samedi 24 janvier 2015

ISLAM DES LUMIÈRES : POUR DEMAIN ?

LA LAÏCITÉ : Une chance pour réformer l'Islam de France !

Par laxisme et par populisme ou pire par électoralisme, les responsables politiques français, de droite comme de gauche, ont multiplié les brèches dans la laïcité qui ont permis l’immixtion des ces trois religions dans la sphère publique... avec le résultat que l'on sait; plus particulièrement pour l'islam depuis que le wahhabisme s'est invité en France avec la complicité des présidents Chirac & Sarkozy. 

Il faut que la laïcité reprend ses droits en France et que l'Etat conserve un droit de regard sur les prêtres des églises (au sens large) .... rôle dévolue au ministre de l'intérieur en France. 


" Les derviches avec leurs chapelets, les Califes avec leurs sabres ... 
les deux profitent de la misère (intellectuelle) des hommes ". 
Mohamed Iqbal - (Poète)

Article paru dans : 
Al Huffington Post
Agoravox

L’écrivain romain Sénèque, dans une phrase lapidaire, dit exactement ce qu’il convient de penser des religions : La religion est considérée par les gens ordinaires comme vraie, par les sages comme fausse et par les dirigeants comme utile ".
Cette phrase va servir de plan à l'exposé ci-après, sur le devenir de l’islam.

Cet écrivain a raison de dire que la religion est considérée comme vraie par les gens ordinaires. Ce faisant, il évoque le fait que l’origine des religions et des croyances religieuses est le fait d’une humanité à ses débuts placée devant un monde totalement mystérieux pour elle, apeurée par ses phénomènes naturels inexpliqués et par la mort. 
Ceux qui s’intéressent vraiment au problème, pourront lire le petit livre très bien documenté et qui se lit facilement de Frédéric Lenoir : « Petite histoire des religions ».

A partir de ce début qui a donné lieu aux Dieux multiples tenus pour vrais par les peuples, ce qui nous étonne aujourd’hui sans que nous ayons le même étonnement devant le Dieu monothéiste alors que le mécanisme de croyance est exactement le même; arriveront les divers monothéismes : judaïque, chrétien et musulman.

Cette foi, née initialement, de la peur du monde et de son incompréhension, s’est ensuite maintenue de génération en génération par la transmission parentale et sociale qui vous explique que né dans une famille juive, vous êtes juif, né dans une famille catholique vous êtes catholique et que né dans une famille musulmane vous êtes musulman; en somme vous l'êtes de père en fils pour ainsi dire. Voilà en effet pourquoi les gens ordinaires croient en la vérité de leur religion et pas en celle des autres.

Certains, ceux que Sénèque appellent les sages et qui sont en réalité ceux qui réfléchissent et ne se plient pas au conformisme social, ne croient pas. Ils sont soit complètement athées ne croyant pas en l’existence d’un Dieu, soit agnostiques ne croyant pas à la vérité des religions révélées qu’ils considèrent comme des créations purement humaines.
Le problème de l’existence ou de l’inexistence de Dieu est un problème métaphysique sans solution; d’abord parce que personne n’est vraiment d’accord sur ce qu’est ce Dieu (la nature, une énergie, un horloger ….) et que son existence ou son inexistence sont indémontrables.

Quant aux religions, une simple réflexion devrait aisément permettre de penser qu’elles sont en effet des créations humaines et rien qu’humaines.
Prenons les trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.
La plus ancienne, le judaïsme, date d’environ plus ou moins cinq mille ans. Or l’humanité  et cela est une certitude scientifique, remonte à des millions d’années ! Peut être pourriez-vous vous demander s'il est crédible que Dieu, s'il existe, ait laissé l’humanité qu’il avait créée des millions et des millions d’années sans message, sans religion et que tout à coup (allez savoir pourquoi) il se décide à proclamer son premier message ?
Comment admettre que Dieu qui se préoccupe de l’homme, nous dit-on, laisse l’humanité seule bondonnée à elle même pendant des millions d’année ? Ce n'est pas crédible.
Et que tout à coup il se réveille d’un long sommeil après sa création et décide d’envoyer un message. Est-ce crédible ?
Et puis ce premier message est contraire dans sa lettre à la réalité. Le monde, et c’est scientifiquement indiscutable, n’a pas été crée en une semaine ce qui n’a pas empêché les églises à le croire et à punir ceux qui ne croyaient pas en ces balivernes. Les théologiens se rattraperont plus tard, devant l’évidence scientifique, pour nous expliquer que le message est symbolique. Alors pourquoi l’avoir redit trois fois sous la même forme avec la même erreur ?
Voilà pour le temps. Mais la même question se pose aussi dans l’espace. 

