mercredi 14 novembre 2012

En cas de rapprochement avec Ennahdha, Nida Tounes ne sera plus la solution, mais le problème le plus compliqué pour la Tunisie



Par Mohamed Hafayedh (sur FB)

Il faudrait bien un jour, admettre qu’une révolution a eu lieu en Tunisie, certes, faute d’avant-garde politique et idéologique, elle n’a pas résolu les contradictions, mais elle a liquidé les conditions historiques du système existant, dans le flux et le reflux de la tempête du chaos des institutions ; les forces existantes encore dans l’évanouissement de l’évènement, tentent de se maintenir, soit en ralliant le mouvement révolutionnaire ou en organisant la contre révolution, à chacun sa force, à chacun sa position, à chacun ses sources à chacun ses couleurs, d’autres se forment par l’excroissance, des tornades périphériques plus ou moins conséquents ; un long processus dans un pays qui n’a pas les moyens économiques pour se reconstruire après un tel séisme.
A cela s’ajoute l’impact universel de l’acte de liberté tunisien, mettant la Tunisie au centre des préoccupations de la géopolitique, l’élément étranger jouera un rôle important.

Après le vide de l’après premier anniversaire des élections du 23 octobre 2011, et dans le cadre de la recomposition de la carte politique, la presse tunisienne écrite et électronique fait état de l’existence d’un appel sous l’influence des puissances étrangères à un rapprochement entre NAHDHA et NIDA comme seule solution pour éviter au pays une guerre civile.
Certains vont jusqu’à soupçonner un mariage forcé qui est en train de s’inscrire sur le ban de l’officier de l’état civil de l’ambassade américaine avec des témoins français entre la NAHDHA qui n’aurait aucun intérêt à se laisser déborder à sa droite par une guerre djihadiste, et NIDA qui n’aurait aucun intérêt à se laisser déborder sur sa gauche par une révolution continue.

Les deux forces principales, jusqu’ici antagonistes, modernisme contre obscurantisme, seront contraintes à s’accoupler sous forme de bipolarisation, économiquement conciliables, elles sont les deux facettes d’un libéralisme socialisant pour l’un, populiste ou « moustadhafines » pour l’autre, Islam light et cool musulman.

Mais aussi faute d’originalité révolutionnaire et aussi d’intérêt à voir la tempête d’indignation se prolonger en une révolution continue, elles ne font que rhabiller des structures et des forces de l’ancien régime, dont le réflexe antidémocratique et régionaliste se déploiera avec le même zèle pour gagner les élections, jusqu’à oublier que la révolution de la dignité est passée par là, alors que la braise est encore allumée dans les terres où la révolution a pris feu, les forces syndicales et celles de gauche ne cessent de revendiquer leur révolution confisquée voire volée.
Cela dit, ces observations ne dépassent pas les limites d’un constat des conséquences du fait révolutionnaire dans la Tunisie de l’après BEN ALI; elles ne mettent nullement en doute le dévouement de l’auteur de l’Appel de la Tunisie (NIDA TOUNES) pour une Tunisie moderne et démocratique, aucune autre force politique ou sociale, mise à part la matrice de la révolution l’UGTT, n’était capable de relever le défi après le chaos du 9 avril 2012 ou faire le poids devant la dictature rampante NAHDHAOUI.

Il n’est pas permis non plus d’y voir une quelconque insinuation sur l’existence d’une complaisance politique ou sociétale de BCE ou de BACCOUCHE avec le GOUROU GHANNOUCHI.
Il est avant tout question d’un état de fait, une réalité politique que BCE, avec la lucidité qu’on lui connait avait annoncée, dès sa première conférence de presse, que le fléau islamiste fait, désormais, partie de notre destin historique (KADAROUNAA), qu’il faudra faire avec et accepter le défi de l’histoire politique de notre nation avec réalisme et travailler avec eux dans le seul but de sauver le pays (MOUAADHADAA).

Rien de singulier ou aberrant, des intellectuels arabes, avant lui, et des plus célèbres comme NEJIB MAHFOUDH, loin d’être soupçonnés de complaisance avec l’intégrisme, ont prédit la fatalité historique de l’islam politique, jusqu’à souhaiter l’urgence de son avènement dans l’exercice de la gouvernance pour en finir avec le phantasme populiste du retour de l’émir des croyants salvateur et glorieux.
Et si c’était la seule voie pour sortir du gouffre de la pègre islamiste, pourquoi pas, dès lors, tout devient une question sur les conditions de cette collaboration et de la vision stratégique des choix et alliances politiques de NIDA TOUNES afin de convaincre ses partisans de manœuvrer dans une perspective avant-gardiste moderniste et non pas suivre un calendrier étranger pour se jeter dans la gueule du loup GHANNOUCHI qui ne se rapproche de « ses amis » que pour les dévorer, le ciel tunisien est encore déchiré par les cris des restes du CPR et TAKOTTOL dans le broiement à mâchoires du vampire GHANNOUCHI.

