelle digne de ce nom et en rupture avec les vieux dispositifs fondés sur l’interdit et la répression. D’ailleurs, ceux qui consomment du sexe sans être pourvus d’une assise philosophique et intellectuelle suffisamment solide peuvent, du jour au lendemain, changer radicalement de mode de vie et sombrer dans la dévotion outrée et quasi fanatique. Et les exemples, ne manquent pas en Tunisie !
Pourquoi l’émancipation sexuelle ne sera pour demain ?
Il faut, avant toutes choses, voir dans quelle société et dans quelle aire culturelle nous vivons. Les femmes ne peuvent revendiquer le contrôle ou la possession de leur propre corps. Les femmes ne peuvent pas encore exprimer leur sexualité aussi librement que les hommes en arguant qu’il s’agit d’une relation entre deux adultes libres et consentants.
Nous vivons dans une société où le sexe qui se pratique en dehors du cadre légalo-acharaïque du mariage est encore condamné moralement et pénalement. Dans l’inconscient collectif, les relations sexuelles avant le mariage sont encore considérées comme une appropriation sexuelle illégitime du sexe de la femme. Par conséquent, lorsqu’une fille acquiert la réputation d’avoir facilement et fréquemment des relations sexuelles, sa valeur d’échange sur le marché des alliances et des transactions matrimoniales se déprécie.
Le sexe avant le mariage est encore considéré sous l’angle d’une faute commise à l’égard de la société. C’est interprété en termes de mauvaises mœurs et considéré comme une faute morale. D’ailleurs, en parlant de faute, toute la société, à commencer par les jeunes dont parle Nedra Ben Smaïl, emploie volontiers le terme « faute » (ghalta) pour décrire tout rapport sexuel avant le mariage. Je ne vois pas nos jeunes précéder à un travail de déconstruction sociolinguistique afin qu’ils se libèrent de ce champ lexical stigmatisant et qui contribue fortement à la perpétuation de cette vision machiste qui est encore très présente dans notre aire culturelle dite « arabo-musulmane ».
Quand Nedra Ben Smaïl estime que la révolution a libéré la parole et changé notre rapport au corps et à la sexualité, cela me laisse dubitatif. Il est vrai que ces dix dernières années se sont distinguées par une liberté de ton inhabituelle, il n’en reste pas moins que c’est le discours des névrosés qui veulent couper court à toute allusion sexuelle qui sévit en maître dans les médias audiovisuels.
Il suffit de se remémorer la polémique suscitée par le look décontracté de la danseuse orientale de la cérémonie d'ouverture du championnat arabe des clubs de Handball. Les médias tunisiens ont poussé la pudibonderie jusqu’à publier des images floutées de la danseuse en question (une pratique largement répandue chez les Bédouins du Proche-Orient).
Pas plus tard qu’hier, l'Association du Festival International de la Fête du Mouled a publié un communiqué de presse dans lequel elle présentait ses excuses auprès du public. En effet, à Kairouan, des filles habillées en jebba s’étaient livrées à une danse qui a été jugée lascive par les Tunisiens. Ce qui a valu aux danseuses et au producteur du spectacle une volée de bois vert, sous-prétexte qu’il s’agissait de la célébration d’une fête religieuse.
Souvenons-nous aussi, à ce propos, du tollé qui a été observé à la suite du baiser qui est passé sur El Hiwar Ettounsi ou de la manière dont a été traitée la question de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire. Les tenants du projet, afin d’apaiser le courroux des endeuillés du slip, n’ont cessé de rabâcher que leur but était d’apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques.
Il faut comprendre que, sous nos cieux, le sexe ne doit jamais être évoqué comme un plaisir. Le seul discours sur la sexualité qui est plus ou moins toléré, c’est celui où l’on évoque la chose en termes de procréation humaine. L’évocation du plaisir sexuel en public est tout bonnement diabolisée et déclenche des réactions très agressives.
En écoutant les médias tunisiens, et au moment où l’on s’y attend le moins, on tombe souvent sur des personnalités publiques, connues pour leur progressisme et leur ouverture d’esprit, véhiculant un discours conforme à la doxa, voire reproduisant insidieusement des schémas traditionnels et aliénants destinés à conforter la populace dans ses certitudes.
Par exemple, il y a de cela quelques jours, sur les ondes de Diwan fm., dans l’émission La rue du tribunal, l’acteur Kamel Sayari, esprit libre et grand défenseur de la laïcité devant l’Eternel, n’a pas manqué d’insérer des propos réprobateurs et moralisateurs dans les passages du texte qui soulignaient que le jeune tueur dont il parlait vivait avec sa copine sous le toit des parents de cette dernière.
Il serait utile de préciser que le texte lu par Kamel Sayari a été rédigé par Imed Ben Hamida, un journaliste-dessinateur qui éprouve une aversion totale pour les islamo-conservateurs. D’ailleurs, IBH s’en donne à cœur joie aussi bien dans ses dessins que dans ses chroniques hebdomadaires. En revanche, sur Diwan fm., Kamel Sayari et Imed Ben Hamida se doivent d’être conformes à la doxa sociale. C’est vous dire la puissance du conformisme en Tunisie et de la violence sournoise qui se dissimule derrière le discours qui invite à ne pas choquer le public.
En somme, je ne vois pas les jeunes d’aujourd’hui, ceux qui ont moins de trente ans, une génération de khouanjia (Frères musulmans) qui a grandi dans la médiocrité et le conformisme intellectuel le plus grotesque, revendiquer leur droit au plaisir avant le mariage et se libérer sexuellement. Ils n’ont pas le bagage intellectuel nécessaire pour remettre en question un système de valeurs séculaires très pesant et pour braver des dogmes et des principes encore très vivaces et des plus vénérés.
A mon humble avis, les jeunes d’aujourd’hui risquent de reproduire le même schéma que celui de leurs aînés. Ils ne sont pas près d’expédier aux chiottes les principes qui légitiment la censure qui se pratique au nom de la morale et de la religion et ne peuvent avoir une conception de la sexualité autre que celle qui est téléologiquement orientée vers la reproduction.

