vendredi 29 avril 2016

Le danger d'être gouverné par des complexés de l'Histoire

Des générations d'algériens sacrifiés par un FLN qui n'a pas fini de régler ses comptes à la colonisation française ! Aveuglés par leur haine de la France, les hommes du FLN ont cru bon d'arabiser à tout va une société berbère qui en fin de compte ne maîtrise ni l'arabe, ni le français et encore moins le berbère. Erreur "politique" qui profitera au FIS, branche algérienne des Frères musulmans, qui voulant faire recouvrer son identité "arabo-musulmane" au peuple algérien, lui vendra le wahhabisme en lieu et place du soufisme et du malékisme ancestral qui ont façonné la société algérienne et le model sociétal qui va avec importé d'Arabie ! 

Voilà ce qui arrive quand les gouvernants sont des complexés de l'Histoire ! 

Ce que les Frères musulmans d'Ennahdha au pouvoir en Tunisie font avec la bénédiction d'abord de Marzougui & de Ben Jaafar; puis curieusement de celle de Béji Caïd Essebsi !

R.B

AHMED TESSA

L’IMPOSSIBLE ÉRADICATION, L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS EN ALGÉRIE

Ahmed Tessa aborde la problématique de la place de la langue de Molière en Algérie. Ancien normalien et homme de communication, l’auteur jette un regard sévère sur les politiques éducatives suivies depuis 1962 qui ont, selon lui, abouti à un niveau affligeant des élèves et des étudiants en arabe et en français à cause d’une arabisation précipitée de l’enseignement et le rejet de la langue française pour des considérations politico-idéologiques.

Ahmed Tessa avertit de prime abord que ce n’est pas la belle langue de Naguib Mahfouz et d’El-Mutanabbi qui est la cause des mauvais rendements du système éducatif algérien. “La responsabilité en incombe aux décideurs politiques de l’époque qui étaient pressés d’arabiser pour défranciser.”


Pour lui, tout a commencé par le recrutement de moniteurs sans niveau, puis l’injection des élèves des zaouïas et des instituts religieux dans l’éducation nationale, sans formation adéquate, juste pour arabiser rapidement. Il y a eu aussi le recours aux “coopérants” égyptiens d’un niveau affligeant et vecteurs d’une idéologie contraire aux valeurs séculaires de l’Algérie.


Ahmed Tessa ajoute : “En 1981, avec l’école fondamentale, a eu lieu l’aberration de la pédagogie au forceps qui va déstabiliser l’école algérienne et qui a abouti à la faiblesse des performances linguistiques et scientifiques de nos élèves et de nos étudiants.” Il cite des pédagogues, linguistes, sociologues et hommes politiques algériens qui avaient averti à l’époque les autorités sur les risques de la démarche suivie en matière d’enseignement dans notre pays. Mais, selon l’auteur, les motivations idéologiques et politiques des décideurs étaient plus fortes, d’où le bilan marqué selon lui par la médiocrité du niveau et le clivage dangereux entre arabisants et francisants.


Cependant, s’interroge Ahmed Tessa, ce bilan est-il irrémédiable ou existe-t-il des solutions ? Tout en évoquant quelques améliorations de ces dernières années, il préconise d’assumer le bilinguisme arabo-français, aussi précocement que possible, auquel s’ajoutera tamazight, comme solution aux problèmes de l’enseignement. Ceci permettrait la continuité linguistique entre la famille, l’enseignement et la société.


Ahmed Tessa constate que toutes les politiques “d’éradication du français” ont échoué, puisque la littérature algérienne d’expression française a explosé avec une nouvelle génération d’auteurs. Il évoque aussi la multiplication des écoles privées qui dispensent des enseignements en français, la rue algérienne qui pratique encore la langue de Victor Hugo (même de manière imparfaite), la prolifération des médias en langue française, et l’engouement des jeunes pour internet. Si le français est une langue utilisée, pourquoi ne pas l’arracher au statut de concurrent de l’arabe que certains veulent lui imprimer ?


La solution, selon l’auteur, est d’en faire un instrument d’ouverture sur le monde, les sciences et la technologie, dans une relation décomplexée avec la langue arabe et tamazight. C’est ainsi qu’Ahmed Tessa esquisse son idée de réconciliation entre les langues qui doivent exprimer la richesse et la diversité culturelles et linguistiques de l’Algérie et favoriser son ouverture sur la modernité.


