vendredi 5 juin 2015

Le Qatar dans la ligne d’émir

On ne peut rien refuser au Qatar ... puisqu'il peut tout acheter !
R.B

Laurent JOFFRIN

Doha a beau afficher un visage ouvert, le soutien de l’émirat à certains groupes islamistes refroidit les Occidentaux.
Un spectre ancien hante l’actualité la plus neuve : celui du Qatar. Derrière le scandale de la FIFA et la démission de son Président, Sepp Blatter, on aperçoit les flux discrets de l’argent qatari (lire page 6). Ceux qui financent le jihadisme moyen-oriental, en particulier le Front al-Nusra en Syrie, ou encore l’islam politique en France. On soupçonne aussi la présence sulfureuse de fonds provenant de cet émirat wahhabite dans les capitales européennes, où le Qatar possède des actifs aussi visibles que le Paris-SG ou les grands magasins Harrods. 

Pourtant, la France - comme les Etats-Unis - entretient des rapports étroits avec ces émirs du gaz qui sont les relais naturels des intérêts occidentaux dans la région. Alors, ami ou ennemi ? Difficile de conclure, encore qu’avec des amis comme ceux-là, on a moins besoin d’ennemis…

Certes, le Qatar n’est pas le grand manitou du terrorisme mondial qu’on dénonce parfois… En revanche, les spécialistes savent que le Qatar ne se contente pas de se livrer aux joies du "soft power" en finançant, par exemple, la chaîne Al-Jezira qui inonde le monde musulman d’informations crédibles, mais aussi d’opinions souvent indulgentes envers les Frères musulmans. Là encore, l’actualité la plus chaude montre que l’émirat soutient avec beaucoup de constance certaines fractions islamistes armées. Non pas l’autoproclamé Etat islamique, dont il se déclare un des ennemis les plus actifs, mais la fraction Al-Nusra, qui cherche à passer pour un moindre mal face à la barbarie revendiquée par les dirigeants de l’Etat islamique… et se réclame de cet humaniste bien connu appelé Oussama ben Laden. Des barbares modérés, en quelque sorte.

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