6 commentaires:

  1. LE POIDS DES TRADITIONS : L'INFANTICIDE DES FILLES ...
    QUE PERPÉTUENT LES HOMMES ... MAIS AUSSI LES FEMMES !
    FATALITÉ ?
    QUE FONT LES RESPONSABLES POLITIQUES ??

    Pratique aussi courante au Pakistan, pays pourtant musulman, dont la religion interdit ces pratiques !
    Mais le wahhabisme qui cultive la haine pour les femmes, importé par Ben Laden au Pakistan, encourage à de telles pratiques !!

    http://www.dailymotion.com/video/xjrz3_un-genocide-silencieux_news

    RépondreSupprimer
  2. EN TUNISIE, LA PUDIBONDERIE GAGNE DU TERRAIN, DEPUIS QUE LA BIGOTERIE S'Y DÉVELOPPE AVEC L’ARRIVÉE AU POUVOIR DES FRÈRES MUSULMANS !

    Et dire qu'avec Bourguiba, la Tunisie était avant-gardiste et le seul pays du monde dit "arabe" à avoir abordé la contraception, l'avortement et plus généralement la sexualité ... dans un esprit d'émancipation des femmes par l'éducation et pour une politique de planning familial avec contrôle des naissances !

    Ce n'est pas lui qui aurait pratiqué la politique de l'autruche face aux nouveaux dangers qui guettent les tunisiens : drogues, MST, Sida ...

    https://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2014/03/hymen-national-malaise-dans-lislam.html?

    Jelila Benzarti :

    On a osé aborder avec des lycéen(ne)s la dépendance liée au tabagisme, à alcool, aux drogues; mais aussi des questions de santé intime, de serviettes hygiéniques, de protection lors des rapports sexuels, ...

    " Hèdhè 'ib " ! Cela ne se fait pas ! nous ont dit certains des parents présents, mais aussi et surtout des enseignants réfractaires aux changements que ces thèmes semblent gêner.