Il n’y a rien d’exagéré dans cette description, le danger est martelé tous les jours par l’une des figure importante qui vient de rejoindre NIDA, en la personne de SI MOHAMED TALBI, qui ne cesse de prévenir les tunisiens du dangereux salafiste GHANNOUCHI.
Cela dit, s’il existe des inquiétudes sur la possibilité d’un rapprochement entre NIDA et NAHDHA, elles ne sont pas sans fondement, surtout celles très légitimes, de ceux pour qui l’APPEL de BCE avait nourri un grand espoir et ne souhaitent que sa réussite pour sauver la patrie.
On ne doit pas perdre de vue, qu’a l’origine l’appel était reçu et perçu comme une réponse à la dictature islamiste rampante par une unité sacrée sous forme d’un front de toutes les forces modernistes et les composantes de la société civile.

Pour des raisons discutables au niveau du choix de la structure et de la synchronisation, NIDA TOUNES avait opté pour la formation d’un parti, entamant la rentrée politique par une conférence de presse et de déclarations victorieuses fracassantes sans associer ses partenaires les plus proches, comme EL MASSAR ou EL JOUMHOURI.
Après tout c’est de bonne guerre, s’il aspirait à jouer le premier rôle dans une future coalition pour rassurer certains des lieutenants de BCE qui ne voulaient pas perdre leurs chances d’accéder aux premières responsabilités avec un parti qui a toutes les chances de devenir un Eldorado pour faire carrières politiques.
Ce qui est légitime, quoique le choix et la manière vis-à-vis de ses partenaires modernistes et républicains les plus proches, avait ébranlé l’enthousiasme de la première heure et raviver les réflexes politiques de survie.
Ce qui est, par contre, déterminant et crucial pour l’avenir de la Tunisie, c’est de connaître dans quelles conditions a été pris ce choix et en perspective de quel projet politique pour le pays?
Si le choix n’était pris que pour des considérations d’organisation interne et dans le cadre des positionnements tuniso-tunisiens, le front moderniste se constituera, les voies qui s’élèvent, notamment à gauche pour appeler à la constitution du front moderniste démocratique finiront par convaincre les partis les plus infantilisés, devant le danger, ils lâcheront leurs sucettes idéologiques.

Par contre, si des forces étrangères interviennent dans le choix de NIDA en vue d’un rapprochement avec la NAHDHA, NIDA TOUNES n’est plus la solution pour la Tunisie, il devient le problème le plus compliqué que notre patrie ait connu.
Ce n’est pas du sentimentalisme inconscient ou du populisme simplet, comme il en sera démontré :
Les trois intervenants sont les américains avec leurs alliés sous-terrain qui agissent dans le cadre de leur projet néolibérale et sioniste dans la région, les français et plus particulièrement les socialistes qui sont plus proches de la vision de BHL que la droite et l’extrême droit française, les qataris sous-traitant du projet sioniste, s’assurant une protection régionale, et les saoudiens avec leur projet obscurantiste wahhabiste, déclaré irrecevable in limine litis par nos grands-pères au siècle dernier.
Personne ne peut nier que leur ingérence s’inscrit dans l’optique de leur projet pour la promotion d’une Tunisie oscillante entre Islam Light et l’Islam lourd, comme rempart contre la révolution de la dignité. Choix qu’elles ont entamé par la promotion des Nahdhaouis aux élections du 23 octobre 2011, laissant aux français la mission de faire avaler la couleuvre de « démocratisation » des islamistes à MBJ et MARZOUKI.
Ils ont réussi à coup de pétrodollars, un grotesque Bluff médiatique et du mépris au peuple dans la fumée des barbecues de moutons !

