samedi 1 décembre 2012

CE QUE DOIT FAIRE L'OPPOSITION LE 4 DÉCEMBRE

Article paru dans : 
Kapitalis
Saudiwave


M. Marzouki envisage de réunir l'ensemble des partis politiques pour tenter de sortir de la grave crise de confiance à la suite des évènements de Siliana. C'est, sans doute, pour ce pouvoir aux abois une manière de tenter de créer une sorte d'union nationale mais l'opposition doit bien se garder de tomber dans ce piège. 
Elle doit répondre évidemment à cette invitation mais en publiant clairement ses objectifs et se montrer ferme dans leurs défense. 
Voici donc le texte que, pour ma part, je suggérerai aux partis d’opposition qui devraient avoir là une occasion de se réunir et d'exiger certaines modifications.

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Nous ensemble des partis de l’opposition, rappelons que le pouvoir actuel, issu des élections du 23 octobre 2011, est devenu illégitime le 23 octobre 2012. Qu’il n’avait, en effet, été élu que pour un an, temps de rédiger une nouvelle Constitution ainsi que l’avait clairement précisé le décret de convocation aux élections, sans parler de l’accord sur ce point qui avait été signé par les 11 partis politiques, dont celui d’Ennahdha.
Qu’ainsi, le 23 octobre 2012 ce pouvoir devenait tant sur le plan juridique, que politique et moral illégitime.

L’ensemble de l’opposition a cependant, en décevant d'ailleurs nombre de ses partisans, accepté tacitement la prolongation de ce pouvoir en continuant à siéger à l’Assemblée
Constituante mais après avoir exprimé lors de la réunion de consensus organisée par l’UGTT un certain nombre d’exigences :

- dissolution des Comités dits de « protection de la Révolution »,
- changement dans la composition du gouvernement et départ des Ministres de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères,
- organisation d’un gouvernement plus resserré et formé de personnes techniquement compétentes,
- calendrier rapide pour de nouvelles élections.

Le pouvoir n’a satisfait aucune de ses revendications et vient  de se comporter de manière très grave dans la gestion des revendications des habitants de Siliana.

Monsieur Moncef Marzouki a décidé de réunir l’ensemble des partis le mardi 4 décembre 2012, nous acceptons évidement de participer à cette réunion mais nous tenons à indiquer clairement nos exigences et nous  indiquons donc clairement ci-dessous les demandes expresses et fermes de l’ensemble des partis d’opposition signataires, en précisant que, faute d’obtenir satisfaction sur ces points essentiels, nous considérerons à nouveau que le pouvoir a perdu toute légitimité démocratique.

Nos réclamations sont les suivantes:

- Changement de gouvernement dont chacun a constaté l’échec patent en constituant ainsi que l’a d’ailleurs préconisé M. Marzouki lui-même un nouveau gouvernement plus restreint et composé de techniciens. Nous exigeons en toutes hypothèses et, au minimum , le départ des ministres de l’intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères.
- Dissolution sans condition des Comités dits de défense de la révolution qui  sont à l’origine de voie de fait insupportables et qui veulent se substituer à la Justice, ce qui est totalement inacceptable dans un pays démocratique
- Après l’intervention récente dans une mosquée d’un imam wahhabite qui s’en est pris à l’opposition, transformant une mosquée en meeting politique, interdiction absolue des prêches politiques dans les mosquées sous peine de sanction pénales.
- Mise en place d’un calendrier ferme et rapide concernant la publication de la Constitution dont la rédaction traîne volontairement en longueur de manière qui devient scandaleuse et concernant les élections.
- Vote rapide sur une Instance neutre et indiscutable d’organisation et de contrôle de la loyauté des élections.

Faute d’obtenir satisfaction sur ces points légitimes, les partis signataires unanimes considéreront que le pouvoir en place a perdu définitivement toute légitimité et se réserveront la décision de ne plus participer à la vie politique institutionnelle qui deviendrait de ce fait une mascarade. 

Rachid Barnat


PS : Le 2/12/12, BCE sur Nessma TV :

Sans vouloir entrer dans des polémiques stériles, il demande du concret à la troika :
- Démission du gouvernement actuel,
- Formation d'un nouveau gouvernement restreint, de technocrates, 
- Nomination de personnes indépendantes et compétentes aux ministères régaliens,
- L'ANC doit revenir à ce pourquoi elle a été formée : ses travaux doivent se restreindre à la rédaction de la constitution et à l'organisation des prochaines élections pour clore la deuxième phase de la transition vers la démocratie.
Il reproche aux constituants d'avoir oubliés leur premier rôle pour se croire législateur alors qu'ils sont provisoires. 
Il rappelle aux constituants la différence entre eux et les parlementaires : ils doivent élaborer la constitution par consensus, contrairement aux parlementaires qui légifèrent par vote majoritaire !
- Décembre 2012 : date limite pour remettre la nouvelle constitution, du code électoral et pour fixer les dates des prochaines élections.
- Dissolution des comités de" protection de la révolution" pour rétablir un climat serein pour la vie politique des partis. 
BCE ironise que tout le monde s'est " installé " protecteur de la révolution, et plus particulièrement ceux qui ne l'ont pas faite !
- A propos des punition collective :
BCE s'étonne qu'Ennahdha arbitrairement décide de qui peut faire ou non de la politique, ou de qui doit être écarté de la Justice ...
il dénonce qu'Ennahdha veuille décider à la place du peuple et choisisse pour lui, appliquant ce que font les " Frères Musulmans " en Egypte... allant jusqu'à les copiant dans la durée d'interdiction de l'activité politique : 10 ans ! 
Alors qu'ils le font dans un but électoraliste. 
Il trouve que le CPR en fait même son fond de commerce ....
BCE se demande, qui sont-ils et qui représentent-ils pour interdire en lieu et place du peuple, alors que nous sommes en phase transitoire et provisoire de la révolution ?
BCE dénonce l' hypocrisie de la troïka qui veut écarter ceux-là même qui ont bâtit la Tunisie et ont permis à ceux qui les critiquent d'être là où ils sont .... 

A propos de Siliana il s'étonne de la réaction du gouvernement qui applique la règle de "deux poids de mesures", quand il traite les habitants de Siliana sans ménagement alors qu'il excusait la violence des salafistes parce qu'ils ne viennent pas de la planète Mars ... et pose la question si les enfants de Siliana viennent de cette planète ?
Il est choqué que le gouvernement fasse recours à des armes interdites par les conventions internationales signées par la Tunisie !


2 commentaires:

  1. Ce texte est absolument clair et permettrait a l'opposition de reprendre clairement la main.Si elle ne fait rien en ce moment elle va grandement décevoir ses partisans et risque d'entraîner un désintérêt pour l'action politique qui sera bénéfique pour Nadha.J'ajoute que ce qui est préconisé est parfaitement responsable et les demandes particulièrement légitimes et modérées.

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  2. J'ai entendu M. Beji Caid Essebsi hier soir et il me semble que ces exigences rejoignent celles indiquées dans cet article. J'espère seulement que cette fois l'opposition réunie sera plus ferme parce que ces exigences avaient été déjà mises sur la table lors de la réunion de consensus avec l'UGTT et cela n'a rien donné.

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