    " Hèdhè 'ib " ! " Rajil titquellim alê hèdhè maa nsè ? "
    " Cela ne se fait pas, qu'un homme évoque de telles questions devant des femmes ", disait une responsable du ministère de la santé au jeune homme venu attirer son attention sur ce problème de santé publique qu'est l'absence de serviettes hygiéniques.

    C'est ce que nous a jeté au visage une mère venue retirer sa fille de la session de formation et qui se justifiait de la sorte : " Je travaille à l'Office et je vous affirme que les questions que vous abordez ne nous concernent pas ".

    " 'ib " ! " Contraire aux bonnes mœurs " ! C'est probablement ce que pensent beaucoup de mes ami(e)s fb qui ne pipent mot sur nos statuts sur le sujet. Parmi eux, j'ai des élu(e)s, des ministres, des journalistes ... mais jamais le moindre commentaire !

    " Chnowa illi 'ib " ? Qu'est-ce qui est choquant ? Que nos jeunes d'Y-PEER nous déclarent à la fin d'une journée d'information sur tous ces sujets :
    " Ici tout se fait, mais ils et elles ne savent rien " !

    Pour info, la région de Fernana compterait, selon les statistiques nationales, 30% de personnes atteintes de MST.
    Et toujours rien sur les MST, ni sur les maladies liées au manque d'hygiène intime, ni sur les grossesses indésirées !

    " Mouch 'ib 3licom " ! Vous n'avez pas honte !
    N'est-ce pas criminel que des adultes décrètent ces sujets tabous, et interdisent d'en parler aux jeunes, alors qu'il y va de leur santé ?

    Et pourtant, quelle meilleure plate-forme de discussion que les réseaux sociaux pour informer ?

    RépondreSupprimer
  3. CIRCONCISION DES GARÇONS ...

    Saida Douki Dedieu :

    Je voudrais remercier toutes celles et ceux qui ont participé au débat sur la question tabou de la circoncision et leur restituer les leçons que j’en ai tirées.
    Tout d’abord, sur la forme, cet échange fut très riche (150 commentaires), et dans l’ensemble, d’une très haute tenue et d’une sérénité inattendue pour un sujet aussi polémique. Je rappelle que nous parlons de la circoncision sans but médical premier, que l’on appelle « rituelle » ou « religieuse » et que d’aucuns contestent au nom du respect de l’intégrité corporelle des individus, surtout en bas âge.
    Sur le fond, il apparait que la circoncision est probablement « l’une des plus antiques institutions de l’espèce humaine » qui pourrait remonter à 30000 ans, mais certainement à au moins 4000 ans. C’est dire qu’elle a précédé l’avènement des monothéismes. Par ailleurs, si on la situe avec précision, en Egypte à cette date, il est établi qu’il y a (eu) quantité de populations dans l’histoire et dans différents continents, en Afrique, en Asie, aux Amériques, sous des latitudes opposées (du Mexique à Madagascar) qui l’ont pratiquée et la pratiquent encore et, pour un grand nombre d’entre elles, indépendamment de tout contact avec une tradition monothéiste. Enfin, sa pratique perdure voire s’étend, malgré les disqualifications régulières dont elle fut constamment l’objet, et dont le christianisme en est l’exemple le plus abouti. Elle concernerait, aujourd’hui, le tiers de la population masculine dans le monde.
    Et c’est cette remarquable permanence qui interroge et qui laisse à penser que la signification profonde de ce rituel revêt une importance majeure pour les sociétés humaines, par-delà toute obligation religieuse ou intérêt hygiénique?
    Elle est indéniablement un marqueur identitaire, ethnique et religieux, qui inscrit le culturel dans le biologique. Elle est un marqueur identitaire sexuel qui surligne la différence des sexes. Elle est probablement un substitut mineur du sacrifice de l’enfant mâle à la divinité, courant dans le monde sémitique antique. Pour nombre d’auteurs, la circoncision de Jésus était assimilable au sacrifice d’Isaac par métonymie entre le sang du phallus et le sang sacrificiel. La circoncision est surtout, de l’avis des psychanalystes, la castration symbolique qui a permis le passage du matriarcat des origines au patriarcat. A l’échelle des individus, elle consacre la coupure du lien au clan maternel. Freud la définit comme un « fossile directeur » qui renvoie à une castration symbolique et à la soumission à la loi du père. Et le père de la psychanalyse, comme bien d’autres avant lui, considérait ce passage comme un progrès essentiel de l’humanité, qui consacrait la primauté du culturel et du symbolique sur le naturel biologique.