Voilà un livre qui suscitera bien des réactions. Au-delà des avis des uns et des autres, son mérite est de briser un tabou et d’inviter à un regard objectif sur la question.


                                                                                                                              Ali Berdici




Le consensus a fini par avoir raison de Nidaa Tounes

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Rym Mourali 

Le projet de société d’Ennahda progresse en Tunisie 

Rym Mourali, ancien bras droit de Kamel Morjane au parti Al-Moubadra et co-fondatrice du nouveau Parti de l’indépendance tunisienne (PIT), est l'une des rares voix féminines de la politique tunisienne. Elle livre à Jeune Afrique son analyse critique de l'évolution démocratique de son pays depuis les élections et la nouvelle Constitution de 2014.

Jeune Afrique : Comment analysez-vous l’évolution de la scène politique tunisienne depuis les élections de 2014 ? Certains dénoncent une comédie…
Rym Mourali : Pour une pièce, c’en est vraiment une et en plusieurs actes d’ailleurs. Les protagonistes l’ont-ils choisi ou est-ce à leur insu qu’ils s’inscrivent dans le registre du tragi-comique ? On pourrait en rire s’il ne s’agissait du devenir d’une nation. En clair, cette tragédie comporte trois aspects : d’un coté les défaillances du parti majoritaire ; de l’autre le silence assourdissant de toutes les autres composantes politiques après les élections de 2014 ; et enfin le double-discours permanent du parti islamiste qui veut à la fois présenter une image avenante à l’international tout en continuant de phagocyter toutes les structures de l’État, en faisant commerce des clés du paradis à travers les mosquées et en s’autoproclamant gardien de la foi.
Y a-t-il un avenir pour les partis en dehors de la bipolarisation de la vie politique autour d’Ennahdha et de Nidaa Tounes ?
Après les élections bon nombre de partis se sont installés dans l’expectative face aux conséquences tant redoutées du pacte Ghannouchi-Béji Caïd Essebsi : la bipolarisation. Les élections de 2014 ont sinistré la scène politique voilà un an etreporté l’émergence d’une vraie culture démocratique. Force est de constater que nous ne sommes pas dans une démocratie bi-partisane mais dans une dictature de l’absolu. En neutralisant le choix démocratique, le couple dominant a perverti le sens même des élections puisque nous nous retrouvons dans une situation absurde où même si Ennahdha n’est pas ostensiblement au pouvoir, son projet rétrograde progresse au sein de la société ; au moment où les pourfendeurs de Mustapha Ben Jaafar – fondateur d’Ettakatol et allié de la troïka en 2011 – se complaisent à reproduire les mêmes compromissions en trahissant une nouvelle fois la confiance accordée et l’essence même du mandat que le peuple leur a confié.
Quant aux autres composantes politiques, trahir la confiance des électeurs est sans aucun doute le meilleur moyen de se saborder. Ne résisteront que les partis porteurs de véritables projets et d’une vision patriotique. « Que ne vive point en Tunisie qui ne sert dans ses rangs », c’est la maxime inscrite au cœur de notre hymne national.
Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire aux Tunisiens ?
Les Tunisiens acceptent la vérité même si elle est difficile et même si elle implique des sacrifices. Nous sommes un peuple lucide. Toutefois, les gens ne supportent plus une certaine hypocrisie. Demander des sacrifices sans réduire le train de vie de l’État ou bien encore, solliciter la population pour combattre le terrorisme alors que le pouvoir judiciaire libère à tour de bras ! Ce que l’on croit être un manque de lucidité n’est que le refus du dogme d’un consensus vicieux et pervers.
