mardi 24 avril 2012

LES BARBOUZES DE L’ETAT

Atricle paru dans : Kapitalis

Sur proposition de Ghannouchi, le gouvernement a lancé l'idée de privatiser la chaîne nationale "Watania". Cette décision a suscité de nombreuses réactions et la violence d’un groupe de jeunes salafistes qui depuis presque 50 jours déjà manifestent quotidiennement devant le siège de cette institution nationale. Ils s’en sont pris de manière inacceptable aux journalistes et employés de la chaîne en proférant, comme d’habitude  des menaces verbales en invoquant le nom d’Allah !

Pour tenir autant, les sit-inneurs doivent bénéficier d’une logistique et d’un financement.

Qui est derrière eux ? Or ces jeunes qui manifestent depuis bientôt deux mois, n’ont revendiqué que tout récemment que la « TV nationale est à vendre », curieusement juste après l’annonce par Ghannouchi de son désir de privatiser la TV nationale, confirmée par Ameur Laârayedh membre de son parti.

Le prétexte officiel pour privatiser ce bien national est le déficit financier de cette institution. Alors que nous savons qu’il s’agit en réalité d’une réponse irresponsable à un bras de fer qui dure depuis la prise du pouvoir par Ennahdha, entre ce parti et les journalistes de la chaîne de télévision.  Ghannouchi n’admet pas que ce média soit indépendant du pouvoir. 
Pourtant un syndicaliste assure qu’il y a une solution que le gouvernement a refusée. Les japonais étaient prêts à les aider par un prêt sur dix ans à un taux dérisoire de 0,4 % ! Alors que nous savons par ailleurs que ce gouvernement a refusé l’aide japonaise pour d’autres prêts, toujours aux mêmes conditions, lui préférant les prêts de ses amis qataris à un taux de 4 %, c’est à dire plus cher même de ce qui se pratique sur le marché.
Les amitiés n’ont pas de prix, sauf que c’est le peuple qui paye la facture !

Il faut que les Tunisiens soient parfaitement conscients des enjeux et s’opposent fermement à cette volonté de privatisation, cela  pour au moins deux raisons fondamentales.
- Ce n’est pas le moment de prendre une telle décision.
Il n’y a vraiment rien de plus urgent pour le gouvernement ? Ne devrait-il pas plutôt s'occuper d’assurer la paix civile, le développement de l'économie ?
Il faut continuer à rappeler à ce gouvernement qu’il n’est que provisoire et que la Constituante n’a été désignée que pour écrire la Constitution dans un délai d’un an. Et non de vendre le patrimoine national.
Il faut sans cesse rappeler leur mandat aux élus et obliger ce pouvoir à se conformer à ce qui été démocratiquement décidé. Il faut qu’il se mette enfin au travail et donne des dates pour la remise de sa copie pour laquelle il a été mandaté : la rédaction de la Constitution !
Et qu’il nous donne un agenda clair pour les nouvelles élections.

Dans son discours du 1er mai, Houcine Abasi de l'UGTT a eu raison de rappeler fermement :
- « A l’Assemblée nationale constituante de se dédier à l’élaboration de la Constitution et que soit réactivée l’instance Supérieure Indépendante pour les Élections. »
- « Nous combattrons toute tentative de cession de nos biens publics, et nous nous opposerons à toute tentative de mainmise sur nos médias publics, comme nous refusons l’asservissement à nouveau de l’Administration pour reproduire de nouvelles forme de despotisme, sous quelque forme que ce soit ».
- « Nous ne laisserons pas les groupes de la mort, ennemis de la vie, attenter à l’intégrité de nos universités et de nos entreprises, étouffant la joie de nos enfants, s’acharnant sur les créateurs dans les domaines des arts et de la culture. Nous ne nous résignerons pas face à ceux qui accusent leurs compatriotes de mécréance, à la ségrégation, à la militarisation de la vie publique, à l’embrigadement des lieux de culte et d’éducation, incitant à la haine. »

Seul le pouvoir issu des nouvelles élections et de la Constitution pourra engager des décisions d’avenir. Ce gouvernement provisoire ne doit pas prendre de décisions irréversibles comme celle évoquée, qui vont engager le pays pour l’avenir. Il n’en a pas démocratiquement le pouvoir.

En second lieu, cette décision est évidemment un moyen de faire taire cette télévision et ces journalistes qui pointent les erreurs et les fautes de ce gouvernement ainsi que sa volonté - maintenant assez claire - de se maintenir au pouvoir et de museler la presse et les libertés.

Comme les journalistes luttent pour leur liberté (garantie d’une véritable démocratie), ce gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’envisager la vente à un groupe privé qui lui sera acquis et qui pourra museler cette télévision en lui donnant une autre ligne éditoriale.
Peut être aussi serait-ce l’occasion pour ce pouvoir de favoriser son ami l’émir du Qatar et lui donner ainsi un moyen supplémentaire d’influencer la politique tunisienne.

