vendredi 22 janvier 2016

QUE NOUS DISENT LES ÉVÉNEMENTS DE KASSERINE ?

Article paru dans : Kapitalis

On assiste en ce moment à des mouvements de revendications dans certaines régions de la Tunisie et cela devrait interpeller plus sérieusement le pouvoir.
On peut d’abord penser que ces personnes, souvent jeunes, sont manipulées par des politiques qui auraient intérêt à créer le désordre. Mais ce serait une analyse très insuffisante. 

Peut être existe-t-il des agitateurs ? Certainement. Mais ils ne pourraient rien, s'il n'y avait pas un réel problème politique, économique et social avec une chute de l’emploi et le maintient des inégalités régionales contre lesquelles le pouvoir n’a pas pris les mesures énergiques nécessaires. 
Si ces agitateurs existent, il est clair que ce sont des démagogues et des irresponsables qui vont précipiter encore plus le pays dans l'échec; et c'est tout simplement, disons le, une trahison. Pensent-ils un seul instant qu'ils dégradent encore plus la situation de ces pauvres gens ?
Hamma Hammami qui reconnait avoir participé à ces manifestations, même s'il se défend d'encourager la violence, se rend-il compte qu'il ruine son pays et qu'il nuit gravement à ceux qu'il prétend défendre ? Il a déjà montré dans le passé son irréalisme idéologique et il laissera une toute petite trace dans l'histoire, celle d'un fossoyeur de son pays, en tenant le rôle de l'idiot utile, comme à son habitude. Rappelez-vous Kasbah 2, quand il a soutenu les Frères musulmans qui appelaient à changer de constitution, comme si le communiste qu'il est, ne se doutait pas que la nouvelle constitution sera théocratique ! Voilà qu'il récidive aux côtés des chefs de la sinistre ligue de "protection de la révolution", manipulés par le crypto-islamiste Marzougui, qui n'en est pas à son premier coup ! 
Une occasion aussi pour d'autres opposants tombés dans les oubliettes, pour faire parler d'eux.
Il n'est pas impossible non plus que les Frères musulmans, toujours prompts à semer le chaos, qu'ils ne soient aussi derrière ces soulèvements. Rappelez-vous ce que disait d'eux feux Chokri Belaid : " Ils recourent toujours à la violence, pour "résoudre" toutes difficultés d'ordre politique qu'ils rencontrent " ! Or des difficultés commencent à pointer depuis que leur allié Nidaa Tounes est dans la tourmente.

La désespérance de ces jeunes ne doit pas, en effet, être traitée à la légère mais la solution ne peut être le résultat d’un claquement de doigt. Elle ne viendra que de la fin de la crise politique qui mine le pays et qui a été à l’origine de manière indiscutable du recul du tourisme, de la fuite des investisseurs et de la baisse du pouvoir d’achat.

Que faudrait-il faire ? Il y a une comparaison qui est très révélatrice du problème et de sa solution  : c’est la comparaison avec le Maroc.
Demandons-nous pourquoi le Maroc se développe de manière assez spectaculaire et pas la Tunisie ?
Il y a, à mon sens deux raisons essentielles :
- La première est que le Maroc a un pouvoir fort et qu’il ne connaît pas ou peu de crise politique. Or l’histoire montre que les investisseurs, ceux qui créent des entreprises, n’investissent, et on les comprend, que lorsque le pays est sérieusement gouverné et n’est donc pas à la merci de chamboulements imprévisibles.

La Tunisie, en ce moment, a tout sauf un pouvoir fort et cela pour plusieurs raisons :
° Une raison constitutionnelle : le mode d’élection de la chambre qui en émiettant la représentation nationale, entraîne une impossibilité de mener une réelle politique. Tant que la Constitution ne sera pas réformée sur ce point de manière à permettre que se dégage par l’élection une majorité stable, on sera dans la même incohérence politique et l’on n'aura pas de vrai programme économique et social.
° Et aussi la présence des partis qui instrumentalisent la religion dont on connaît le pouvoir de nuisance et la volonté de régression. Ils éloigneront, tant qu’ils seront là, les investisseurs qui craindront les dérives et les violences possibles. Ces partis ont montré dans de nombreux pays comme l'Egypte, la Turquie et la Tunisie, lorsqu'ils sont au pouvoir, leur corruption et leur incompétence.