À force d’ériger le consensus en totem de la vie politique, on ne fait plus de politique mais une sorte de diplomatie munichoise qui conduit au désastre ; faut il rappeler qu’il n’est point possible de concilier deux modèles de sociétés [islamiste et libéral, NDLR] à l’opposé l’un de l’autre ?
Que préconisez-vous comme issues possibles ?
Pour pouvoir envisager des issues, il faudrait d’abord trancher au sujet de certaines questions qui, malgré les longs discours se voulant réconfortants, restent en suspens. La question du modèle de société est fondamentale ; il ne faut pas oublier que la religion associée à la politique n’est nullement l’expression d’un conservatisme mais plutôt d’un intégrisme, et qu’aujourd’hui, après le 14 janvier 2011, notre échiquier politique s’est doté d’une composante frériste qui promeut un projet s’inscrivant totalement à l’opposé de ce qu’est la Tunisie post-indépendance et de ses aspirations populaires. Cependant, il ne faut pas occulter d’autres batailles non moins importantes qui, si elles étaient menées et gagnées, constitueraient des issues à certaines crises.
Nul ne peut nier que, depuis mars 2011, les caisses de l’État ont subi une saignée sans réserve ni retenue. Nos hommes politiques pensaient que l’élaboration d’une nouvelle Constitution permettrait d’obtenir les soutiens financiers tant convoités, omettant le fait que les solutions pour la Tunisie n’émaneront pas d’une politique attentiste ou d’agendas dictés. Durant cinq ans, les responsables politiques en place ont fait le choix de l’assistanat et de regarder du côté des pays étrangers. Nous avons quémandé de l’aide, tendu la main, pour obtenir quoi, finalement ? Des condoléances pré-formatées après chaque attentat, des visites éclair, des promesses creuses.
Et un prix Nobel ?…
Oui mais peut-il garantir la couverture des dettes qui s’amoncellent auprès du FMI, de la Banque mondiale et j’en passe ? Aura-t-il un impact sur la création d’emplois, sur le tourisme secteur plus que sinistré aujourd’hui ? Non, de toute évidence : soyons réalistes ! Nous avons négligé la chose la plus importante, c’est à dire de prendre conscience que le problème est fondamentalement tunisien, que l’alternative ou la solution ne peut être que tunisienne et pas dictée de l’étranger. D’ailleurs, il est naïf de croire que l’étranger puisse offrir une aide quelconque sans un retour sur investissement direct et conséquent.
La Tunisie fait partie d’une région qui montre aujourd’hui sa capacité à devenir un acteur important au niveau économique, politique et géostratégique. Aucune construction de l’avenir ne peut se réaliser en dehors du cadre maghrébin, il est impératif de mettre en application un programme d’intérêt commun avec ses composantes économiques, politiques et culturelles, en tenant compte des dimensions africaines et méditerranéennes. L’intégration de cette région par étapes permettra à la Tunisie de conforter son modèle de développement et de construire avec ses partenaires un espace dont on devra tenir compte, mais il faudrait d’abord et avant tout rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays – sans oublier aussi d’aider l’administration à reprendre confiance en elle.
Les femmes sont rares en politique et dans l’exécutif. Accepteriez-vous un poste au gouvernement ?
D’abord ce gouvernement est un gouvernement d’équilibre parlementaire. De facto, nous qui ne sommes pas encore au Parlement, nous n’avons pas vocation à y être. Ensuite nous pensons que le vrai jeu démocratique consiste à ce qu’il y ait une opposition active face au gouvernement. D’ailleurs, nous considérons comme inappropriés et non constructifs les différents appels lancés par Ennahdha et ses acolytes à élargir la coalition gouvernementale. Cette volonté de vouloir institutionnaliser le consensus vide les actions de leur substance. Il est impératif aussi de concevoir une opposition constructive et dynamique en dehors de l’Assemblée.
Propos recueillis par Frida Dahmani  