Aujourd’hui, toutes ces puissances sont au chevet de la NAHDHA, dont l’échec de l’islamisme aux abois est retentissent et un GHANNOUCHI agonisant, pour faire avaler aux tunisiens un nouveau Bluff qui consiste à dire que les islamistes est une fatalité dont il faut accepter l’existence et partager avec eux le pouvoir.
Ils n’interviennent, aujourd’hui, que pour encadrer la force nouvelle la plus influente de NIDA, l’isoler des forces de gauche et lui faire accepter un mariage forcé dans le seul dessin d’institutionnaliser son allié stratégique GHANNOUCHI, qui reprendra les choses en mains sur le moyen ou le long terme, une fois il se sera refait une santé politique et met à l’abri ses enfants salafistes.
Dans une telle stratégie, NIDA TOUNES, ne sera plus la solution pour la Tunisie, mais le problème le plus compliqué, et même s’il réussissait les prochaines élections en se rapprochant de la NAHDHA, il sera la cible principale des forces révolutionnaires, une guerre civile se produira dans le camp moderniste sous l’œil amusé de GHANNOUCHI.
Un tel rapprochement est un avortement de la révolution qui fera perdre aux progressistes la chance historique d’en finir avec l’islamisme politique au moment où la Tunisie du progrès et des lumières se réveille pour défendre et redresser le destin, dans une conjoncture nouvelle dans la région, les résultats des dernières élections algériennes est un indice fiable et prometteur.

A ceux qui osent encore nous sortir l’argument d’un avenir économique meilleur en suivant les conseils des puissances étrangères, il convient de leur rappeler que ces puissances n’ont pas l’intention de faire de la Tunisie un exemple de réussite après une révolution dans la région, ceux-là même qui ont dépensé sans compter pour faire gagner GHANNOUCHI aux élections, n’ont pas dépensé un pécu pour créer un nouvel emploi, ils ont plutôt un projet somalien pour la Tunisie pour faire oublier au monde que ce petit pays a pu relever le défi de réussir une révolution pacifique contre le plus monstrueux des dictateurs.

Doit-on admettre que la Tunisie ne sera plus la Tunisie des années cinquante et soixante bénéficiant de la sympathie des américains et l’amitié des KENNEDY ; car BCE n’est pas BOURGUIBA pour tenir le pays en main, y compris les forces traditionnalistes ; que les pays riches ne sont plus dans la perspective impérialiste ni dans la générosité des guerres froides.
C’est le temps des monopoles et des richesses financières, les riches ne donnent qu’aux riches, les forts ne respectent que ceux qui sont plus forts qu’eux dans un monde saturé et globalisé.

La Tunisie s’en sortira par ses propres moyens, essayons d’abord la gouvernance démocratique, réhabilitons les institutions rempart contre l’abus et la corruption, ainsi que la justice sociale qui sera le facteur déterminant de notre développement.

PS : Article revu et corrigé par Rachid Barnat, avec l'accord de son auteur.

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Je pense qu’il faudrait être très clair et dire que ceux qui ont, dans leur grande majorité rejoint Nida Tounes, n’accepteront pas une telle alliance.
C’est le plus souvent contre l’expérience de la troïka qu’ils se sont dirigés vers Nida Tounes ; et sûrement  pas pour réaliser une troïka, nouvelle formule.
Il serait d’ailleurs souhaitable que les militants de Nida Tounes fassent clairement savoir leur position.
Et que le débat soit clair et  souligne qu’une alliance de quelque nature qu’elle soit avec un parti religieux, ne donnera aucun résultat, sauf la régression du pays.
D’autant que les islamistes ont pu accéder au pouvoir et ont montré aux tunisiens ce dont ils sont capables : donc ils ne pourront plus nous rejouer les « victimes » qu’on empêcherait de gouverner !
Il serait temps que les tunisiens montrent au monde entier leur maturité, et que tout ceux de l’opposition comprennent que leur ennemi commun : ce sont les islamistes ; contre lesquels ils seraient bien inspirés, de faire front !
Une fois le danger écarté, et la nuisance de Ghannouchi et les siens éloignée, tous ceux de l’opposition peuvent reprendre leur jeu politique et affiner leur programme et leur stratégie …. j’allais dire entre gens civilisés !

Rachid Barnat



1 commentaire:

  1. « L’Affaire » Mohsen Marzouk

    Par Mohamed Hafayedh​ :

    https://www.facebook.com/rachid.barnat/posts/10205534174298306

    http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/05/tout-ca-pour-ca.htm

    http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/05/la-revolution-douce-un-vu-americain.html

    * (http://www.jeuneafrique.com/34666/politique/tunisie-mohsen-marzouk-l-minence-grise-de-bce/)

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