Les trois messages ont été délivrés dans un espace du monde extrêmement réduit autour de la Palestine et de l’Arabie. Même avec sa diffusion très large, il y a eu et il y a encore des millions et des millions d’hommes qui ne connaissent rien de ces messages. Est-ce crédible qu’un Dieu, soucieux de l’humanité, laisse ainsi des millions et des millions d’hommes éloignés de ses messages ? Y aurait-il pour ce Dieu des hommes qui mériteraient d’entendre son message et d’autres non, des peuples élus et d'autres dont il se désintéresserait de leur sort ? Qui peut croire sérieusement cela ?

Et pourquoi trois messages : l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran. Un seul ne suffisait-il pas ? Voilà donc un Dieu, tout puissant omniscient et qui se reprend par trois fois pour adresser son message.
On nous dit cela a été rendu nécessaire parce que les hommes n’ont pas respecté les messages. Cette réponse n’est absolument pas satisfaisante. Si tel était le cas, pourquoi avoir changé la teneur du message ? Il fallait reprendre le même et taper du poing sur la table.

Non. Tout démontre que les religions sont des créations des hommes, que ces créations ont évolué avec l’histoire et qu’elles se ressentent, notamment par la prédominance faite à l’homme, du contexte historique dans lequel elles ont été crées.
Mais pour autant, on ne connaît pas d'athées qui en veuillent aux croyants. Les athées pensent simplement que les croyants se trompent mais cela ne va pas plus loin. Leur tolérance n'a jamais excité de guerre civile ; alors que l'intolérance a couvert la terre de carnage ", disait Voltaire
Le seul exemple dans l’histoire de lutte contre les religions a été donné par le communisme qui était en vérité une idéologie criminelle comme l’histoire l’a suffisamment montré, même si on peut regretter que trop de prétendus intellectuels aient cru devoir soutenir ce genre d’idées ineptes.
L’écrivain qui représente le mieux cette école de pensée, c’est Albert Camus. Il était athée mais il respectait les croyants disant seulement qu’il n’avait pas pour sa part pu « entrer dans cette foi ». Il pensait même que les croyants pouvaient être utiles, à condition de respecter les enseignements de l'évangile. Mais il n’est jamais tombé dans une autre idéologie, ayant combattu avec force le communisme dans " l’Homme révolté ".
Une étude scientifique récente donne raison sur ce point à Sénèque. Elle établit que plus les gens sont instruits, plus ils sont athées ou agnostiques. Ce qui explique la volonté des islamistes de cultiver l'obscurantisme !

Enfin et c’est le troisième élément de la phrase de Sénèque : « Les dirigeants  considèrent la religion comme utile ».
De tous temps les gouvernants ont utilisé la religion pour asseoir leur pouvoir allant jusqu'à prétendre être les représentants de Dieu sur terre. Commode, en effet pour dominer les hommes. Comment voulez-vous contester un pouvoir qui se réclame du divin ? Cela va des Pharaons aux Empereurs romains se qualifiant eux-mêmes de Dieu; du pouvoir absolu de « droit divin » des Rois de France aux Califes autoproclamés héritiers du prophète Mohamed; jusqu'aux partis islamistes qui de nos jours instrumentalisent la religion pour accaparer le pouvoir et maintenir les peuples dans l’ignorance.
Même Napoléon, pourtant produit de la révolution française, pour asseoir son pouvoir, s’est tourné vers l’Eglise et avait espéré que Chateaubriand et son « Génie du christianisme » l’y aiderait.