L'islamisation de la société tunisienne se poursuit avec l'aide de Béji Caïd Essebsi !

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La Tunisie et l’alliance stratégique islamo-nidaïste 
Beaucoup de ceux qui ont perdu leur temps dans les files d’attente lors des dernières élections législatives et présidentielle se mordent les doigts d’avoir par leur vote contribué à la victoire d’un parti et d’un président qui, au fil des jours et des mois, se sont révélés d’une incapacité effrayante à prendre en charge la gestion des problèmes catastrophiques qui paralysent le pays.
Un parti qui ne peut pas préserver son unité et résoudre ses problèmes internes sans exploser, ne peut pas assumer les responsabilités vitales imposées par l’étape historique difficile par laquelle passe le pays. Tout comme un président qui prend en compte l’intérêt de son fils avant ceux de son parti peut difficilement être considéré comme le meilleur garant des intérêts supérieurs de la Nation.
Nidaa Tounes et son fondateur ont pu convaincre une bonne partie des Tunisiens que ne pas voter pour eux, c’est ouvrir la voie à Ennahdha et à son projet d’islamisation du pays. Ils ont juré que jamais ils ne s’allieront avec les islamistes auxquels ils font assumer la lourde responsabilité, après deux ans de pouvoir, des désastres économiques et sociaux du pays et de l’amplification dramatique du phénomène terroriste.
Mais juste après l’annonce des résultats des élections d’octobre 2014, les Tunisiens se sont très vite rendus à l’évidence que le célèbre adage « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient » s’applique aussi chez nous.
Certes, les élections législatives ont assuré 69 sièges sur 217 au parti islamiste. Un nombre important, mais qui ne fait pas le poids avec les 148 sièges restants occupés par des non-islamistes et des indépendants. Il était possible pour Nida Tounes et pour son président devenu « président de tous les Tunisiens » de mettre en place une coalition gouvernementale composée de non-islamistes et d’indépendants et de s’engager aussitôt dans la réparation des dégâts causés par quatre années d’anarchie sociale et économique et dans la remise du pays sur les rails.
Certains avancent l’idée que le partenariat islamo-nidaïste a toutes les caractéristiques d’une alliance stratégique dont les bases ont été jetées par les « deux vieux » lors de leur rencontre parisienne. La suite des événements semble donner raison à cette assertion, et l’on commence sérieusement à craindre que Nidaa Tounes, divisé, affaibli, désorienté, ne commence à servir de levier commode et docile pour le parti islamiste, toujours aussi déterminé à faire passer son projet de société conçu et imaginé par Qotb, Al Banna, Mawdoudi et les autres.
A un certain moment, on était soulagé de constater que malgré ses deux ans passés au pouvoir, malgré ses multiples tentatives de faire adopter par la société tunisienne le modèle social cher aux « Ikhwans », Ennahdha a échoué, et il s’est même fait écarter du pouvoir avant les élections.
Aujourd’hui, il est clair que notre soulagement n’était que de courte durée. Le parti islamiste reprend insidieusement et sournoisement ses tentatives de « réislamisation » du pays, suspendues sous la pression de la société civile.
On ne jette pas ici la pierre à Ennahdha qui, en toute logique, est en train de profiter d’une situation favorable pour lui et désastreuse pour le pays : essoufflement de la société civile, désarroi des partis politiques non islamistes, paralysés par l’absence d’une vue stratégique et minés par les rivalités et les ambitions personnelles.
L’image reflétée par les acteurs politiques du pays est inquiétante au plus haut point. On a l’impression que toutes les instances en charge de la gestion des affaires du pays, et le gouvernement en premier lieu, sont dépassées et que l’objectif de tout le monde aujourd’hui n’est plus de sauver le pays, mais de retarder l’heure fatidique de l’effondrement.
C’est cette étape cruciale de l’histoire du pays qu’a choisie Nidaa Tounes pour entrer dans un état de déliquescence et se laisser docilement dominer par le parti islamiste dont le rêve est d’arriver à en faire l’instrument de sa politique, comme il l’a fait si efficacement avec les partis de Ben Jaafar et Marzouki en 2012-2013.
Comment peut-on penser autrement quand on voit le silence assourdissant de Nidaa Tounes ou de ce qui en reste face à l’islamisation rampante du pays, notamment à travers les initiatives démagogiques du ministre des Affaires religieuses qui, visiblement, n’a d’autres soucis dans la vie que de plaire à Ennahdha.
A un moment où le pays a désespérément besoin que ses jeunes aient des diplômes en harmonie avec les besoins de l’économie, à un moment où celle-ci a un besoin urgent que les milliers de jeunes désœuvrés apprennent un métier qui les aide à s’insérer dans le tissu économique, voici le ministre des Affaires religieuses qui brille par son idée lumineuse de faire apprendre le coran à 100.000 jeunes dans les écoles pendant les grandes vacances…
A un moment où les caisses sont vides, où la machine de production des richesses est en panne depuis cinq ans, où les recettes de l’impôt se réduisent comme une peau de chagrin, voici le même ministre qui, après la loi sur « les finances islamiques »,  nous promet des caisses de « Zakat » avec des sommes faramineuses se chiffrant en milliards de dinars pour aider les pauvres, dynamiser l’économie et même pour payer les dettes de l’Etat !! D’où viendraient ces milliards de dinars qu’on déposerait dans ces « caisses islamiques »? De la Zakat… Des citoyens qui rechignent à honorer leurs  factures de la STEG et de la SONEDE et des contribuables qui voient rouge dès qu’on leur parle d’impôt vont sans doute se précipiter tête la première pour déposer de l’argent dans les caisses de Zakat…
Et que disent Nidaa Tounes et le président que nous avons élus pour nous sauver des griffes des islamistes? Rien. Pas un mot. Un signe inquiétant qui pousse beaucoup de Tunisiens à faire le parallèle entre hier et aujourd’hui. Entre Ben Jaafar et Ettakattol d’une part, et Caïd Essebsi et Nidaa Tounes d’autre part.

