jeudi 10 avril 2014

Fin de la récréation pour les Frères Musulmans !

Ou fin du marchandage de l'occident avec les islamistes ?
Le Canada déclare les Frères musulmans, organisation terroriste ! L'Angleterre suivra-t-elle ? 
La Russie, l'Egypte et l'Arabie l'ont déjà fait. A quand la Tunisie et la France ? 
R.B
La décision prise par la Grande Bretagne dernièrement de soumettre les activités des Frères Musulmans à une enquête minutieuse, a été suivie, et vite devancée par le Canada, dont le parlement a déjà classé, la semaine dernière, les frères Musulmans comme une organisation terroriste. Ce nouveau tournant met l’Islam politique au pied du mur, et donne de la consistance aux décisions prises dans le même sens par quelques pays arabes, notamment l’Egypte et l’Arabie Saoudite, donnant lieu à une approche mondiale du phénomène islamiste qui repose sur la tolérance zéro. 
La Grande Bretagne hésite toujours, et s’en tient, jusque-là, à un doute sur les intentions de cette formation politique, mais le cadre de la mission d’enquête engagée sur les projets islamistes, laisse entendre que le Royaume Uni est sur le point de réviser, et de manière radicale, son approche de l’islam politique.
En fait, l’émergence des Frères Musulmans en Afrique du Nord et au Moyen-Orient correspondait à un repli américain de cette région au profit d’un redéploiement vers l’Asie, considérée par les stratèges américains comme une zone à grands enjeux économiques politiques et géostratégiques (voir notre article en arabe du 18/4/2013).
Les Frères Musulmans ont été poussés au pouvoir dans les pays de la région dans le cadre d’une nouvelle conception de la gouvernance qui s’imposait, et qui ne pouvait se réaliser sans une intégration de la mouvance islamiste dans l’échiquier politique. 
Cette option, qui reposait à l’origine sur une simple association de cette mouvance à la vie publique, a abouti finalement à lui confier toute la région. 
En contrepartie, l’Occident exigeait d’être rassuré, non seulement par le maintien du caractère modéré des choix politiques et sociétaux, mais surtout par une ligne de démarcation claire s’agissant du terrorisme dans les pays de la région et dans le monde.
En d’autres termes, le cahier des charges et la règle du jeu qui étaient en vigueur entre la région et les puissances occidentales au temps des anciens régimes qui ont succédé à l’indépendance, seront maintenus, et le jugement porté sur les nouveaux gouvernants inclura ces thèmes fondamentaux qui sont de nature à garantir des rapports clairs et prévisibles entre les deux parties.
Or, les Frères Musulmans ont pris le contre-pied du cahier de charges établi, et cherché, en utilisant l’extrémisme religieux, à imposer une nouvelle règle du jeu avec l’Occident. 
- En Egypte, ils ont littéralement confisqué la révolution pour appliquer la Chariâa et mettre en pratique leur slogan préféré : « la solution c’est l’islam », en marginalisant une classe moyenne active et laborieuse, une population de plus de 10 millions de coptes et des institutions militaires et sécuritaires incontournables. 
- En Syrie, ils ont œuvré à militariser une révolution civile à vocation démocratique, en y injectant des milliers de djihadistes d’Irak, de Tunisie, de Libye, de l’Afrique subsaharienne et du sous-continent indien. 
- En Libye, ils ont chambardé les résultats des élections parlementaires en marginalisant les libéraux de Mahmoud Jibril, qui étaient en tête du scrutin de juillet 2012 (avec 39 sièges sur 80 destinés aux partis politiques ), et propulsant les islamistes du parti de la Justice et de la Construction, qui étaient les grands perdants de ce scrutin (ils n’ont recueilli que 17 sièges sur 80), en activant la donne tribale. Les manœuvres islamistes ont abouti à créer de toutes pièces une alliance politique inopérante sur le terrain et qui ne répond qu’à des considérations idéologiques, ce qui a créé un vide politique et transformé le pays en une plate-forme qui a servi les groupes terroristes dans la région.
Les menées terroristes du Nord Mali, fin 2012, ont été appuyées par les diplomaties du Qatar, de la Tunisie et de la nébuleuse islamiste partout dans le monde, et l’implantation de groupes terroristes dans les hauteurs de l’Ouest tunisien et dans les quartiers populaires des grandes villes du pays n’a été découverte qu’après des mois entiers, et les efforts pour les démanteler n’ont été entamés qu’après le départ de la troïka du pouvoir .
Les observateurs, qui ont voulu minimiser cette donne, ont cherché à expliquer le désaveu de l’Occident des alliances installées à la faveur du printemps arabe, par leur incompétence dans la gestion des affaires publiques, mais cet élément n’était pas en soi un handicap et avait une base objective du fait que ces formations islamistes étaient exclues pendant des décennies de la vie publique, et l’expérience ne peut, de toutes façons, s’acquérir qu’en exerçant le pouvoir.
L’élément qui a déterminé ce désaveu politique tenait aux rapports équivoques entretenus par l’islam politique avec le terrorisme. Et l’Occident s’est vite aperçu que les Frères Musulmans ne veulent pas ériger de ligne de démarcation nette avec les groupes terroristes, et le langage qu’ils tiennent à l’égard de leurs interlocuteurs occidentaux est carrément double, disant tout haut qu’ils sont une formation modérée qui œuvre à instaurer une ligne médiane en politique et sur le plan sociétal, mais en sous main, les Frères Musulmans ne reculent devant rien pour renforcer les groupes terroristes et affermir leur présence dans la région et dans le monde. Ce qui explique les dernières décisions les classant comme organisation terroriste ou engageant les premiers pas dans ce sens.

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