Tout le progrès de l’humanité a été de réduire cette place du divin dans la gouvernance. Ce progrès n’a pas été sans heurts et sans excès car si la religion est choquante quand elle est instrumentalisée et devient un instrument de prise du pouvoir, peut avoir des effets positifs dans la vie individuelle des personnes et peut favoriser l’épanouissement de ceux qui croient sincèrement. Si les religions peuvent aider les hommes à vivre, tant mieux ! 
Mais l’expérience montre qu’elles ont aussi des conséquences quelques fois contraire à l’intérêt des hommes. Elles ont produit des drames innombrables : les croisades, l’inquisition, l’évangélisation et l'islamisation à coup de sabres, les guerres de religion, la participation des Eglises à des crimes politiques comme ceux, abominables, commis par l’Eglise Espagnole pendant la guerre d’Espagne ... et maintenant l’islamisme criminel. 
Il est vrai qu’a côté de ces horreurs, le sentiment religieux a produit grâce à des artistes innombrables, des beautés architecturales, picturales et littéraires sans pareil; l'homme ayant réservé le meilleur de lui même pour magnifier et honorer ce qu'il a sacralisé et adoré.

La grande difficulté est donc de trouver la juste place de la religion. Sur ce terrain, la France depuis l’horreur des guerres de religion et grâce au travail des grands intellectuels du siècle des Lumières, est parvenue petit à petit à trouver cet équilibre, non sans heurts, avec l'Edit de Nantes d'abord, puis la Déclaration des Droits de l’Homme et enfin la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à l'origine de la laïcité.

Les Etats « musulmans » qui veulent aller vers le progrès, c’est vers des solutions semblables qu’ils devront aller. C’est la raison pour laquelle la solution viendra certainement des musulmans de France, à condition que le pouvoir politique y prête la main.

L'Islam ne connaissant pas d'autorité centralisée du culte, les musulmans vivant en France doivent pouvoir créer, comme on l’a dit si souvent, un Islam de France qui par son rayonnement et son humanisme pourra aider bien au delà de l'hexagone d'autres musulmans. Car pour repenser l'Islam et remettre à plat cette religion, il faut disposer de la liberté d'expression, ce qu'aucun pays "arabo musulman" ne garantit actuellement ! 
Les musulmans ne pourraient faire l'économie de cette remise en question de leur religion pour l'adapter à notre époque s'ils veulent rattraper leur retard et rejoindre les civilisations qui ont progressé depuis qu'ils ont fait ce "travail" sur leur religion qui devenait un frein pour leur développement.
Déjà de nombreux intellectuels l’ont dit et ont œuvré en ce sens : Des scientifiques et théologiens tels que Mohamed ArkounAbdelwahab MeddebMohamed Talbi, Soheib BencheikhAbdennour BidarYadh Ben AchourMalek Chebel; mais aussi des écrivains tels que Boualem Sansal, Tahar Benjelloun, Kamel Daoud, Mahmoud HusseinLydia Guirous et certainement beaucoup d'autres encore; et même un mouvement citoyen.
Tous ceux-là ont montré que pouvait prévaloir une interprétation du Coran autorisant la liberté de croire ou de ne pas croire, exhortant les hommes à vivre en paix, l'invitant à la fraternité et à l’ouverture plutôt qu'au renfermement et au rejet de l'autre. 
Tous sont unanimes pour dire que l'islam peut s’accommoder des valeurs de la Républiques françaises et de la première d'entres elles qui est la laïcité, règle fondamentale du vivre ensemble.
Le Coran le permet et c’est donc une question d’éducation pour que cette vision se propage plutôt que la vision obscurantiste et violente qui s'est répandue en France depuis la chute du mur de Berlin.
Or malheureusement ces intellectuels n’ont pas été suffisamment entendus par les musulmans eux-mêmes ni par le pouvoir qui a une grande responsabilité dans ce qui se passe depuis que l'islam des musulmans de France est pris en otage par le wahhabisme, cette obédience obscurantiste et dangereuse venue d'Arabie. Les responsables politiques par manque de culture ou pire pour des raisons bassement électoralistes, ont laissé se développer en France une vision obscurantiste du Coran, en fermant les yeux sur le wahhabisme que diffusent les pétromonarchies, d’Arabie Saoudite et du Qatar entre autres, à coup de milliards dépensés dans ce prosélytisme contre leurs pétrodollars pour renflouer l'économie française.
La France a laissé s’installer et prêcher des imams endoctrinés au wahhabisme, plus ou moins instruits. Elle a laissé se propager sur son territoire les prêches télévisés de ces imams arriérés qui, par l’habileté du discours, ont contaminé les moins instruits des  citoyens. Elle a laissé se diffuser dans divers lieux des brochures ineptes donnant une vision des plus obscures du Coran et de son interprétation, brochures venant souvent de cette Arabie arriérée.
Ce pouvoir a, en voulant organiser l’islam de France, laissé des obédiences attachées à ces interprétations les plus arriérés du Coran se développer sur le territoire et occuper des postes de responsabilités au CFCM par des hommes convertis au wahhabisme. CFCM où est apparue l'UOIF proche, quoiqu'elle prétende, des "Frères musulmans". Cela a été la grave faute de Sarkozy dont on sait la proximité douteuse avec le Qatar.