jeudi 28 avril 2016

DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN.

 " Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout."
Camus  

Les droits de l'homme, produits du Siècle des Lumières, texte fondamental de la révolution française de 1789, adoptés par l'ONU en 1948 et préambule de la constitution française qu'en 1958 ! Combien de temps faudra-t-il attendre pour les voir appliqués et respectés par les nations civilisés ?
R.B

Article premier

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2

1. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

Article 3

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 4

Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.

Article 5

Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Article 6

Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.

Article 7

Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.

Article 8

Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.

Article 9

Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 10

Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Article 11

1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. 
2. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.

Article 12

Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 13

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat. 
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14

1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. 
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 15

1. Tout individu a droit à une nationalité. 
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Article 16

1. A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution. 
2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux. 
3. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.

Article 17

1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.

Article 18

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.

Article 19

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

Article 20

1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques. 
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Article 21

1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis. 
2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.

Article 22

Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.

Article 23

1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. 
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. 
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Article 24

Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques.

Article 25

1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. 
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.

Article 26

1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite. 
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. 
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.

Article 27

1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent. 
2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.

Article 28

Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.

Article 29

1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible. 
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique. 
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 30

Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.

samedi 23 avril 2016

Réponses de Ghannouchi aux Panama Papers

Ou comment échapper aux révélations de corruption ?
Ghannouchi et ses Frères, ont trouvé la parade :
- indemnisations des petits copains pour faire taire ceux qui sont en colère contre l'indemnisation uniquement des responsables du parti;
- loi d’amnistie générale, incluant la période de la troïka, lors de laquelle ils ont vidé les caisses de l'Etat et bradé les biens publics !
R.B
Il n’est de secret pour personne que l’affaire des « Panama Papers » a été commanditée par les USA. Les USA qui ont reconnus, même, avoir financé cette soi-disant enquête sur les fonds secrets dont disposent certaines personnalités dans les paradis fiscaux.
Comme il n’est de secret pour personne que les USA, en commanditant une telle opération, a voulu régler ses comptes avec certains de ses ennemis, mais aussi, pour solder le compte de certains de ses supposés alliés ou amis. Car du premier coup d’œil jeté sur la liste des « fraudeurs » épinglés par ces papers, on se rend immédiatement compte qu’il s’agit, pour l’essentiel de chefs d’Etats ou de leurs proches, parmi ceux qui donnent du fil à retordre aux USA et qui contrecarrent leurs projets expansionnistes. C’est de cette façon que le nom de Poutine, le N° un russe s’est retrouvé à la tête des personnalités épinglées, de même que certains proches de Bachar Al Assad, et de Bouteflika, le président algérien sur lequel toutes les vagues et les complots de déstabilisation de l’Algérie ont buté, comme sur du Roc.
En bref, tout le monde a compris, que tout comme ceux de Wikileeks, les documents de Panama Papers, ont été publiés pour foutre la pagaille au monde, et pour tenter de déstabiliser ce qui reste à déstabiliser, afin de parfaire la maîtrise de ce qui reste à maîtriser.
Et c’est, précisément, dans ce contexte, et avec cette signification, qu’il faut comprendre les « accusations » lancées par ces papiers. Dans ce sens que pour ce qui est de la Tunisie, les révélations de l’affaire ont intéressé un certain nombre de personnalités qui sont :
En premier lieu, Mohsen Marzouk, pour qui, bien que sa relation avec les paradis fiscaux n’avait rien d’alarmant, la signification de cette « nomination » a été perçue comme étant un message aux tunisiens, et surtout à l’intéressé, stipulant que ce type qui prétend à qui veut l’entendre qu’il était le « poulain » des américains, ne l’est pas, ou plutôt, ne l’est plus.
Les autres qui ont suivi sur la liste des « révélations » ont été, en dehors de quelques noms qui n’ont aucune signification, si ce n’était une question de « remplissage », histoire de « faire sérieux », les leaders de la première ligne d’Ennahdha, à savoir le Cheikh et ses gendres. Et là aussi, le message est on ne peut plus clair, aussi bien aux tunisiens, qu’aux intéressés, mais aussi, et surtout, aux bases d’Ennahdha. Et le message c’est que les USA ne cautionnent plus les « frères » d’Ennahdha, et qu’il va falloir chercher l’alternative, alors que le message pour les militants des bases du mouvement, c’est que pendant que ces derniers subissaient la « répression » à cause des forfaits de leur hiérarchie, celle-ci se payait un exil doré eu Europe et amassait des richesses dans les paradis fiscaux.
Et le message est bien passé et bien enregistré par ses destinataires, puisque les leaders d’Ennahdha ont immédiatement réagi, en courant faire la seule chose qu’il y avait à faire. A savoir plaider une amnistie générale et totale englobant la période de 2011 à 2015 du temps qu’ils étaient au pouvoir, quitte à « pardonner » aux symboles de l’ancien régime, Ben Ali à leur tête. Cette amnistie étant leur seule voie de salut pour « éponger » leurs malversations durant la dernière période. 
Par ailleurs, ils ont demandé un énième dédommagement à leurs militants, histoire de leur donner leur part du butin de guerre, et éviter les règlements de comptes par rapport à ces « histoires » de Panama.

