mardi 27 mars 2012

LE POLITIQUE ET LE SACRE

Dans un débat radiophonique sur Radio Monastir, la question était le rapport du politique avec le sacré !
Un des intervenants, professeur de son état, précise que tant que le sacré se mêlera du politique, il ne faut s’étonner qu’il soit malmené. C’est pourquoi insiste-t-il qu’il est nécessaire que les partis islamistes cessent de mêler le religieux à leurs discours politiques.
Il trouve même choquant certaines pratiques depuis que les islamistes ont occupé la scène politique, médiatique et publique.
En effet, avec ostentation certaines personnes n’hésitent pas par excès de zèle dans la croyance ou tout simplement par hypocrisie, à diffuser à longueur de journée dans leur commerce des psalmodies du coran à partir d’émission de radio ou de cassettes ou de CD de lecteurs de Coran !
Il semblerait même que chacun cherche à passer sa vedette ou la star du moment ! Exactement comme feraient les ado avec leurs idoles rock ou autres chanteurs !
Et tant qu’à faire, ils mettent la sono très forte. Ainsi dans une rue commerçante, et plus particulièrement le vendredi, une cacophonie assourdissante gagne les rues de proche en proche jusqu’à tout le quartier ou le souk.
Alors que, dit-il, la lecture du coran ne doit pas devenir un cirque ou une cacophonie de sourates à la pelle que plus personne ne peut écouter correctement !
Ce qui en fait un sacrilège, la lecture du coran exigeant le calme pour la réflexion et la compréhension des textes sacrés : donc chez soi ou dans des lieux calmes comme les mosquées ou les bibliothèques !

De même pour les mosquées qui, à qui mieux-mieux, se font une course à qui passerait en premier son appel à la prière ou passerait sa vedette préférée pour psalmodier le coran. Et bien évidemment en mettant la sono à fond avec un ou plusieurs hauts parleurs tant qu’à faire !
Le paroxysme de cette course à la « dévotion » est atteint le vendredi et les jours de fêtes religieuses ! Quand dans certains quartiers il y a plusieurs mosquées, chacune du haut de son minaret avec un, voir plusieurs hauts parleur, diffuse sa bande sonore ou son CD pour l’appel à la prière ; toutes ne débutant pas l’appel au même moment, le décalage d’envoi de la bande sonore entraîne une cacophonie assourdissante. Et cela se répète 6 fois par jours !
En Egypte certaines rues disposent parfois de deux à trois petites mosquées chacune avec un à 4 hauts parleurs : ce n’est plus du zèle, cela devient de la course aux dévots …. et de la pollution sonore pour tous les riverains !

Voilà où mène l’islamisme version salafiste ou wahhabite : il pousse les pratiquants au zèle et à l’ostentation dans la pratique de leur foi. Ce qui est tout à fait contraire à ce que préconise le malékisme traditionnel des tunisiens : la retenue et la discrétion. L’ostentation étant assimilée à juste titre à de l’hypocrisie « t’noufik » !! Or Dieu n’aime pas « Al mounafikoun » (les hypocrites).

A la réflexion, pourquoi recourir à des hauts parleurs pour l’appel à la prière ? Ceux qui veulent perpétuer la tradition de l’appel par la voix humaine du haut des minarets, peuvent réhabiliter le métier du « mou’adhen » pour le faire, sans passer par les technologies modernes qui n’existaient pas du temps des anciens pour les nostalgiques de la tradition, faut-il le rappeler aux « traditionnalistes » !

Mieux encore, la technologie de nos jours peut pallier avec plus de précision l’appel à la prière pour ceux qui tiennent à la faire pile à l’heure, sans pour autant réveiller et déranger tous ceux qui n’en sont pas concernés : Horloges et téléphones portales à programmer avec avertisseur sonore ou vibreur !


Rachid Barnat

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