    RépondreSupprimer
  4. Youssef Seddik : Le carcan de la virginité

    https://www.youtube.com/watch?v=_3rjp_50ZPI

    RépondreSupprimer
  5. DE L'OBSESSION DE LA VIRGINITE

    Saida Douki Dedieu :

    Toutes les religions, et pas seulement l'islam, ont condamné les relations sexuelles hors-mariage mais non pour des raisons de moralité.

    Il s'agissait essentiellement de garantir la filiation paternelle selon le vieil adage: mater certissima sed pater semper incertus qui est autrement exprimé chez nous: " il est ton père si ta mère a dit vrai".

    La virginité comme la fidélité conjugale ne sont que les moyens, pour l'époux, de s'assurer de l'exclusivité du corps de la future mère, ou plutôt de ses ovules.

    Alors pour ceux qui continuent à s'angoisser quant à la paternité des enfants que leur femme mettra au monde, je rappelle que la médecine a beaucoup progressé, lors des siècles passés.

    Et si leur confiance en leur conjointe est si fragile, un test ADN peut toujours leur confirmer si elle est bien ou mal placée.

    En réalité, ils le savent mais s'ils s'accrochent avec tant de rage à la virginité, symbole de "pureté", c'est qu'elle est leur ultime façon de contrôler les femmes, qui ont conquis toutes les indépendances, juridique, politique, et surtout économique.

    L'exigence "religieuse" de pureté, désormais estampillée par un voile, est la dernière planche de salut des sous-hommes menacés de sombrer dans la mer de l'égalité.

    RépondreSupprimer
  6. " TEHERAN TABOU " sur Arte :

    Un film sur la condition des iraniens et surtout des Iraniennes soumis à un régime islamiste .... où règne l'hypocrisie et son corollaire la corruption à tous les niveaux, à commencer par les barbus enturbannés !

    Les destins croisés de trois Téhéranais aux prises avec les contradictions de leur pays. Ce film d'animation dresse le portrait d’une société où sexe, corruption et prostitution flirtent dangereusement avec les interdits religieux.

    À Téhéran, Pari élève seule Elias, son fils muet d’une dizaine d’années. Depuis que son mari, toxicomane, est en prison, elle n’a d’autre choix que de vendre son corps.

    Non loin de là, Sara, enceinte, étouffe entre une belle-mère acariâtre et un beau-père grabataire. Elle n’aspire qu’à travailler, une activité que son époux lui interdit.

    De son côté, Babak, un jeune musicien, trompe l’ennui entre quelques joints et des soirées en discothèque. C’est lors de l’une d’entre elles qu’il rencontre Donya, avec qui il passe la nuit. Le lendemain, la jeune femme lui avoue qu’elle se marie bientôt. Babak doit alors payer une opération pour lui refaire une virginité.

    En réalité Donya veut se refaire une virginité, pour la vendre à un riche arabe du Golfe ...

    Le petit Elias, muet fait office de " mohrem " pour chaperonner sa mère, qu'il doit accompagner partout : il voit et entend tout mais ne peut parler ... à l'image du peuple Iranien pris en otage par les barbus enturbannés qui l'infantilisent et l'abusent en instrumentalisant la religion !

    Vivement que les Iraniens dégagent les ayatollah du pouvoir !!

    https://www.arte.tv/fr/videos/058883-000-A/teheran-tabou/

    RépondreSupprimer