Boris Cyrulnik : « Je suis optimiste car on court à la catastrophe »

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Boris Cyrulnik :

Jihadisme, crise migratoire, menaces liées au changement climatique ... Le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik, vulgarisateur du concept de résilience, couche nos sociétés sur le divan et dresse un diagnostic alarmant.

Vous avez familiarisé les Français avec le concept de résilience, c’est-à-dire la capacité à renaître après un traumatisme. Pensez-vous que la France post-attentats est en voie de résilience ?
Boris Cyrulnik : « La résilience à l’échelle d’un pays, ça existe. Enfin, ça peut exister en cas d’apaisement... Mais pour l’instant, la France est toujours dans le traumatisme, dans l’affrontement, dans le temps présent. Je pense que nous avons les ressources nécessaires pour une résilience collective. Au fond, c’est assez facile lorsqu’il n’y a qu’un seul trauma. Ça, c’est le schéma classique. Mais lorsqu’on vit une cascade de traumatismes, la résilience devient improbable, voire impossible... »
Vous pensez à de nouveaux attentats ?
Boris Cyrulnik : « Pas seulement. Aujourd’hui, nous connaissons aussi une immigration liée à la guerre et à la pauvreté. Et très bientôt, nous allons connaître l’immigration liée au changement climatique, à la sécheresse. Ça a déjà commencé au Darfour... Ce n’est probablement que le début d’un phénomène que nous aurons le plus grand mal à maîtriser. Lorsque la soif poussera des gens à partir, qu’allons-nous faire, comment allons-nous réagir ? »
Vous, dont les parents sont morts en déportation, vous vous alarmez du retour d’un « langage totalitaire». Où se loge-t-il ce langage totalitaire ? Seulement chez les jihadistes ou, dans une certaine mesure, également dans notre réponse ?
Boris Cyrulnik : « Le langage totalitaire, c’est celui de l’inquisition, du colonialisme, du nazisme, du communisme... Et on le voit réapparaître aujourd’hui dans le jihadisme. Pour les totalitaires, il n’y a qu’une seule vérité et ceux qui en doutent méritent le rejet, l’emprisonnement, la rééducation voire la mise à mort. Et ceux qui pratiquent cette pensée extrême finissent même par s’entre-tuer, comme on le voit déjà. Aujourd’hui, on ne retrouve pas cette façon de penser en France, me semble-t-il. Sauf du côté de l’extrême-droite. Et chez Donald Trump aux États-Unis... »
La crise migratoire, que vous évoquiez à l’instant, est visiblement source d’anxiété pour la société française...
Boris Cyrulnik : « Oui, elle nourrit un besoin de certitudes, qui se traduit par des solutions simplistes, oui. Vous savez, il existe plusieurs formes d’« accueil pathologique » des migrants. Dans les camps, on voit réapparaître en quelques jours les processus de socialisation archaïques, c’est-à-dire la loi du plus fort. Lorsqu’on fait cohabiter des communautés d’immigrés dans certains quartiers, comme on l’a fait à Béziers par exemple, chacun accuse son voisin de ses problèmes et c’est source de violences. Et quand on opte pour l’assimilation, comme le propose actuellement Marine Le Pen, on voit bien que dans un premier temps les migrants acceptent de se taire et de souffrir en secret pour être acceptés. Mais leurs enfants savent qu’ils ont des parents amputés d’une partie d’eux-mêmes et c’est une bombe à retardement... »