- La deuxième raison est que le Maroc a fait clairement un certain nombre de paris sur l’avenir et que ces paris sont en voie d’être réussis grâce aux sommes importantes investies :
Le Maroc a su, contrairement à la Tunisie, réparer l’injustice régionale que ce pays avait connu du temps d’Hassan II.
C’est tout ce qui s’est passé pour développer prioritairement la région de Tanger jusqu’alors délaissée.
C’este ensuite le choix politique d’un tourisme haut de gamme, rendu possible par la sécurité venue elle-même de ce pouvoir fort.
C’est enfin le choix de développer de manière volontaire et énergique le domaine des ports et celui des énergies renouvelables.
Ce qui empêche la Tunisie de faire ces choix et de mettre toute son énergie dans des programmes porteurs d’emploi, c’est la faiblesse de son pouvoir et l’attelage gouvernementale actuelle qui tire à hue et à dia.

Ceux qui manipulent ces pauvres gens désespérés, sont malhonnêtes s'ils ne leur expliquent pas cela et si au lieu de fomenter des désordres qui plongent le pays un peu plus dans la crise, ils n’œuvrent pas pour en terminer avec la crise politique

On apprend que la France veut aider la Tunisie pour sortir de cette énième crise.
Qui ne se réjouirait d'une aide financière annoncée pour aider la Tunisie ? Cependant il semble que la Tunisie a déjà reçu de nombreuses aides de pays étrangers, celles que l'on connaît et celles un peu plus opaques, avec toujours un résultat assez peu probant.

Cette aide française annoncée est prématurée. Elle n'aura, comme les autres, hélas, aucun effet sérieux tant que les conditions ne seront pas réunies pour permettre une reprise économique réelle et non sous perfusion.

Rachid Barnat













1 commentaire:

  1. LE CERCLE VICIEUX :

    Pour attirer les investisseurs, il faut que la sécurité soit assurée et que l'état de droit soit restauré,
    Pour attirer les touristes et relancer l'industrie du tourisme, il faut en finir avec le terrorisme et autres sabotage,
    Pour relancer l'économie, il faut restaurer la sécurité et la justice.

    En attendant, le chômage augmente, la paupérisations s'intensifie et le mécontentement gronde ... terreau propice aux "Frères", dont ils jouent pour mettre le pays à feu et à sang à la demande.

    Or Nidaa Tounes n'a pas su rétablir les deux conditions nécessaires pour relancer l'économie et pour résorber le chômage, que sont la sécurité et la justice !

    Comment pourrait-il en être autrement, quand les nidaa-istes n'ont rien trouvé de mieux que de s'allier aux Frères musulmans et de leur confier les ministères de l'Intérieur et celui de la Justice, les deux ministères dont dépendent la sécurité du pays et la justice sociale ?

    Les tunisiens ont pu constater le fonctionnement bizarre de ces deux ministères infiltrés par les "Frères" : les arrestations et prison pour délit de "vie privée non conforme" se multiplient et libération de terroristes à peine arrêtés se généralisent !

    Ignorent-ils à ce point que le terrorisme a été introduit, installé et développé en Tunisie par les "Frères", pour servir leur agenda "politique" ?

    Sont-ils si naïfs, pour croire un seul instant que les "Frères" vont mettre un terme à la violence et au terrorisme, leur unique culture "politique" ?

    En tout cas, BCE naïf ou mauvais stratège, a cru calmer les "Frères" et a cru à tort pouvoir faire confiance à Ghannouchi qui promet tout et son contraire pourvu qu'il reste le maître du jeu politique !

    Ce que continue de faire Ghannouchi, conseillé par les meilleurs stratèges américains :
    Le pays est à nouveau à feu et à sang, preuve que Ghannouchi se moque bien de BCE qui a cru qu'il mettra fin au cycles de violence sous traitée par ses "enfants" et son ami Marzougui !

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