mardi 5 janvier 2016

Les tunisiens sont-ils acculés à choisir entre BCE et le pire ?

Un rappel, en appelle un autre ...
Il est un fait avéré : la Tunisie manque cruellement d'hommes politiques pour cause de dictature depuis son indépendance. Mais est-ce une raison pour taire les trahisons d'un BCE qui a été plébiscité par tant de tunisiens pour mettre un terme à l'islamisation de leur société en leur servant avec Nidaa Tounes, de rempart contre les Frères musulmans; alors qu'ils voient de jour en jour l'islamisme gagner du terrain jusqu'au sein des rouages de l'Etat ?
Il est utile de rappeler aux tunisiens leur récente histoire, mais il est encore plus utile de rappeler à BCE et à Nidaa ce pourquoi ils ont été portés au pouvoir !
R.B
Que ceux qui ont un meilleur choix que Béji se manifestent et s’imposent !

Une année 2015 s’achève, une année 2016 commence et la vie continue. On s’accorde à dire que l’année passée était dramatique aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. 
Celle-ci le serait-elle moins ? Meilleurs vœux à tous mes lecteurs quels qu’ils soient, il faut garder l’espoir, il est vital ! Sur les réseaux sociaux, une photo tente d’insuffler cet espoir en montrant que l’année 2016 reflète la joie. 
Vu d’où l’on venait, ça ne devrait aller que vers le mieux … 

Et, tout compte fait, l’année 2015 n’était pas pire que les trois années qui l’ont précédée. Nous avons juste une mémoire un peu trop courte.

Il y a un an, Béji Caïd Essebsi faisait son entrée au palais de Carthage après son éclatante victoire à la première élection présidentielle post-révolution. Une élection réellement démocratique avec un résultat incontesté et ceci est déjà une avancée majeure pour le pays. On ne remerciera jamais assez Chafik Sarsar, son équipe et tous ceux qui ont participé à ce succès de la démocratie tunisienne.

Je lis, ici et là et y compris à Business News, le bilan d’un an de Béji Caïd Essebsi à Carthage et, pour beaucoup, ce bilan est négatif. On étale les chiffres au rouge, on rappelle sa coalition avec les islamistes, on relève la détérioration de la situation sécuritaire et, inévitablement, on n’oublie pas de mentionner la guerre fratricide au sein de son parti Nidaa.   

Ceux qui ont soutenu Béji Caïd Essebsi sont montrés du doigt et « accusés » d’avoir fait monter un « vieux de 90 ans » pour diriger une jeune démocratie. Entre eux, les fans de Béji parlent de regret et de déception et s’interrogent s’ils n’avaient pas fait un mauvais choix. Surtout quand ils voient le « fils de » prendre position, comme s’il s’apprêtait à récupérer un héritage.

Béji, un mauvais choix ? Peut-être. Son bilan est-il négatif ? Oui sans aucun doute, tout à fait objectivement. 
Et si c’était à refaire, pour qui ceux qui ont voté pour lui, voteraient-ils ? Marzouki peut-être ? 
Tunisiens, n’oublions pas d’où l’on venait, ni ce que nous sommes ! 

Flash back :

Il y a six ans, en janvier 2010, on était, en écrasante majorité, des poltrons incapables d’avoir une discussion politique dans un café.
A quelques exceptions près, les leaders politiques d’aujourd’hui étaient soit cachés sous le lit, soit confortablement installés à l’étranger. Pour les rares exceptions qui osaient chuchoter la vérité, ils étaient soit résignés, soit prêts à composer avec le régime despotique, question de lutter de l’intérieur du système afin que le régime mette de l’eau dans son vin. Pour tout le reste, il n’y avait que des opportunistes qui ambitionnaient d’obtenir un poste dans le système ou qui avaient une rente de l’étranger pour jouer le rôle de l’opposant. Sans parler de ceux au double visage (notamment parmi les islamistes) qui rédigeaient les rapports de délation contre leur propre camp.