Quelle est la bonne solution, alors ?
Boris Cyrulnik : « La seule bonne solution, c’est l’intégration. Les immigrés occupent les boulots dont nous ne voulons plus, ils paient leurs impôts, ils financent la retraite de nos vieux. Et en retour, ils modifient la culture et les représentations de la société dans laquelle ils vivent. Ils enrichissent le pays dans lequel ils s’installent et le bouleversent de manière positive. Évidemment, ce bouleversement produit une émotion et nécessite donc un travail mental. »
Vous êtes pourtant un défenseur du concept d’identité...
Boris Cyrulnik : « Oui car l’identité, c’est-à-dire le fait de savoir à quel groupe on appartient, permet de répondre aux événements du monde, de s’y adapter. Je sais ce que je suis, je sais ce que je vaux et je sais donc ce que je vais faire. Mais cette identité doit être contrebalancée par l’empathie, la capacité à me représenter le monde de l’autre. On ne peut négocier qu’à partir du moment où l’on parvient à se mettre à la place de l’autre. Sans cela, il ne reste que deux options : construire un mur ou faire la guerre. La première étant moins mauvaise que la seconde, mais enfin... »
À l’heure où le monde fait face à de multiples périls, ne trouvez-vous pas ironique que la grande idéologie naissante en Occident soit le transhumanisme, qui vise à l’immortalité de l’être humain ?
Boris Cyrulnik : « Toutes les religions développent ce fantasme mais la grande différence aujourd’hui, c’est qu’on cherche à le réaliser par la technique. La marche au transhumanisme a déjà commencé : on change des articulations, on greffe des cœurs, on va manipuler les gènes... C’est le propre de la condition humaine que de chercher à s’arracher à la nature, par l’artifice des mots ou celui des outils. Je ne sais pas si on parviendra à vaincre la mort. Pour tout vous dire, j’en doute. Mais je pense qu’il s’agit d’un fantasme dangereux. »
Dangereux pour qui ?
Boris Cyrulnik : « Bon, imaginons qu’on arrive à dominer la mort. La moindre variation écologique serait alors fatale ! Si nous arrivons à survivre en tant qu’espèce, c’est parce que nous disparaissons en tant qu’individus. Nous sommes déjà arrivés à un point où nous maîtrisons tellement la nature que nous sommes en train de la détruire... »
Pessimiste, alors ?
Boris Cyrulnik : « Non, je suis optimiste, parce que je crois que nous courons à la catastrophe. Et la catastrophe, c’est un mode d’évolution normal, que ce soit pour les plantes, les animaux, ou les populations. La région qui va aujourd’hui de Boston à Montréal a connu par cinq fois une montée des eaux, qui a fait disparaître à chaque fois toute la faune et la flore. Et puis les eaux se retirent et on voit apparaître une autre faune et une autre flore. Nous faisons partie du monde vivant et nous courons donc à la catastrophe. Et peut-être qu’après nous, une nouvelle forme de vie apparaîtra... »
Y a-t-il une chance que nous ayons tout de même une place dans le monde à venir ?
Boris Cyrulnik : « La catastrophe implique qu’un filet de vie continue à couler. Sinon, ce n’est plus une catastrophe, c’est un désastre (sourire). »