Tout cela joint à un abandon scandaleux des jeunes de banlieue, que le Premier Ministre Manuel Valls qualifie d’apartheid, a permis la situation actuelle où des jeunes mal instruits, abandonnés sur le plan de l’emploi, versant dans la délinquance; se laissent entraîner par des imams autoproclamés, wahhabites, jusqu'à les pousser à des crimes abominables.
Le pouvoir n’a pas pu ignorer cela qui dure depuis plus de vingt ans. Il semble se réveiller après la tragique attaque de Charly Hebdo. Certains hommes politiques aussi. Acceptons cette prise de conscience, quelle soit une chance de se ressaisir et que les musulmans de France profitent aussi de cette occasion pour faire évoluer les choses et conformer leur religion aux valeurs de la république française, en réalité aux valeurs universelles.

Pour cela il faut agir sur deux volets, tout aussi importants l’un que l’autre :
- Un volet général qui est le développement de l’éducation dans les banlieues. Il n’ y aura de solution qu’en élevant le niveau du savoir, en aidant au développement économique et social de ces banlieues, en faisant par une politique volontaire et vaste diminuer les ghettos en développant la mixité sociale. Ce volet prendra du temps mais il est nécessaire.
- Un volet plus spécifique à l’Islam : Il faut que le pouvoir cesse de se voiler la face devant le désastre que constitue le prosélytisme wahhabite. Il lui faut aider le mouvement des intellectuels musulmans qui veulent développer un Islam moderne, acceptant la liberté et la séparation du religieux et de l’Etat. Aider ceux-là signifie aussi ne plus tolérer, en tous cas dans les mosquées et les centre culturels en France, les adeptes du wahhabisme qui est incompatible avec les valeurs de la France. Pour cela il est impératif que l'Etat contrôle les financements et les personnes qui gèrent les lieux du culte et les centres culturels musulmans de France. Ne plus laisser les prédicateurs d'Arabie et du Golfe venir diffuser le wahhabisme dans les mosquées ni profiter des rassemblements du Bourget pour faire le prosélytisme à l'obscurantisme. 

Je suis pour que l’on restreigne la liberté de l’Internet pour limiter la diffusion de cette idéologie mortifère et que l’on arrête aussi la diffusion sur le sol français les télévisons des pétromonarques qui diffusent le poison wahhabite à longueur de prêches. Télévisions qui appellent au jihad et qui par leurs enseignements contreviennent aux valeurs de la République.
Certains objecteront que cela est contraire à la liberté d'expression et c'est ce que disait un sociologue récemment dans Bibliothèque Médicis qui insistait sur le fait qu'en démocratie on ne peut sanctionner que lorsqu'il y a passage à l'acte. Le problème c'est que ces obédiences obscurantistes entraînent des passages à l'acte divers et variés quand dans certains endroits, les femmes ne peuvent plus circuler librement sans être voilées par exemple et qu'il y ait atteinte évidente aux valeurs de la République. 
Car quand on est en guerre comme le dit Manuel Valls, et ici il est évident qu'il s'agit d'une véritable guerre contre un cancer de la pensée, on est contraint d'adopter des dispositions particulières. 
Souvenons-nous toujours de cette phrase si juste de Saint-Just : " Pas de liberté pour les ennemis de le liberté " !

Rachid Barnat

2 commentaires:

  1. Un islam à réformer ?

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/19/un-islam-a-reformer_4559220_3232.html

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