Or les Tunisiens ont déjà clairement indiqué, et ils le rediront sans cesse, qu’ils ne veulent pas être colonisés ni par le Qatar ni par aucun autre pays arabe. Les Tunisiens sont suffisamment évolués pour ne pas tomber entre les mains d’Etats obscurantistes et liberticides.

Enfin, les méthodes pour parvenir à cette décision, sont celles d’un Etat dictatorial.
Pour cela Ennahdha utilise ce que les tunisiens nomment les "salafistes", en se répartissant avec eux les rôles : le terrain pour les salafistes et l’action politique pour Ennahda.
Ces « salafistes » utilisent le vocable et les gestes du parfait voyou sans foi ni loi (doigt et bras d’honneur ….. les insultes les plus grossières….ce qui prouvent parfaitement leur comédie du « religieux fanatique » dont ils n’ont que le déguisement ! 
L’âge de ces agitateurs « professionnels » : souvent des gamins de 12 à 20 ans désœuvrés, mais sûrement payés pour leur « service ». Selon certains témoins, entre 30 et 50 dinars.
Les événements récents devant les locaux de la chaîne sont très clairs. Un groupe de jeunes visiblement incultes qui n’ont absolument rien à voir avec cette télévision (n’étant ni journalistes, ni employés de la chaîne), sont venus soutenir l’idée de vente de cette institution nationale. Ils ont menacés les journalistes et les employés, comme l’ont déclaré ceux-ci dans un reportage de la chaîne, avec des agressions verbales et physiques à l’encontre de certains d’entre eux ; auxquels ils s’en sont pris même à leurs véhicules.
Ils ont aussi souligné que la police n’a rien fait pour faire cesser leurs violences et qu’elle s’est contentée simplement de les mettre à l’abri dans les locaux de la chaîne pour éviter les violences, laissant les « jeunes salafistes » poursuivre leur mouvement.

Durant la campagne électorale les salafistes nahdhaouis manipulés par leur parti, semaient la terreur parmi les tunisiens et surtout parmi les tunisiennes, pour occuper le terrain publique et médiatique.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Ghannouchi et de ses hommes, ceux-ci continuent à les utiliser, tel des barbouzes, pour faire diversion, faute de programme politique et économique à proposer aux tunisiens. Et comme par hasard, après chaque discours politique ou une décision gouvernementale impopulaire et contraire aux objectifs de la révolution, les barbouzes du gouvernement reprennent du service : terroriser les tunisiens par l’intimidation, l’agression verbale et physique ….avec un recours à la violence sous toutes ses formes : menace de mort, tentative de meurtre, saccages des biens d’autrui….Des faits relevant du droit commun mais jamais punis !

Devant l'exaspération d'une majorité de tunisiens, Ghannouchi et son gouvernement ne cessent de plaider pour les perturbateurs que sont les salafistes formant leur base ;  invoquant leur apprentissage de la démocratie, la liberté d'expression, la liberté de manifester, leur manque de maturité, intellectuelle et politique...
Bref, ils les présentent comme des demeurés avec qui les tunisiens devraient se montrer pédagogues et patients. Ne sont-ils pas nos enfants, assènent-ils goguenards pour clouer le bec à ceux qui voudraient les voir arrêtés et jugés pour les faits visiblement relevant du droit commun (agression verbale et physique à l'encontre des journalistes, des enseignants, des syndicalistes...jusqu'à l'outrage au drapeau national, et plus récemment l’appel au meurtre avec tentative de passage à l'acte à l'encontre du Pr Jawhar Ben Mbarek) ?

Or en terme de pédagogie, Ghannouchi et son gouvernement laissent envahir la Tunisie par des prédicateurs étrangers souvent à la solde des Ibn Saoud et de l'émir du Qatar, pour venir déverser sur la société tunisienne et dans nos mosquées, leur discours obscurantistes incitant à la haine, à la violence et au meurtre, pour endoctriner les plus fragiles.
De qui se moque-t-on ? Ils allument le feu et s'étonnent de la fumée !

Ces faits signent absolument nettement, sans discussion possible la responsabilité du pouvoir. Ces jeunes manipulés ont été envoyés par Ennahdha qui se comporte, en l’occurrence, et ce n’est pas la première fois, comme un état fasciste qui veut intimider ceux qui ne partagent pas sa doctrine.

A moins que tout soit planifié dans une optique électoraliste par un parti aux abois.
Au quel cas, aux tunisiens de résister, à dénoncer ce gouvernement aussi légitime qu'il prétend l’être, puisqu'il perd toute légitimité, dés lors qu'il n'assure pas la sécurité des hommes et de leurs biens, dont c'est le rôle premier !
Que les hommes au pouvoir se mettent une chose dans la tête : les Tunisiens ne se laisseront pas intimider. Ils n’ont plus peur.

Rachid Barnat

Lire : Recoba, barbouze connection





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