Il y a cinq ans, en janvier 2011, juste après la révolution, il a été décidé de récompenser tous ceux qui étaient « brimés » par l’ancien régime. Anciens terroristes, militants sincères, exilés, taupes, délateurs, rentiers de l’étranger et fuyards dans des affaires de droit commun, ils ont tous été logés à la même enseigne et estampillés « militants contre la dictature ». A des degrés divers, et à quelques exceptions près, ils ont tous obtenu une récompense sous forme de poste ministériel ou à l’administration, siège à l’ANC ou l’IVD ou indemnisation matérielle.  

Il y a quatre ans, en janvier 2012, un régime parlementaire est décidé dans l’antichambre islamique et Moncef Marzouki venait de faire son entrée au palais de Carthage après des années passées dans le confort parisien. Avec lui, il y avait à Carthage Imed Daïmi (il était fuyard à Paris), Adnène Mansar (il était sous le lit), Tarek Kahlaoui (il était étudiant aux Etats-Unis), Samir Ben Amor (il était délateur), etc...

Au même moment :
Hamadi Jebali venait de faire son entrée à la Kasbah pour diriger le gouvernement en récompense pour ses quinze années de prison. N'était-il pas accusé de terrorisme ? Non, il était militant victime de la tyrannie, a-t-on décidé.
Ali Laârayedh faisait son entrée au ministère de l’Intérieur. N'était-il pas accusé de terrorisme ? Non, il était militant, victime de la tyrannie, a-t-on décidé.
Abdellatif Mekki faisait son entrée au ministère de la Santé. Même pedigree que sus-cités.
Abdelkrim Harouni faisait son entrée au ministère du Transport. N'était-ce pas lui qui avouait l’attentat de Bab Souika et qui voulait libérer les terroristes de l’attentat de Soliman ? Pourtant il est devenu ministre.
Moncef Ben Salem faisait son entrée au ministère de l’Enseignement supérieur où il a profité pour se donner à lui-même une ancienneté de deux décennies en tant que professeur, avec les avantages et les indemnités qui vont avec.
Abdelwaheb Maâtar faisait son entrée au ministère de l’Emploi après avoir été impliqué dans une affaire de mœurs ;
Sihem Badi faisait son entrée au ministère de la Femme après avoir fui à l’étranger pour une affaire de droit commun;
Et la liste est longue, longue, longue.

En cette année 2012, à sa première sortie médiatique, Moncef Marzouki annonce la concrétisation de la vente des avions présidentiels (en donnant les prix, svp !) et sa décision de mise en vente des palais présidentiels. Ce n’était que le préambule à des milliers d’annonces mensongères et de décisions abjectes où l’on a vu son « Livre noir», un ouvrage de règlement de comptes, destiné à faire taire les médias; sans oublier le jeune condamné à sept ans de prison qu'il a maintenu en prison pour « sa sécurité  ».

En cette année 2012, nous avons vu la « ghazouat el mongala », le tabassage par les policier, du 9 avril, l'invasion de l'ambassade US, la chevrotine de Siliana, les agressions de nos intellectuels, les attaques de nos centres culturels, le sit-in d’intimidation devant la Télévison tunisienne, la campagne « Ekbess » ...
Et la liste est longue, longue, longue.

En cette année 2012, les « maîtres penseurs » s’appelaient Wajdi Ghenim (le spécialité de l'excision des filles), Adel Almi (vendeur de légumes), Khamis Mejri (refoulé de France) et Béchir Ben Hassen (recherché par Interpol). Au même moment, Abou Iyadh (terroriste libéré) tenait ses meetings et Noureddine Khadmi (agent double, devenu ministre) faisait ses prêches.

Et toujours en cette même année, le chef du gouvernement extradait des réfugiés vers l’enfer pendant que le président de la République passait son week-end en hélico au Sahara.

Il y a trois ans, janvier 2013, Chokri Belaïd était encore parmi nous, tout comme Mohamed Brahmi, et Socrate Cherni. Ils croyaient, tous les trois, avoir déjà atteint le pire avec ce qu’ils ont vu en 2012. 
Mais le pire, ils le connaîtront en cette année 2013. La Tunisie était sur une autoroute à cinq voies pour se somaliser. Encore un peu, et il n’y aurait plus eu d’Etat. 
On ne parlait plus économie, on parlait de survie du pays trois fois millénaire. Il suffisait d’aller à l’avenue Habib Bourguiba, où l’on grillait le merguez sous les fenêtres de l’Africa, pour se rendre compte que la Tunisie était déjà aux abîmes.