Propos recueillis par Joel Rumello/ALP



L’insoutenable confusion des partis

Excellent article qui pointe l'absence totale de responsabilité des partis mais, au delà, le danger que représente pour le pays la loi électorale prévue par la Constitution.
Aucune politique sérieuse ne pourra être suivie dans ces conditions et le pays ne peut que péricliter.
Quant à la "solution" que serait l’alliance électorale et de pouvoir entre Nidaa et Ennahdha, c'est la catastrophe annoncée avec une nouvelle dictature, un blocage de l'alternance démocratique et une régression assurée.
Jean Pierre Ryf
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Que des partis politiques soient en crise, passe encore. Mais que leur crise déborde sur les institutions et grippe le fonctionnement des instances de la République, cela devient pour le moins problématique.
Napoléon Bonaparte disait qu’un État fait la politique de sa géographie. J’ajouterais qu’on fait aussi la politique de ses partis.

Résumons. Les partis politiques sont la pierre angulaire du système en Tunisie. Ils occupent le Parlement et certains d’entre eux accaparent le gouvernement. Il n’est guère de domaine de la vie publique qui n’obéisse à la segmentation tribale des partis. À telle enseigne qu’on assiste sous nos cieux à l’irruption de la partitocratie, qu’on croyait l’apanage des seuls Italiens.
Ces derniers temps, les partis végètent plutôt qu’ils n’animent la vie politique. Et ils semblent tous logés à la même enseigne. Ceux de la coalition gouvernementale autant que les partis intermédiaires ou ceux de l’opposition. Une certaine lassitude pointe. Une désaffection du politique aussi.
La coalition gouvernementale n’en est plus une. Elle est tiraillée. Outre la scission brutale de Nida Tounès en deux formations distinctes et par moments antagoniques, Ennahdha est aux prises avec les démons des divisions internes. Cela est on ne peut plus évident à la veille de son prochain congrès.

Les deux autres partis de la coalition au pouvoir ne sont guère mieux lotis. Ils ont l’impression qu’Ennahdha et Nidaa Tounès se soucient d’eux comme d’une guigne. L’UPL et Afek Tounès font savoir qu’ils refusent d’officier comme simple alibi. Ou cache-misère. Et ils le disent ouvertement.
On parle même de l’éventualité de l’abandon pur et simple de la coalition quadripartite au profit d’une alliance stratégique Nidaa Tounès-Ennahdha. Celle-ci pourrait même être à la fois gouvernementale et électorale pour les prochaines échéances. En tout état de cause, Afek Tounès multiplie les critiques sur les dérapages gouvernementaux, tout en faisant encore partie du cabinet gouvernemental. L’UPL, lui, est à la recherche de nouvelles alliances voire fusions partisanes, notamment avec Al Moubadara, dit-on.

Côté opposition, on tâtonne. D’abord, il y a confusion au niveau du who’s who. On ne sait plus vraiment qui est l’opposition dans son ensemble. Au lendemain de l’avènement du gouvernement Habib Essid, il y a eu une véritable passe d’armes entre le Front populaire et le Bloc social pour la présidence de la commission parlementaire des Finances. Une commission dont la présidence est dévolue constitutionnellement à l’opposition. On a joué alors des coudes et des hanches pour représenter l’opposition. Puis, tout s’est effrité. Des partis de mouvances diverses se coalisent dans des alliances circonstancielles et ad hoc. Puis plus rien.
L’opposition est, elle aussi, fantasque sinon inconsistante. La scène politique tangue tel un bateau ivre. Les protagonistes campent des postures floues ou qui chavirent au gré des humeurs.

Que des partis politiques soient en crise, passe encore. Mais que leur crise déborde sur les institutions et grippe le fonctionnement des instances de la République, cela devient pour le moins problématique.

Finalement, c’est tout le système qui est en cause. L’édifice institutionnel en vigueur est comme la plus belle fille au monde qui ne peut donner que ce qu’elle a. Il a été conçu pour présider aux constructions précaires sur fond d’équilibres catastrophiques. Certains en ont profité. Mais la confusion des sentiments n’est guère payante au bout du compte.


Et puis, ici comme ailleurs, ce qui commence dans l’équivoque finit dans la compromission.