Les conditions étaient réunies pour qu’il y ait un long et inoubliable sit-in au Bardo pour délivrer la Tunisie de l’ANC, de Marzouki et des islamistes dont le mandat se terminait alors qu'ils s'incrustaient !

Béji Caïd Essebsi
Le pouvoir était à ramasser, il fallait juste trouver un homme ayant le mode d’emploi capable de le faire. Les hommes politiques étaient tous là, dans la course, et on ne leur demandait qu’une chose : nous débarrasser de ceux qui ont conduit la Tunisie vers l’abîme.

Dans cette course, c’est le « vieux » qui a gagné. Les Tunisiens l’ont élu. Les « jeunes » qui étaient assis derrière leur écran en train de cliquer « j’aime » sur Facebook n’ont pas fait mieux. Au mieux, ils sortaient gueuler. Où étaient les « militants intègres, patriotes, compétents et blancs comme neige » ? Ils ressassaient leur passé sans être capables d’unir 500.000 personnes autour de leur projet d’avenir.
C’est connu, il est plus facile de devenir premier que de le rester. Les différents hommes politiques de l’opposition ont été, trois ans durant, incapables du facile. Que dire alors du difficile ?

Ceux qui sont aujourd’hui en train de parler du bilan négatif de ceux qui sont au pouvoir, ne semblent pas avoir une meilleure alternative à proposer. On présente 2015 comme dramatique, pire que 2012 et 2013. Allons donc !  
Pourquoi sommes-nous acculés à choisir entre « le vieux » et le pire ? Parce que c’est ce que nous méritons ! Tout comme nos médias, nos policiers et nos magistrats, nos politiques sont comme les autres citoyens. 
Ils reflètent tous la société qui est la nôtre. Une société qui veut augmenter son salaire sans produire, qui demande à l’Etat davantage de budget sans payer ses impôts, qui demande des crédits aux étrangers tout en leur interdisant l’ingérence, qui demande aux autres d’être des pros alors qu’elle même est fainéante...

Il est temps aujourd’hui de se regarder dans la glace avec courage et d’accepter son image réelle pour pouvoir évoluer vers le mieux. 

Vous voulez que BCE ait un bilan positif et que les médias, les magistrats et les policiers ressemblent à leurs homologues des pays démocratiques ? Soyez-le vous-même d’abord et vous leur donnerez à eux les moyens de le devenir !


3 commentaires:

  1. HÉLAS !

    Jean Pierre Ryf :
    Ce texte a la mérite de rappeler un certain nombre de faits que les tunisiens ont,en effet, tendance un peu à oublier; et c'est bien.

    Il est aussi un constat sans appel du fait que ce pays manque cruellement d'hommes politiques d'envergure et que pour le moment, on voit mal qui pourrait remplacer M. Beji Caïd Essebsi.

    Mais cela n'enlève rien au fait que l'on peut regretter, et fortement, que le pays soit dirigé par une coalition sans projet, qui tire à hue et à dia et qui, de jour en jour, fait régresser le pays.

    Je reste persuadé que l'alliance avec Ennahdha est une grave erreur et qu'un autre chemin était possible ainsi que le montre un sondage récent qui établit que 83% des tunisiens sont contre les partis qui instrumentalisent la religion et qui ne peuvent en aucun cas apporter le progrès.

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  2. Sondage. 27% des Tunisiens sont islamistes, dont 20% de salafistes
    Donc pas étonnant que la Tunisie tombe de plus en plus bas, car avec 20% de pro terroristes, et un gouvernement qui tend la main aux saoudiens et aux qataris et qui soutient leurs guerres arabo-sunnites, on est mal barrés.http://numidia-liberum.blogspot.com/2016/01/sondage-americain-27-des-tunisiens-sont.html

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